Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
Accueil > JOURNAL LA MÉMOIRE > 91 > Abbé Michel BOUAYE, membre du Comité de Réflexion de l’Année du Cardinal Émile (...)

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Abbé Michel BOUAYE, membre du Comité de Réflexion de l’Année du Cardinal Émile Biayenda

« Pour connaître la vie du Cardinal Émile Biayenda, iI faut faire école auprès des anciens, ceux qui l’ont connu, côtoyé »

En cette année du Cardinal Émile Biayenda, l’Abbé Michel BOUAYE, une des pièces maîtresses du Comité de Réflexion mis en place par Mgr Anatole Milandou, Archevêque de Brazzaville, a bien voulu se prêter à nos questions pour faire un tour d’horizon sur la vie et la personnalité du Cardinal Émile Biayenda

La Mémoire BIAYENDA : M. l’Abbé, le 27 mars 2007, les ouvriers apostoliques (prêtres, religieux et religieuses) ont effectué un pèlerinage à la Montagne de Djiri, appelée « Mont Cardinal Émile Biayenda ». A à la fin, vous avez eu droit à un office religieux. Quel sens donnez-vous à ce grand rassemblement des consacrés ?

Abbé Michel Bernard Bouaye

Abbé Michel BOUAYE : Nous avons célébré l’Eucharistique du 27 mars 2007, pour rendre grâce à Dieu, d’abord pour cette journée merveilleuse qu’il nous a donnée, et ensuite pour la vie qu’il nous donne afin d’offrir ce sacrifice qui est digne de lui. Mais, également, ce jour merveilleux de cette visite à la Montagne du Cardinal Émile Biayenda. Alors j’aurais bien voulu dire : visite pour visite, mais cela a été un exercice spirituel pour essayer d’identifier nos souffrances à celles du Christ Jésus comme l’avait fait le Cardinal Émile Biayenda, lorsqu’il subissait le martyre sur cette montagne : montagne sur laquelle, il a entendu les injures de la part de ses bourreaux.

Nous aussi, pour connaître la personnalité du Cardinal, il nous faut repartir à ces sources-là et la première des sources, c’est cette montagne. Je dis bien source d’inspiration, mais aussi de paix.

La M.B. : Alors M. l’Abbé, qu’est-ce qu’il y a de particulier sur cette Montagne ?

A.M.B. : Vous étiez avec nous à cette montagne et si vous aviez été attentif ou encore lorsque le temps viendra, vous remarquerez qu’à côté du chemin de croix que nous connaissons tous, il y a aussi, ce que nous pouvons appeler le chemin de croix du Cardinal Émile Biayenda qui n’a que sept stations.

La M.B. : Pourquoi donc le choix de la date du 27 mars pour que vous, ouvriers apostoliques, puissiez ensemble effectuer ce pèlerinage ?

A.M.B. : Je dirais simplement, c’est pour se souvenir de la date du 27 mars 1977, où notre Vénéré Cardinal était enterré avec tous les honneurs dus à son rang d’épiscope.

La M.B. : Lors de ce pèlerinage, la plus part de ceux qui ont effectué ce déplacement n’étaient que des jeunes et beaucoup d’entre eux non pas connu le Cardinal Biayenda ?

A.M.B. : Effectivement moi-même qui vous parle, je suis de cette génération qui n’a pas connu le Cardinal Biayenda. Je peux affirmer que beaucoup d’entre-nous, prêtres, religieux et religieuses n’ont pas eu la chance de voir physiquement notre vénéré pasteur. A sa mort, les uns avaient à peine 5 ans d’autres moins et d’autres encore n’étaient pas nés. Donc, je peux dire que nous ne l’avions connu, excusez-moi le terme, que par « procuration ». Mais maintenant que nous avons célébré le 30e anniversaire de sa mort, nous avons des aînés que je pourrais appeler des baobabs, qui sont avec nous et qui doivent être justement des personnes qui vont nous orienter sur ce chemin de la connaissance du Cardinal Biayenda. Je peux les citer pêle-mêle : Mgr Michel Kouaya, l’un de ceux qui avaient accompagné Mgr Louis Badila à la Morgue de l’Hôpital Général pour la reconnaissance du corps du Cardinal après son assassinat. Messieurs les abbés Isidore Malonga, qui a vécu avec le Cardinal, Denis Ngambanou, Marcel Miayoukou, Jacques Bouékassa, Sébastien Zoubakéla et bien d’autres personnes.

La M.B. : Au fait M. l’Abbé, à bien voir du côté du clergé, Mgr Michel Kouaya reste le seul témoin qui était présent lors de l’identification du corps du Cardinal à la Morgue ?

A.M.B. : Parmi ceux qui ont été à la Morgue pour la reconnaissance du corps, Mgr Michel Kouaya reste le seul témoin, d’ailleurs, ce jour là quand je lis son interview dans le journal la Mémoire Biayenda n° 54 de mars 2004, il n’avait même pas envie de voir à ses côtés les militaires, pour la simple raison qu’on leur avait présenté un corps plein de terre et voyant l’état dans lequel se trouvait ce corps, il s’était mis à la place de son chef et imaginé les souffrances qu’a connues le Prince de l’Église.

La M.B. : Il y a 30 ans que le Cardinal Biayenda n’est plus de ce monde des pécheurs, est-ce qu’il faut toujours célébrer cette mort ?

A.M.B. : Non, nous ne le dirons jamais assez, à l’exemple du Christ Jésus, le bon Cardinal Biayenda s’est offert en sacrifice pour l’Église peuple de DIEU, qui est au Congo, pour tous les fils et filles de ce pays, du nord, du centre et du sud et pour la paix de ce pays.

A ce titre, nous célébrons une victoire, celle de la révélation de son amour pour les hommes comme nous le demande le Seigneur. Oui, il nous faut célébrer une vie dans le Seigneur pour ce guide qu’il a été, lui qui a orienté tout un peuple : il nous faut célébrer la vie d’un berger, d’un pasteur qui est enterré dans la joie de son maître.

La M.B. : Comment la personnalité du Cardinal et le témoignage de sa vie peuvent-ils être pour les chrétiens un ferment de paix et d’unité ?

A.M.B.]] : Mais, vous le savez autant que moi que nous avons besoin de cette paix en Église pour dire l’Évangile, pour témoigner de Jésus-Christ. Comme l’avait dit Mgr Michel Kouaya, lors du pèlerinage à la Montagne : « Il faut connaître la personnalité du Cardinal Émile Biayenda. Il ne suffit pas seulement d’entendre parler de lui. Il ne suffit pas de lire, mais il faut faire école auprès des anciens, ceux qui l’ont connu, côtoyer. Parmi eux, il y a aussi les Sœurs religieuses et je pense à sa sœur cadette, Sœur Solange Lozi, mais aussi à Sœur Brigitte Yengo, et bien d’autres encore ».

La M.B. : Que devons-nous faire tout au long de cette année dédiée au bon Cardinal Biayenda ?

A.M.B. : Tout au long de cette année, nous devons choisir dans la vie du Cardinal Émile Biayenda certains éléments ou aspects de sa vie. Il y a eu des paroles prophétiques et je ne sais pas, si vous vous souvenez encore. Je suis allé puiser très loin dans les livres produits par la Sœur Brigitte Yengo à l’époque, des recueils de textes d’une richesse inouïe que vous avez certainement oubliés. Il y a aussi le livre de l’Abbé Adolphe Tsiakaka, « La grandeur d’un humble ». Là, dans ce livre, vous pouvez lire, comprendre et méditer la grâce de Dieu pour cet homme, le Cardinal. Et là où ce n’est pas possible de comprendre très vite, allons voir les aînés auxquels j’ai fait allusion, qui peuvent nous aider à comprendre ce que le Cardinal voulait ; quel message voulait-il donner pour la vie religieuse, pour les séminaristes, pour les prêtres ? Qu’est-ce qu’il disait et voulait comme clergé.

Dans la prière que nous récitons pour supplier la miséricorde de Dieu au sujet de sa béatification et de sa canonisation, il est dit : « Toi qui as révélé aux hommes les voies du royaume des cieux et de l’éternité bienheureuse, accorde à ton Serviteur le Cardinal Émile Biayenda, la grâce d’être glorifié parmi tes élus du ciel… ».

Comment pourrions-nous prier si nous-mêmes, « ouvriers apostoliques » d’abord, et tous les fidèles chrétiens ensuite, n’avions pas cette ferveur dans la prière ; si nous-mêmes n’avions pas cet amour, pour que notre prière soit authentique et traduise notre unité. Il faut que tous témoignent de beaucoup d’amour, de joie et beaucoup de paix. C’est ainsi, nous pouvons élever la voix vers le Père pour qu’il accueille dans son royaume notre bon Cardinal Émile Biayenda et que nous pourrions tous être témoins de ce grand jour qui viendra lorsque les temps seront accomplis, lorsque tout sera fait avec la grâce de Dieu et qu’aboutissent sa béatification et sa canonisation.

Ainsi, dès aujourd’hui, que chacun dans sa communauté, son milieu de vie, essaie de lire ou de relire cette vie du Cardinal. Que chacun et chacune essaie aussi de chercher une parole qui pourrait l’aider à suivre les pas merveilleux de ce grand et illustre homme d’Église qui, avait cherché sa vie durant, à marcher à la suite du Seigneur Jésus.

La M.B. : D’après vous quels sont les pas du Cardinal que les chrétiens et les hommes de bonne volonté sont appelés doivent suivre ?

A.M.B. : Ces pas à la suite du Christ conduisent inéluctablement à la paix, la justice, l’honnêteté, l’obéissance, la vérité vraie. Je ne dis pas la vérité du langage, celle des bouts de lèvres, mais, la « vérité vraie », celle qui s’exprime dans notre cœur. Ainsi, seulement notre génération pourrait montrer à son tour le chemin au plus jeune encore. Je le redis, faisons encore école. Le Comité de Réflexion a existé, il va être commué en Comité de Pilotage pour toute cette année du Cardinal. Ce que nous avions vécu aujourd’hui n’est qu’une première étape. Il est prévu beaucoup d’autres événements tout au long de l’année que nous allons vivre. Nous viendrons auprès de vous pour dire mon frère, ma sœur, est-ce qu’ici vous ne pourriez pas donner de votre témoignage par rapport à la personne du Cardinal Biayenda, de par la connaissance que vous avez du vénéré pasteur, ne pourriez vous pas faire partie de telle ou telle structure pour aider à la découverte du vrai visage de Tâta Biayenda ?

La M.B. : Revenons un instant sur ce que vous venez de dire à propos de la vérité vraie ?

A.M.B. : J’ai dit plus haut que la vérité vraie n’est pas seulement celle qui consiste à dire et à répéter que nous l’aimions. Mais aujourd’hui et maintenant de cet amour, il nous faut témoigner devant les hommes, devant les plus jeunes que nous avions compris quelque chose de la vie de cet homme qui était un grand pasteur, qui était pour nous « le chemin sûr, qui nous conduisait au Christ Jésus », comme le fait toujours la Bienheureuse Vierge Marie notre mère dans l’ordre de la grâce. Souvenez-vous qu’il était créé Cardinal à 46 ans.

La M.B. : Entre-temps, vous avez parlé du Comité de réflexion qui sera commuer en Comité de Pilotage. Il me semble que cette structure travaille normalement car vous venez de nous dire qu’il est prévu beaucoup d’événements à vivre. Pourquoi ne les communiquez-vous pas ?

A.M.B. : Nous avons préparé un document d’ensemble pour l’année du Cardinal, pour tous les chrétiens de l’Archidiocèse. Alors soyez patient.

Propos recueillis par Grégoire YENGO DIATSANA

 


 
 
 
Haut de page