Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

jeudi 20 février 2025


L'église Ste Anne


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L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Émile Cardinal BIAYENDA, « un pasteur d’une autre galaxie »

En ce trentième anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda, les chrétiens du Congo en commémorant cet anniversaire, ont toujours les yeux et les oreilles tournés vers Rome, où ils attendent impatiemment les résultats de l’enquête menée par le diocèse, en vue de la béatification et de la canonisation de leur vénéré pasteur et unique Cardinal du Congo Brazzaville jusque-là.

« Le bon pasteur est celui qui sait donner sa vie pour les autres ».

Pas une homélie, pas une entrevue où le Cardinal Émile Biayenda ne martèle ces mots. Coiffé de son éternelle calotte violette de 17 mai 1970 au 2 février 1973 et calotte rouge du 5 mai 1973 au 22 mars 1977, l’Archevêque congolais qu’il était devenu à partir de juin 1972 parlait d’une voix grave empreinte d’émotion. Son regard était toujours absorbé par on ne sait quel mystérieux ailleurs. Lorsqu’il propose de consacrer quelques heures de son temps à des jeunes ménages chrétiens en difficultés, les visages se figent d’étonnement mêlé de gêne. Lui, éclate d’un rire paternel avant de lâcher un naturel « c’est la moindre des choses ».

Distribuant ses maigres émoluments aux plus démunis et sachant toujours trouver le mot juste pour rallumer la flamme de l’espoir dans les cœurs meurtris par les avatars du destin, celui que les chrétiens appellent avec déférence et familiarité tata Biayenda (notre papa Biayenda) apparaît pourtant comme un personnage venu d’une galaxie lointaine. Même pour l’ensemble de la société congolaise, habituée à donner à la vie des allures de fête permanente, mélange en fait d’insouciance juvénile et angoisse face au quotidien ingrat.

En tout cas, du haut de son mètre soixante-dix, Biayenda subjugue les foules et impose le respect aux hommes politiques dont certains le sollicitent pour un conseil. Tout adolescent déjà, il exerce un réel ascendant sur son entourage dans son village.

Autour d’une croix de fortune, il rassemble les villageois pour les séances de prières. Et… gare aux récalcitrants ! Les missionnaires du St Esprit frappés par la ferveur du jeune Émile Biayenda sont tout autant intrigués par sa force à susciter des vocations religieuses. Celle de sa cadette Solange Lozi par exemple, qui entre chez les sœurs de St Joseph de Cluny.

« Plus tard, je serai prêtre »

Il n’a que dix-sept ans lorsque retentit en lui l’appel de Dieu. "plus tard, je serai prêtre" écrit-il à ses parents.

Ordonné en 1958, il sillonne les bas-fonds ensablés de Brazzaville à bord d’une 2 CV, crée des communautés de la Légion de marie, mais surtout s’emploie à organiser des rencontres œcuméniques afin « de contribuer à l’unité nationale ».

La Citroën 2CV du Cardinal

De leur côté, les autorités marxistes congolaises ne le soupçonnent que d’activités subversives et le jettent en prison en 1965.

Tortures, humiliations, Biayenda devient le symbole de l’Église persécutée, et accumule les plus hautes nominations : Évêque coadjuteur en 1970, Archevêque de Brazzaville en 1971, Cardinal en 1973, jusqu’à ce 22 mars 1977 où dans sa cinquantième année, il est enlevé par un commando qui le tue et abandonne son corps dans une fosse à quinze kilomètres au nord de Brazzaville.

Ce meurtre que personne ne revendique, ni n’élucide, plonge les Congolais dans la consternation, quatre jours après celui de leur président Marien Ngouabi.

Depuis, la tombe du Cardinal Émile Biayenda dans l’église Cathédrale de Brazzaville draine des milliers de pèlerins dont certains espèrent des guérisons miraculeuses.

Le Vatican, lui, enquête, rassemble les témoignages, avant de donner probablement au Congo, qui en a bien besoin en ces heures de tumultes politiques, son premier Bienheureux.

Grégoire N’DAKI
Cf Journal Peuples du Monde N°300

 




 
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