mardi 26 novembre 2024
L’archidiocèse de Brazzaville a organisé du 26 au 27 juin 2019 en la cathédrale Sacré-Cœur, un forum diocésain qui a regroupé autour de l’Ordinaire du lieu Mgr Anatole Milandou, des prêtres et des responsables de mouvements diocésains et paroissiaux dans le but de faire prendre des résolutions fermes et concrètes qui seront le symbole de la lutte menée contre les antivaleurs au sein de l’Église locale.
Initié par la Commission pour la pastorale d’ensemble, cedit forum a été présidé par Monsieur l’Abbé Mesmin Prosper Massengo, Vicaire Judiciaire. M. l’Abbé Sujes en était le modérateur Au cours de cette année pastorale 2018-2019, Mgr Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville, avait invité tout l’Archidiocèse à méditer le thème : « Luttons contre les antivaleurs dans notre Église locale, à la lumière de la Parole de Dieu. »
Pour l’Abbé Mesmin Prosper Massengo, président de la séance, « la réflexion en cours dans le diocèse avait été lancée à la session d’ouverture de l’année pastorale au mois d’octobre 2018. Pendant ladite session, quelques antivaleurs ont été épinglées entre autres la perte de la nature des Mouvements d’apostolat dans l’Archidiocèse de Brazzaville, l’accent excessif mis sur l’argent dans les Mouvements, la tendance à la Simonie constatée chez certains prêtres ».
En vue de la très prochaine session de clôture de l’année pastorale, poursuit l’Abbé Mesmin : « la Coordination Diocésaine des Mouvements d’apostolat a cru bon d’organiser un Forum sur les Mouvements d’apostolat voulant recadrer le tir et inviter tous les protagonistes dans les Mouvements, à savoir les Bureaux paroissiaux, diocésains, les Aumôniers, à deux jours de réflexion. À cet effet, il nous a été demandé d’accompagner le diocèse dans la redécouverte de la vraie nature des Mouvements d’apostolat. C’est à cette entreprise que nous nous livrons dans les lignes qui suivent, en nous appuyant sur le Droit universel (Droit Canonique) et le Droit Particulier (Statuts des Mouvements d’apostolat de l’Archidiocèse de Brazzaville) ».
Au cours de ladite rencontre, l’Abbé Mesmin Prosper Massengo a articulé son propos de la manière :
1. Nature des Mouvements d’apostolat
2. Harmonisation des relations entre les Instances dirigeantes
3. Le vrai rôle des Aumôniers diocésains ou paroissiaux
4. Quelques antivaleurs à éviter : les Mouvements d’apostolat et l’argent
5. Pour un avenir radieux
Dans son exposé, l’orateur a dit que : « c’est dans le Droit Universel que les Statuts des Mouvements d’apostolat puisent leur nature, notamment au canon 298 ». En effet, dans son Préambule, Mgr l’Archevêque de Brazzaville précise clairement que les Mouvements d’apostolat, dans l’Archidiocèse, sont à considérer comme des Associations Publiques des Fidèles, tenant compte de leur érection par l’autorité ecclésiastique compétente, donc l’Archevêque lui-même en vertu du canon 312 ou de leur acceptation au sein de l’Église locale par une reconnaissance appropriée. Ces Mouvements agissent donc au nom de l’Église, conformément au cadre juridique établi par l’Archevêque de Brazzaville et en conformité avec le Droit universel.
La nature des Mouvements d’apostolat, érigés ou reconnus dans l’Archidiocèse, est contenue au canon 298 du Code en vigueur, canon repris par l’article 1 des Statuts de Mouvements d’apostolat. Pour l’essentiel, trois ou quatre éléments sont à retenir : favoriser une vie plus parfaite par un agir commun ; promouvoir le culte divin ou la doctrine de l’Église ; exercer d’autres activités d’apostolat comme évangéliser, en réalisant les activités de piété ou de charité ; animer l’ordre temporel en l’imprégnant d’esprit évangélique.
En principe, tout Mouvement d’apostolat devrait se retrouver dans l’un ou l’autre aspect mis en relief ci-dessus.
Mettre l’accent sur autre chose, c’est édulcorer la nature du Mouvement d’apostolat. C’est d’ailleurs ce que dénonce le Père Georges LALOUX, prêtre missionnaire Français ayant travaillé essentiellement à Pointe-Noire et quelque temps à Brazzaville. Ce père Spiritain, dans la revue Pentecôte sur le monde, n’hésite pas à affirmer que « belles fêtes et beaux pagnes ou uniformes ne font pas l’Église ou ne constituent pas l’essentiel des Fraternités. » Il affirme que l’Archidiocèse de Brazzaville, en l’occurrence les jeunes prêtes de ce diocèse, devrait insister sur la formation de ces Fraternités qui constituent une opportunité pour évangéliser en invitant les gens à la vraie foi abandonnant ainsi la croyance. Car, il faut passer de la dévotion à la confession, de l’émotion à la conviction, de la soumission à l’action, affirme le Père Laloux.
Les Statuts sont clairs : la vie, le fonctionnement et l’organisation des Mouvements d’apostolat sont assurés par le travail des Bureaux paroissiaux, sous la vigilance et l’autorité du Curé, au niveau paroissial. Ces membres du Bureau doivent être élus par les membres suivant les critères établis par les Statuts. Il est question de choisir des personnes menant une vie cohérente avec la foi catholique en étant célibataires ou mariés religieusement, avoir la compétence dans la gestion ou la direction des personnes et des fonctions à remplir.
Au niveau diocésain, les Bureaux diocésains, tout comme les Commissions diocésains spécialisées, doivent collaborer avec les bureaux paroissiaux. Leur rôle est celui de coordonner ou de veiller à la vie spirituelle et à la formation des membres des Mouvements dont ils ont la responsabilité.
Un écueil à éviter, dans ce service de coordination, est celui de s’ériger en bureau paroissial bis ou en super-bureau, susceptible de dicter la loi aux bureaux paroissiaux et courant le risque de fonctionner pareillement ou parallèlement à ces bureaux.
Les bureaux diocésains devraient être comme les garants de la bonne marche et du respect des différents charismes des Mouvements d’apostolat, évitant des éléments qui risquent d’alourdir un bon fonctionnement paroissial des structures ou l’organisation des récollections fréquentes, des cotisations financières permanentes, des visites intempestives, etc.
Montant plus haut, il faut bien éclairer les bureaux nationaux sur le même rôle que celui des bureaux diocésains, et pourquoi ne pas s’interroger sur leur opportunité...
Les Statuts disent, avec la clarté, que le rôle des aumôniers des Mouvements d’apostolat est fondamentalement spirituel. Les aumôniers veillent au respect de la spiritualité dans les Mouvements en collaboration avec les deux Responsables liturgiques et les Bureaux. L’article 24, à son troisième alinéa ou paragraphe, prescrit, sans ambages, que les aumôniers n’ont rien avoir avec le fonctionnement des Mouvements d’apostolat.
Aujourd’hui, le constat qui se dégage de l’observation plus ou moins générale, beaucoup de bureaux se sentent soumis à la volonté et aux directives ou décisions, dans ces conditions abusives et inopportunes, des aumôniers.
Il faut donc éviter toute forme de cléricalisme dans la vie, l’organisation et le fonctionnement des Mouvements d’apostolat.
Il suffit d’observer les dispositions statutaires pour appliquer et harmoniser les rôles des aumôniers et des bureaux diocésains.
Le canon 319 donne, dans les grandes lignes, le mode d’acquisition des biens et la manière de les gérer.
En substance, les Mouvements d’apostolat, à l’instar des Associations publiques des fidèles, acquièrent leurs biens ou leur patrimoine par les offrandes et les aumônes. Tenant compte du rythme réputé difficile et peu soutenable par les membres, en matière des cotisations, et considérant l’allure de ces cotisations frisant l’apparence de l’impôt diocésain réglementé au canon 1263, il est important de revenir à ce que veut le Droit universel.
En d’autres termes, il faut avoir le courage d’abandonner la façon actuelle de faire en matière de finances dans les Mouvements d’apostolat, afin de se conformer aux dispositions canoniques en vigueur. Certainement, l’unique difficulté consistera à définir la manière de collecter les offrandes et celle de la procédure à utiliser dans la demande d’aumônes pour la vie, l’organisation et le fonctionnement des Mouvements d’apostolat.
La piste la plus vraisemblable et la plus crédible, suite aux échanges qui ont eu lieu, est celle de prendre ces offrandes et de demander l’aumône au niveau paroissial. En clair, que les Mouvements d’apostolat, dans leurs différentes paroisses, conscientisent leurs membres à l’importance et la nécessité de subvenir aux besoins de l’Église par leur contribution volontaire et spontanée, à confier aux organes compétents qui, à leur tour et avec l’appui de leurs curés respectifs, achemineront ce qui est attendu au niveau de l’Économat diocésain. C’est le cas de ce qui est communément appelé « Manioc du Séminaire ».
Il n’est pas superflu d’en appeler à l’honnêteté, à la vérité et à la sincérité des prêtres par rapport à l’argent. C’est par eux que passe cet argent, en vue de l’acheminer à l’Économat diocésain qui, à son tour, retiendra ce qui est nécessaire pour les Séminaires et donnera, au prorata des besoins et des disponibilités, aux bureaux diocésains ce qui pourrait éventuellement leur revenir.
Tout ce qui précède et surtout ce qui vient d’être dit, doit concourir à un avenir radieux des Mouvements d’apostolat.
Il est opportun de rappeler que le but premier, l’objectif principal de tout Mouvement d’apostolat est l’importance et le sens de créer un espace approprié pour l’épanouissement spirituel de ses membres et leur salut éternel, en imitant le modèle de vie laissé par leur Saint Patron ou leur Sainte Patronne. L’avenir radieux sera au rendez- vous lorsque chaque responsable des bureaux paroissiaux ou diocésains se mettra à sa place, sans prétention aucune.
En définitive, revêtons-nous d’un courage prophétique et engageant pour aider les gens à découvrir réellement le visage de Dieu dans leur appartenance à tel ou tel Mouvement d’apostolat, dans une imitation efficace et réaliste du Christ par l’intermédiaire du Saint dont on est dévot.
Grégoire Yengo Diatsana
Ya GRÉ
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