Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Cardinal Émile Biayenda, un don de Dieu

« Approchez-vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l’édification d’un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pie 2, 4-5).

L’éveil et l’entretien des vocations religieuses et sacerdotales est une œuvre commune ; les ouvriers apostoliques comme les fidèles chrétiens et les parents sont tous concernés. Le Cardinal Biayenda ne se fatigue plus d’y revenir : « dans notre diocèse et notre Congo, nous voulons aussi déployer un grand effort pour favoriser l’éveil des vocations et leur persévérance. C’est un travail de toute la chrétienté et de toute l’Église. Nous voulons aussi inculquer, à tous les parents et à toutes nos communautés chrétienne, la grande et honorable tâche que nous avons de travailler à la formation et à l’éducation de nos enfants et de notre jeunesse »

L’œcuménisme ne cède pas non plus ses courtoises marques de fraternité et ses droits à la communion de ses membres, dans la joie comme dans la peine. Le 2 avril 2003, les Abbés Louis Badila, Vicaire Général, et Jules Kiyindou, aumônier de l’Hôpital Général de Brazzaville, se rendent à Mousana, où se déroule l’enterrement du premier Pasteur protestant noir, Ta Paul Nyouboudi, décédé à l’Hôpital Général, le 29 mars. Cette représentation officielle sera appuyée, sur place, par la participation de nombreux fidèles catholiques de Louingui, Voka et Boko aux cérémonies des obsèques. L’Archevêque lui-même attendra une prochaine visite pastorale vers ses communautés chrétiennes pour aller s’incliner et prier sur la tombe de ce vénérable serviteur de Dieu.

En attendant, la vitalité originale de Ta Biayenda continue d’étonner. Infatigable, inépuisable ou tout simplement témoin volontaire du don intarissable de l’amour de Dieu pour ses enfants, ce Cardinal congolais est un don du Seigneur à son peuple de la République Populaire du Congo. Le 13 avril , il est à Linzolo. La paroisse St Joseph de Linzolo, à une trentaine de kilomètres au Sud de Brazzaville reçoit l’honneur des ordinations diaconales des Abbés Jacques Bouekassa et Michel Samba. En dehors des communautés chrétiennes de campagne, les Brazzavillois se sont rendus nombreux. La première mission catholique de l’Archidiocèse de Brazzaville reste un lieu de pèlerinage, même si jusqu’à ce jour très peu de gens originaires du coin ont joyeusement répondu à l’appel du Seigneur.

C’est aussi pour dénoncer ce manque de générosité des fils et filles de Linzolo que le Cardinal Biayenda a décidé de faire ces ordinations diaconales de deux jeunes gens natifs de Saint-Philippe de Kibouendé et de Saint-Esprit de Mounganli (Brazzaville). Pendant l’homélie, il le souligne, mais il prend surtout le temps de bien expliquer aux fidèles le rôle du diacre. Aux élus du jour, il leur demande d’être sans réserve au service de l’Évangile : « Chers frères Diacres, accomplissez, en tout, la volonté de Dieu, de tout votre cœur, avec joie, empressement et amour. Nul ne peut servir deux maîtres à la fois : Dieu et mammon. Enracinés dans l’amour et la foi, montrez-vous purs et sans reproche devant Dieu et les hommes ; gardez l’espérance annoncée par l’Évangile, gardez le dépôt de la foi dans une conscience pure. Vous aurez, de la sorte, servi et édifié le peuple de Dieu. Un jour, vous entendrez : « C’est bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Maître... »

Dans son quotidien, le soir venu, il note agréablement que : « Le temps est clément et l’ambiance est bien celle de grandes solennités. Les communautés de Linzolo sont heureuses qu’on ait choisi leur paroisse. Tous nos séminaires, de même tout notre clergé ont été présents. La communauté Salutiste de Mabenga a été présente. Elle a chanté, nous a offert une statue en bois de Notre-Dame de la Route et une Bible à chaque Diacre. Notre retour a eu lieu le soir. Dieu soit béni, à jamais ! ». Pour la plus grande gloire de Dieu, il faut continuer de construire la maison spirituelle du Congo.

Le 20 avril 1975, il va rejoindre le Père Aimé Porret à St Jean-Marie Vianney de Mouléké. Avec un groupe de chrétiens de cette paroisse, il se rend au village Odziba, Km 100 de la route Nationale NÝ 2. Plus de 200 personnes participent à la célébration eucharistique. Les anciens cahiers de pastorale laissés par le Père Maurice Rameaux aident à identifier les familles chrétiennes. En effet, nous rapporte le Père Jean Ernoult, ce secteur du Plateau : « avait été autrefois évangélisé en partie par les missionnaires de Brazzaville. Dans les années 1935-1936, le P. Maurice Rameaux y avait fait des tournées à pied.

Vingt ans plus tard, à partir de Saint Pierre-Claver, il l’avait de nouveau parcouru, en voiture cette fois. De 1959 à 1963, il avait même fixé sa résidence à Mbé, avec le projet de fondation de la mission Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. De Mouléké, où il habite à partir de 1965, il fera encore quelques tournées sur le plateau, jusqu’à son départ en France, en 1970 ».

Le Cardinal Biayenda est venu comme pour chercher une brebis perdue, en laissant les quatre vingt dix-neuf autres de la ville. La polygamie a imposé ici sa loi ; mais les chefs coutumiers qui sont venus là restent en attente d’une présence plus visible de l’Église Catholique. Pour mieux dire leur désir et leur disponibilité, ils offrent, avec une respectueuse gratuité, un terrain assez grand à l’Église. Le Cardinal Biayenda et ses prêtres pourront y implanter une paroisse. Les fidèles de l’Église Évangélique sont venus à la messe avec leur Pasteur. La fête est pour tous et le Cardinal s’adresse à tous. A la fin de son homélie, il déclare :

« Que la rencontre d’aujourd’hui, chers frères, vous relance tous. Que votre communauté soit vivante. Qu’elle s’appuie vraiment sur le Christ qui vous aidera à sortir de notre égoïsme, de nos rancunes, de nos peurs et de toutes sortes de poids de nos traditions et de nos coutumes. Je vous laisse ici cette croix, qu’elle soit comme un paratonnerre qui vous garde et vous protège contre tous les maux.

Merci aux Pères Rameaux, Aimé Porret, aux religieuses qui viennent ici, merci aux chantres, aux responsables du groupe « Itarri » de Mouleké qui sont venus avec moi. Merci à vous tous qui êtes venus prier avec nous et qui reviendrez encore aux jours à venir. Que le Christ, le Bon Pasteur vous bénisse, qu’Il bénisse vos villages, vos travaux, le travail de vos enfants à l’école. AMEN ! »

Le soir en revenant à Brazzaville, le cahier-journal, quotidiennement à l’écoute de son maître reçoit la confidence suivante : « il faudrait multiplier là-bas de pareils contacts ».

Abbé Albert Nkoumbou
Extraits du livre à paraître
« Cardinal Émile martyr de la foi chrétienne au Congo »


 
 
 
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