vendredi 11 octobre 2024
C’est l’ordre, le sacerdoce qui fait le prêtre, qui l’unit au grand sacrement de la Sainte Eucharistie. Il a la grâce d’état ; il est toujours prêt à réaliser la promesse réelle du Christ sur l’autel. Il doit, parce que ministre du Christ, s’identifier à Lui. Sacerdos Alter Christus.
Mais réaliser cette union étroite avec Notre Seigneur non pas seulement par des actes extérieurs, mais par la pratique des vertus.
Saint Benoît Labre pour lutter contre le luxe exagéré de son siècle, s’y oppose en abandonnant son corps à la vermine. C’est le manifeste de sa foi. Croire à Dieu, croire en Dieu, croire Dieu. Dieu s’est révélé à nous par Jésus-Christ, son fils unique et c’est le prêtre qui, à son tour, doit révéler le Christ au monde par sa foi. Oui, il lui faut une foi très grande, totale en Jésus. Et Lui, il nous conduira, nous conduira jusqu’au Père.
Hier, on disait beaucoup de choses sur le prêtre. Aujourd’hui, le monde n’est pas si enviable que cela et une fois de retour au séminaire, il nous est de bon cœur de chercher à acquérir les capacités nécessaires pour préparer un fructueux ministère qui pourra sauver notre pays.
La valeur du prêtre est nécessaire. Le noir ne respecte pas un incapable ni un ignorant. Pour avoir un empire sur ses frères, il faut que ces derniers le sentent supérieur à eux. Ainsi, le prêtre ne se contentera pas uniquement de simples formules liturgiques, on lui demande une autre formation qui est celle-là, personnelle. Quand il faudra opérer des conversions, il lui faudra d’autres qualités. Ces qualités lui seront obtenues par ses études, ses observations sur ceux qui sont déjà à l’œuvre. Le soldat se prépare dans son camp avant de paraître sur le champ de combat. Il lui faudra donc faire une accumulation de vertus, de connaissances pour son prochain apostolat.
La sainteté : Este perfecte sicuti est poter...
Le Christ le demande pour tous, à fortiori pour ses ministres. Saint, non pas par des longues prières ni les fortes mortifications, mais par son obéissance, son zèle, son désintéressement, son union au Christ et à ses représentants sur la terre. La sainteté c’est avoir une foi agissante, qui aime Dieu et le prochain.
La science : Son intelligence, son savoir doit être au dessus de la moyenne ordinaire ; il doit être capable de bien remplir son devoir d’état. Connaître bien, pour bien guider. L’ignorance du prêtre avilit le sacerdoce.
La modestie : Il faut que le prêtre sache s’abaisser puisque Dieu hait les orgueilleux.
La modestie est une vertu conquérante. Ne pas agir dans le besoin de briller ou de se mettre en vue.
La dignité : Le prêtre doit être respectable. Se méfier des modes. Un prêtre ne doit pas être léger, mais lourd comme on dit. Point de manies dans l’agir, le parler. Ne pas se mettre à la remorque des caprices du monde.
La prudence : Quand il juge, commande, il doit d’abord réfléchir, parce que les décisions précipitées font toujours regretter. Être très prudent avec le monde, ne pas accepter ses éloges flatteurs.
L’estime : Qu’on dise du prêtre, qu’il fait son devoir. Ne pas accepter cet autre qui vient du fait qu’on agit hors de ce qui nous est demandé par devoir.
L’éloquence : Il doit bien remplir son devoir en chaire pour instruire les fidèles. Donc apprendre à parler en public. Ne pas flatter ni blesser non plus ; savoir parler à chacun. Adapter son sermon à la vie actuelle, locale des auditeurs en présence. Puiser dans l’Évangile. Viser à des choses plus pratiques.
Être viril, énergique, ferme : Ne pas être à la remorque des fidèles, ni être de cette douceur qui va jusqu’à l’offense du Bon Dieu. Imiter le zèle du Christ faisant respecter la maison de son Père.
Ces qualités si utiles au gouvernement sain des âmes, de nous-mêmes, nous ne pouvons pas les acquérir, mais nous est possible avec la grâce de Dieu. Compter donc beaucoup sur Dieu.
Prêtre selon le cœur de Jésus : C’est la conversion en masse des âmes.
Prêtre indigne : C’est la perdition de plusieurs.
Si nous étions parfaitement fidèles à notre règle, nous serions bientôt des saints. « Soyez parfaits comme votre Père des cieux est parfait ». Nous étudions, mais nous n’arrivons pas à nous sanctifier. En quoi consiste-t-elle la sainteté ? Dans l’accomplissement de notre devoir et pas ailleurs.
Elle est fondée sur notre devoir d’état : Les Saints sont devenus tels parce que fidèles à leur devoir. Ils ont su rendre à chacun selon son dû, et à tous la justice et la charité. Fidèles à leurs amis, généreux à leurs ennemis et vertueux, la droiture et la sincérité nous quittent. Toute pratique de vertu nous paraîtra une chimère. Se mortifier, se faire violence, travailler d’une manière spéciale au renoncement de soi-même, obéissance parfaite sans volonté ni jugement personnels. Nous voudrions une sainteté à notre guise, pas trop chère, mais Dieu veut une sainteté renoncée.
Notre confession ne tient souvent qu’à une seule chose, éviter tel ou tel péché. Ce que les Saints ont pu faire, pourquoi ne le ferions-nous pas ? Ce qu’ils ont eu du ciel, nous pouvons aussi le recevoir.
Dieu ne nous demande pas ce qui dépasse nos forces. Nous pouvons devenir des Saints sans effusion de notre sang. Nous prétextons d’être occupés des choses du monde, des dangers du monde, de nos passions, de notre tempérament délicat ; les Saints l’ont été aussi. Rien ne peut excuser notre faiblesse.
Dissipation, curiosité ne se rapportant pas à la louange de Dieu ; entêtement, immortification, nos distractions dans nos messes, nos communions : tout cela nous est imputé et coupable.
Me donner tout entier pour sauver un jour toutes ces âmes pour lesquelles est venu mourir le Christ en croix.
Émile Biayenda,
Grand Séminariste, 1956
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