Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Célébration des 40 ans de la mort du Cardinal Émile Biayenda à Paris

« Notre pays traverse une période délicate. Le Cardinal devra être beaucoup invoqué pour la paix et l’entente »

Exhorte Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville

C’est dans la ferveur des festivités marquant le 40e anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda qu’a eu lieu le 7 mai dernier, en la Basilique Saint Denis à Paris (France), une messe d’action de grâce organisée par l’Association Cardinal Émile Biayenda (France). Cette célébration eucharistique, présidée par Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville, a été concélébrée par Mgr Pascal Roland, évêque de Belley-Ars venu représenter l’ordinaire du Diocèse de Saint-Denis ainsi qu’une trentaine de prêtres, français et congolais, parmi eux le Père Romano Gambalunga, postulateur de la Cause du Cardinal Émile Biayenda. Cette messe qui a connu la participation de nombreux chrétiens avait été animée par la Chorale Cantate Domino de l’Aceb. Voici l’intégralité de l’homélie prononcée par Mgr Anatole Milandou, Archevêque de Brazzaville.

Cher Mgr Pascal Roland , Évêque de Belley Ars
Père Romano Gambalunga
Mgr Jez
Chers Prêtres, Religieux et Religieuses,
Le responsable et les membres de l’ACEB
Chers Congolais et Congolaises de la diaspora vivant en France
Chers Frères et Sœurs en Christ,

Comme nous l’avons fait à Brazzaville le 22 mars 2017 dernier, nous sommes réunis aujourd’hui, ici en France, pour célébrer, avec vous qui y êtes, le quarantième anniversaire de la mort du Cardinal BIAYENDA, au cours de cette Eucharistie.

La ferveur vécue à Brazzaville, à l’occasion de ces 40 ans, se prolonge ici ; et, cela est un témoignage de reconnaissance et d’honneur que nous rendons à ce digne fils du Congo, mais surtout ce grand homme de l’Église qui restera à jamais un des éminents pasteurs que l’Église Catholique qui est au Congo, a connus.

En ce quatrième dimanche de Pâques, les textes écoutés, notamment l’Évangile, mettent en évidence la figure du Bon Pasteur. Cela nous aide à mieux approfondir l’identité et la figure du Cardinal Émile BIAYENDA que nous appelons déjà, à juste titre, «  le Bon Cardinal  ». En effet, nonobstant son âge jeune auquel il a été créé cardinal (à peine 46 ans !), mort quatre (4) ans après avoir été fait Cardinal, à l’âge de 50 ans, le Cardinal Biayenda aura vécu pleinement son sacerdoce lorsque l’on analyse son engagement en tant que prêtre et son identité en tant que Cardinal à cause du martyre subi avec foi et responsabilité.

Son journal révèle ses beaux mots qu’il se dit à lui-même par rapport à son ordination presbytérale : « Mes misères, mes incapacités, pourront servir, Seigneur, si je sais tout attendre de vous (…) Jésus vous êtes mon ami. Je vous appartiens avec tout ce que je suis et possède (…) Ce que je vous demande, c’est cette grâce de me sentir toujours pauvre et néant pour m’appuyer sur vous et ne jamais rien risquer sans vous (…) Je me donne à vous, je me consacre à vous pour toujours, jusqu’à ma mort ».

C’est pourquoi, en sa qualité de Pasteur de l’Église à Brazzaville, une ville qui vivait une période de troubles et d’incertitude quant à son avenir suite à la mort inopinée et violente du Président de la République du Congo, Marien NGOUABI, il avait, selon plusieurs témoignages concordants, refusé de quitter provisoirement sa résidence pour se mettre à l’abri des menaces qui se faisaient de plus en plus précises contre sa vie. Il avait décidé de rester avec le Peuple que Dieu lui avait confié pour le garder uni et en paix, en se sacrifiant pour le salut de ce Peuple et pour la plus grande gloire de Dieu.

Nous avons entendu dans l’Évangile au sujet du bon pasteur : « ... Il (le portier ou le bon berger) marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ».

Le pasteur est celui qui est capable de prendre la tête du troupeau avec courage, sagesse, sens de responsabilité et l’intention de rendre compte de ce qui lui a été confié.

En scrutant la vie et l’engagement du Cardinal BIAYENDA, nous pouvons aisément reconnaître qu’il a été ce Pasteur selon le cœur et la volonté de Dieu. Des témoignages, allant dans ce sens, sont nombreux. Sa vie exemplaire devait avoir une incidence dans nos vies, en ce sens que tous ceux qui se reconnaissent dans la fidélité et dans la persévérance ou la constance du Cardinal, doivent imiter ce beau témoignage, chacun selon la condition qui est la sienne. Car, la célébration de cet anniversaire n’est pas seulement une soif ou une faim d’exhumer des souvenirs qui auront caractérisé la vie ou la personne du Cardinal, c’est beaucoup plus une volonté de faire école auprès du Cardinal avec la ferme conviction que c’est aussi possible pour nous d’imiter de plus près le Christ et de faire comme le Cardinal a fait, en devenant pour nous un modèle à suivre.

Mgr Pascal Roland, Évêque de Belley Ars qui avait fait le déplacement de Brazzaville avec une grande délégation et avait présidé la messe du 22 mars a comparé le Cardinal Émile Biayenda à St Jean Marie Vianney, le Saint Curé d’Ars, qui avait d’ailleurs inspiré une grande partie de sa spiritualité et avait dit en passant que si le Cardinal Émile Biayenda était béatifié et canonisé, il serait le premier Cardinal Saint de toute l’Afrique. Vous voyez quel honneur et quelle responsabilité pour notre Église du Congo. Et si nous sommes ici réunis, c’est pour continuer à prier de manière intense pour cette Cause de béatification et de Canonisation.

Le Pape Benoît XVI, dans Africae munus, dit, pour les témoins que l’Église en Afrique peut et doit promouvoir : « J’encourage les Pasteurs des Églises locales à reconnaître parmi les serviteurs africains de l’Évangile, ceux qui pourraient être canonisés, selon les normes de l’Église, non seulement pour augmenter le nombre des saints africains, mais aussi pour obtenir de nouveaux intercesseurs au ciel afin qu’ils accompagnent l’Église dans son pèlerinage terrestre et intercèdent auprès de Dieu pour le continent africain ». (Africae munus, 114)

J’ose croire fermement que l’initiative de promouvoir la Cause de béatification et de canonisation du Cardinal Émile BIAYENDA répond à ces orientations du Pape Émérite Benoît XVI. Et, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour accompagner l’aboutissement de cette Cause. L’enquête diocésaine étant terminée, tout est maintenant entre les mains des autorités compétentes du Vatican qui travaillent avec le Postulateur qui, d’ailleurs, a participé activement aux festivités des 40 ans de la mort du Cardinal à Brazzaville, en mars dernier. Cette fois aussi, il a fait le déplacement de Rome pour participer à cette Eucharistie

Note pays traverse une période assez délicate et complexe. Le Cardinal BIAYENDA, ayant sacrifié sa vie pour ce pays et pour l’Église, devra être beaucoup invoqué pour intercéder, en notre faveur pour que nous retrouvions le chemin de la paix, de la fraternité, de la solidarité et celui de savoir nous asseoir ensemble pour trouver un terrain d’entente quelle que soit la situation qui se présente à nous. Dans ce sens, ce n’est pas pour un simple motif de fierté ou d’orgueil que le peuple chrétien aspire à avoir un Saint en la personne du Cardinal ; c’est parce que nous voulons avoir un modèle à imiter et à suivre. Mission nous est donc donnée à nous aussi de fuir les chemins de la violence, du tribalisme, de la corruption, de la délinquance qui ruinent notre pays pour emprunter avec un esprit de sérieux et de responsabilité les chemins indiqués par notre Cardinal par son témoignage personnel et son enseignement : les chemins du travail, de la prière, de l’unité des cœurs et des esprits, du dialogue, de la solidarité et de la confiance en Dieu, les chemins de l’humilité, du développement et de la paix. Oui, soyons des hommes et des femmes de paix : notre pays et notre Église en ont fortement besoin.

Célébrant cet anniversaire, ici en France, durant le temps pascal, nous sommes donc dans la dynamique de comprendre que la Passion du Christ a abouti à sa Résurrection. L’important est de s’en remettre à Dieu, source de tout bien et Père de toute miséricorde, pour que nous prenions conscience de nos limites dans notre être et dans notre agir, limites à enterrer en vue de la Résurrection.

Regardons l’enthousiasme et le courage qui caractérisent les Apôtres qui, pourtant, pendant l’arrestation et la mise à mort de leur Maître, semblaient céder le pas au découragement et à la fatalité. Pierre, en homme debout, fait cette déclaration : « Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié ». Pour sa part, le Christ Ressuscité vient à la rencontre de ses disciples dans un esprit de consolation et de paix. Les disciples du Christ vivaient un cauchemar avec tout ce qui s’était passé ce jour funeste du vendredi saint, fait de trahison, de reniement, d’abandon, de fuite, de lâcheté ? Ils pensaient recevoir une douche froide de la part de Jésus. Loin de leur reprocher leur traîtrise, leur lâcheté et leur peur surtout, il leur redonne confiance, il les rassure par cette belle salutation : « La paix soit avec vous ! », dit-il à leur endroit.

Restons donc debout pour célébrer la vie et implorer la bonté divine pour que le sang du Cardinal produise des fruits abondants et savoureux pour notre Église et pour notre pays. Que sa cause de béatification et de canonisation aboutisse pour le bien de tout le monde et pour la plus grande gloire de Dieu. Amen !

Monseigneur Anatole MILANDOU
Archevêque de Brazzaville

 

 


 
 
 
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