Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Votre tristesse se changera en joie

Extrait de l’homélie du 3ème dimanche, après Pâques,
de l’Abbé Émile Biayenda, 19 Avril 1969

Mes frères,

Ces paroles d’évangile que nous venons d’entendre.... le Christ les prononça pendant la conversation qu’il eut avec les apôtres, après le repas de la cène.

« Bientôt vous ne me verrez plus ». Le Christ savait tout et les apôtres presque rien. Il savait qu’il allait, ce soir même, être arrêté et le lendemain mis à mort sur une croix.

Il savait, lui, ce que deviendraient les apôtres pendant le temps de sa passion - de la mort et de son séjour au tombeau. Tous vont se disperser. Pierre, le chef, le reniera trois fois, à l’instigation d’une femme. A la croix, il n’y aura que sa Mère et Saint Jean. C’est vraiment la désolation - la tristesse - la grande épreuve pour eux qui avaient espéré devenir les premiers ministres, quand Jésus établirait son royaume qu’ils croyaient terrestre.

Tout se passa ainsi. Mais ce fut pour quelques jours seulement, car, un bon matin, des femmes, avec en tête Madeleine, viennent annoncer que le Christ est ressuscité. Lui-même apparaît aux apôtres. Encore enfermés dans une maison, par peur des Juifs. Il devient le compagnon de route des disciples d’Emmaüs et, pendant quarante jours, ce sera vraiment sa joie et le délire pour les apôtres et les amis de Jésus. « Votre tristesse se changera en joie ».

« Mamba dzobokoto dzobokoto, muntu dieti mo »

Mais, pourquoi, mes frères, l’Église nous fait-elle encore entendre Ce récit, aujourd’hui ? Quel intérêt et quelle leçon nous apporte-t- il ? Ici le proverbe ci-dessus.

C’est qu’après la résurrection du Christ, après cette apparition au milieu des siens, il va se produire un autre départ. L’ascension approche, la date du départ définitif du Christ vers son Père. Il va se succéder la longue et indéterminable durée de l’attente de son retour, à la fin du monde. Il va être inauguré le temps d’épreuves où dans le sein de l’Église les apôtres et les chrétiens vont lutter contre les puissances de la terre et contre Satan jusqu’au retour du Seigneur.

Les apôtres tinrent bon. Ils furent flagellés, chassés des synagogues et tous mis à mort, après avoir souffert de la prison. Saint Pierre crucifié, la tête en bas - son frère André crucifié, à la manière d’une bête à faire sécher. Saint Paul, au fil de l’épée. Saint Jean, plongé dans un tonneau d’huile bouillante, mais sauvé miraculeusement.

A leur suite, de nombreux martyrs qui périrent par le couteau, le glaive du bourreau, la dent des bêtes. Des filles comme Sainte Agnès, Sainte Cécile et plus près de nous Maria Gorretti sont mortes pour leur virginité, de même les 22 martyrs du pays d’Ouganda, tous noirs d’Afrique (Kisito, Sebugwa Denis, Morumba, Luanga Charles, Kaggwa, Mukassa Joseph ... ).

Les nombreux chrétiens, les nombreux prêtres emprisonnés, massacrés chaque jour en Chine, en haine de leur attachement au Christ.

C’est effarant, mais rien d’étonnant (Bukuta ni bakaka , ka wa pamukinako) : le Christ l’a prédit : « Vous pleurez ... ». Et, c’est grave mes frères, car celui qui ne pleure pas, qui ne se gêne (pas) en rien pour sa foi, qui rigole toujours, celui-là peut bien se demander s’il est encore dans la ligne voulue par le Christ, pour son chrétien et son disciple.

Nous devrions pleurer de nous voir (que nous pratiquons) si faibles dans notre adhésion au Christ.

Nous devrions pleurer de voir que nous pratiquons si peu sa charité, que nous aimons si peu les autres.

Nous devrions pleurer de voir qu’autour de nous, dans notre famille, dans notre village vivent des personnes qui ne prient plus, qui ont abandonné la messe, qui vivent en concubinage sans effort d’en sortir.

Nous devrions pleurer de voir des pères de famille et des mères chrétiennes négligeant leurs devoirs, envoyer sans gêne leurs filles en concubinage.

Nous devrions pleurer de voir tant de baptisés, infidèles à Jésus, maintenant apostats, car ils ont changé de religion...

Peut-on vraiment aimer et admettre qu’autour de nous soient bafoués le nom et la gloire de celui que nous vénérons : Jésus. Voyons-en de suite la récompense. « La tristesse vous accablera, mais cette tristesse se transformera en joie ». Une femme qui est devenue mère ne se souvient plus de ses douleurs d’enfantement. Les apôtres, les martyrs et tous ceux qui sont morts pieusement éclatent en joie au ciel. Il en sera pareil pour chacun d’entre nous. Nous nous reverrons, notre cœur reconnaîtra cette joie que personne ne pourra nous ravir.

Amen.

Abbé Émile Biayenda

 


 
 
 
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