Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Le Cardinal Émile Biayenda est un modèle de prêtre à suivre ».

Le Cardinal Émile Biayenda nous disait :

« Jésus est le consolateur de toutes les misères humaines et le prêtre le perpétue, à travers le ministère de consolation »

Dixit Mgr Anatole Milandou, Archevêque de Brazzaville

Mgr Anatole Milandou (Photo d’archives)

Chers frères et sœurs,

Nous voici au terme d’une année intense et laborieuse, tant en événements joyeux qu’en situations angoissantes et douloureuses.

En effet, étant à la porte du Département du Pool, nous ne pouvons rester insensibles aux souffrances des populations de ce Département qui errent dans les forêts ou ailleurs et sont déstabilisées dans leur dignité et leur honneur. N’oublions pas que trois de nos paroisses sont aussi dans la tourmente (Linzolo, Koubola et Goma tse-tse).

C’est un motif de prière pour nous qui sommes réunis ici : que la paix et la sécurité reviennent dans ce Département !

À côté de cette réalité douloureuse, il y a, paradoxalement, des circonstances qui nous poussent à l’Espérance : la fin de l’Année Pastorale 2016-2017 pour notre Archidiocèse de Brazzaville et le sacrement de l’Ordre de ces jeunes diacres sur qui je vais imposer mes mains et dire la prière consécratoire tout à l’heure.

Ce sont ces deux événements, adoubés par le 40ème anniversaire de la mort du Cardinal Émile BIAYENDA, vécu dans l’enthousiasme et dans la ferveur le 22 mars dernier, qui vont être au centre de notre méditation.

Celle-ci se veut une invitation à une vie de témoignage non seulement pour les Ordinands, mais aussi pour nous tous déjà ordonnés, consacrés, Peuple de Dieu, qui avons eu l’occasion de réfléchir, au cours de cette Année pastorale finissante, sur le thème : « Annoncer la joie de l’amour à la lumière de Amoris laetitia du Pape François ».

Notre joie est toujours grande lorsque nous participons à une ordination sacerdotale. La régularité des ordinations sacerdotales de ces dernières années est un motif de joie légitime et nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu notre Père pour sa sollicitude. Son Fils Jésus appelle aujourd’hui des jeunes gens à partager son sacerdoce. Ils réactualiseront à l’autel le sacrifice de la croix. Ils auront le pouvoir de faire l’Eucharistie : « Faites ceci en mémoire de moi ».

Vu le trésor que Jésus nous confie, « n’allons pas au sacerdoce comme des aventuriers ». D’ailleurs le Pape François le dit si bien. Voici quelques paroles du Pape François à l’occasion de la messe de la 54è Journée des Vocations au cours de laquelle il a ordonné des prêtres.

« Nos fils ont été appelés à l’ordre du sacerdoce. Réfléchissons à quel ministère ils seront élevés dans l’Église. Comme vous le savez bien, mes frères, le Seigneur Jésus est le seul prêtre suprême du Nouveau Testament, mais en Lui, tout le peuple saint de Dieu également a été constitué comme peuple sacerdotal. Il n’en reste pas moins que parmi tous ses disciples, le Seigneur Jésus veut en choisir certains en particulier, afin que, exerçant publiquement en son nom dans l’Église la charge sacerdotale en faveur de tous les hommes, ils continuent sa mission personnelle de maître, prêtre et pasteur. Ils ont été élus par le Seigneur Jésus non pas pour faire carrière, mais pour accomplir ce service.

Que votre doctrine simple, comme disait le Seigneur, qui arrivait au cœur, soit donc une nourriture pour le Peuple de Dieu. Ne faites pas des homélies trop intellectuelles et élaborées : parlez simplement, parlez aux cœurs. Et cette prédication sera une véritable nourriture. Et que le parfum de votre vie soit une joie et un soutien pour les fidèles, parce que la parole sans l’exemple de la vie ne sert pas, il vaut mieux revenir en arrière. La double vie est une terrible maladie dans l’Église ».

Nous venons d’évaluer cette Année à travers la session de clôture que nous avons eue du mardi au jeudi dernier, dans la nouvelle salle polyvalente de la Cathédrale Sacré Cœur. Cela nous a donné l’occasion de redécouvrir la pertinence et l’importance de l’Exhortation apostolique post-synodale du Pape François : « Amoris laetitia ». Ce document a été la boussole du thème de notre Année pastorale qui nous aura aidés à visiter toutes les structures pastorales diocésaines et surtout nos familles, appelées à être des lieux de création de notre société, d’humanisation, d’identification, d’éducation des membres de notre Église, de notre société. Nous ne le dirons jamais assez que la famille constitue l’Église domestique, à partir de laquelle l’enfant fait les premiers pas de la connaissance de Dieu, de ses exigences, de la volonté du vivre ensemble avec les autres à travers un réseau complexe et indispensable des relations interpersonnelles.

Eu égard aux différentes crises multiples et féroces auxquelles sont livrées nos familles aujourd’hui, comme « des blessures graves dues aux changements profonds dans tous les domaines de la vie ; changements qui révèlent souvent de profondes ambiguïtés et acculent la famille dans une crise sans précédent, remettant en cause les valeurs familiales traditionnelles. La sexualité fait l’objet de réinterprétations qui se traduisent par des attitudes nouvelles, des comportements que l’on revendique et que l’on justifie comme allant de soi » (Actes du Congrès pour la famille de Libreville, Kinshasa, Médiaspaul, 2014, p. 165), eu égard à tout cela, l’Église se sent dans l’obligation, sous la houlette du Pape, de dire l’Évangile de la famille : « Les Pères synodaux ont insisté sur le fait que les familles chrétiennes, par la grâce du sacrement de mariage, sont les principaux acteurs de la pastorale familiale, surtout en portant « le témoignage joyeux des époux et des familles, Églises domestiques  ». [225]

Voilà pourquoi ils ont fait remarquer qu’« il s’agit de faire en sorte que les personnes puissent expérimenter que l’Évangile de la famille est une joie qui « remplit le cœur et la vie tout entière », car dans le Christ nous sommes « libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement » (Evangelii gaudium, n. 1). À la lumière de la parabole du semeur (cf. Mt 13, 3-9), notre devoir est de coopérer pour les semailles : le reste, c’est l’œuvre de Dieu. Il ne faut pas oublier non plus que l’Église qui prêche sur la famille est un signe de contradiction » [226] ; mais les couples sont reconnaissants aux Pasteurs de leur offrir des motivations pour le pari courageux d’un amour fort, solide, durable, capable de tout affronter sur son chemin. L’Église voudrait se rapprocher des familles avec une humble compréhension, et son désir « est d’accompagner toutes les familles et chacune d’elles afin qu’elles découvrent la meilleure voie pour surmonter les difficultés qu’elles rencontrent sur leur route ». [227] Il ne suffit pas d’intégrer une préoccupation générique pour la famille dans les grands projets pastoraux. Pour que les familles puissent être toujours davantage des sujets actifs de la pastorale familiale, il faut « un effort d’évangélisation et de catéchisme » [228] envers la famille, qui l’oriente dans ce sens » (Pape François, Amoris laetitia, 200).

Chers Ordinands, vous vous rendez bien compte que votre ministère sacerdotal s’inscrit dans un contexte social, culturel qui exige de votre part, comme l’ont suggéré les participants Laïcs pendant la dernière Assemblée Plénière de l’Association des Conférences Épiscopales de la Région de l’Afrique Centrale (ACERAC), ici à Brazzaville, un engagement qui implique témoignage de vie, compétences et disponibilité pour une pastorale plus féconde et efficiente (cf. Actes de la 10ème Assemblée Plénière de l’ACERAC à Brazzaville, Kinshasa, Médiaspaul, 2014, p. 195).

En plus de cela, vous êtes appelés à «  l’instar des 70 anciens choisis par Moïse (cf. la première lecture d’aujourd’hui) et des 70 disciples envoyés par Jésus », à prendre part « à l’Esprit de Dieu pour exercer » vos responsabilités. D’où la nécessité d’être des prêtres concentrés sur leur identité, leur mission, leur volonté d’apprendre auprès des aînés et le ressourcement permanent dans la prière qui sera votre soutien dans l’exercice de votre ministère et dans la vie sacerdotale. Il faut être là vous où on vous attend, répondant à vote vocation et non perdre le temps et les énergies dans des futilités ainsi que des occupations qui vous éloignent de votre ministère. Le sacerdoce est noble et requiert de la part de ceux qui en sont porteurs la dignité nécessaire et la volonté de répondre au jour le jour à l’appel reçu dès le premier jour par un engagement vrai, sincère et conséquent. Certes, vous pourriez être sollicités par des tentations de tout genre, résistez-y et demandez au Seigneur qui vous appelle les grâces et les forces nécessaires pour demeurer fidèles à votre identité sacerdotale. Pour cela, suivez les bons exemples, lisez les documents qui rappellent l’identité et le ministère du prêtre, comme Pastores dabo vobis du Saint Pape Jean-Paul II ; le Directoire sur la vie et le ministère du prêtre de la Congrégation du Clergé. Ne donnez pas raison à ceux qui commencent à douter du bien-fondé de la vocation sacerdotale.

Je viens de parler de bons exemples. Nous avons célébré, cette année, le 22 Mars dernier, le quarantième anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda. Il a été un modèle de prêtre à suivre. Je me permets de vous rappeler, en le citant, ce qu’il avait dit de la figure du prêtre ou du futur prêtre : « Ainsi, chers amis, vous et moi, sommes-nous des privilégiés du Seigneur. Quand on est ainsi chéri, on n’a plus le droit d’envier ou de convoiter le sort des autres, comme il apparaît si souvent hélas que des séminaristes se laissent prendre par l’apparent clinquant de la vie d’autres amis restés dans le monde. Celui qui a reçu l’insigne grâce de la vocation sacerdotale devrait s’y sentir bien à l’aise. Il doit autant qu’il tient de lui s’y complaire et y mettre toute sa bonne volonté pour ne jamais trahir. Judas pût être un bon disciple, mais le défaut d’intention droite le perdit.

Chers amis, il vous reste sans doute beaucoup de chemin à faire et loin d’obstacles à franchir, mais voilà toujours en perspective ce qui vous donnera du courage et assez d’amour, pour aller jusqu’au bout...

Et vous chers futurs prêtres, vous vous préparez à devenir d’autres Christ. Le Christ est médiateur à travers les siècles. Il exerce cette médiation par le sacrifice et devenus prêtres, vous serez les sacrificateurs. Jésus est venu apporter la vie et le prêtre est distributeur de la vie divine par la parole et les sacrements. Jésus est Souverain Maître des consciences, le dispensateur du pardon divin, le docteur infaillible, le salut du monde, et le prêtre aussi est Juge des consciences, dispensateur des pardons divins, lumière du monde et sel de la terre... Jésus prêtre et victime et le prêtre est hostie. Jésus est le Grand priant et le Prêtre est député par l’Église pour la prière officielle. (Il porte le monde dans son âme... Il porte le monde dans son âme et l’offre avec le Christ au Père à la messe). Jésus est le consolateur de toutes les misères humaines et le prêtre perpétue, à travers tous les âges ce ministère de consolation. (Dès maintenant, il est bon à l’occasion de mettre en pratique toutes ces perspectives). Jésus est l’ami des enfants et le prêtre est l’héritier de sa tendresse ». (Mgr Émile Biayenda, Retraite animée au Grand Séminaire en 1970).

Voilà des mots qui doivent vous pénétrer et vous accompagner dans votre identité et dans votre ministère.

Puisse le Christ qui vous appelle à son service, pour Dieu et pour Son Église, vous bénir et vous accorder les grâces nécessaires pour répondre courageusement et pertinemment à faire sa volonté, ensemble avec nous tous ici réunis et tous les chrétiens disséminés dans le monde, pour le salut des hommes et pour la plus grande gloire de Dieu.

Amen !

Monseigneur Anatole MILANDOU,
Archevêque de Brazzaville
le 1er juillet 2017 à la Cathédrale Sacré-Cœur

 

 


 
 
 
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