Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Le Cardinal était d’une simplicité extraordinaire

M. Ntandou Guillaume

M. Ntandou Guillaume, est ancien frère de Saint Joseph. Il avait quitté la communauté après la mort du Cardinal Emile Biayenda, pour convenances personnelles. Néanmoins, il n’a jamais quitté son Église de baptême. Actuellement, M. Ntandou est responsable de la communauté chrétienne Saint Paul de Wayako à Maty qui est sous le contrôle de la Paroisse d’Odziba. Un de nos fidèles lecteurs a eu un entretien avec lui, au sujet du Cardinal Émile Biayenda.

La Mémoire Biayenda : M. Ntandou Guillaume, vous avez connu le Cardinal de son vivant, pouvez vous nous relater les circonstances de votre première rencontre ?

M. Guillaume Ntandou : J’ai connu le Cardinal Émile Biayenda d’abord au Petit Séminaire Saint Joseph, à la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville, ensuite, au Noviciat Saint Joseph à Kissoundi et surtout lorsque j’ai fait partie de la délégation des paroisses de Kinkala, Mindouli, Kindamba, Vindza, communauté de Mpangala qui a séjournée du 10 juillet au 07 août 1976, à Malela-Bombe son village natal.

La M.B. : Selon vous le Cardinal était-il un homme de paix ?

G. Nt. : Oui, il fut un homme de paix. Ce qui prédominait en lui, c’était la paix et l’amour. Il aimait dire lorsqu’il en avait l’occasion : « soyons tous les artisans de paix ». Dans ses causeries spirituelles, comme dans ses homélies, il prêchait toujours l’amour du prochain, l’entente dans les foyers et surtout la paix dans notre pays. Tout cela, prouve à suffisance qu’il était vraiment un homme de paix.

La M.B. : Qu’est ce qui vous a le plus frappé en lui ?

G. Nt. : C’est sa simplicité. A certain moment, le Cardinal nous faisait rire en humour. Je m’en souviens encore et cela est gravé en moi, lors de ma profession religieuse en la Paroisse Notre-Dame du Rosaire de Bacongo, le 19 mars 1976, à l’offrande, les frères de Saint Joseph, avions apporté du pain dans une caisse en grillage. A l’autel où il était debout, il dit d’une voix grave : « merci aux frères de Saint Joseph, qui m’ont apporté un cercueil de lapin ».

Un autre souvenir me vient à l’esprit. Nous sommes à Kindamba au mois de juillet 976, nous étions à table. Voyant son chauffeur en train de rédiger, il lui demande : « Tata Mandiangou ! » et le chauffeur de répondre « Monseigneur », le Cardinal lui dit : « qu’est-ce que tu fais là ? », le chauffeur de répondre : « je rédige une note Monseigneur ». Un quart d’heure passée le Cardinal lui demande encore : « Tata Mandiangou, qu’est ce tu fais là depuis ce temps ? », il répond : « je rédige une note Monseigneur ». Le Cardinal lui dit tout en souriant : « eka nge m’kanda wo mu majuscule kua ta wa ntsonekena ! ». Ce qui veut dire ; « es-tu en train de rédiger en majuscule ? ». Et tout le monde à table s’était éclaté de rire.

En plus, ce que j’avais remarqué ce jour-là, c’est qu’avant de manger, il attendait que tout le monde s’installe, si minime soit-il.

La M.B. : Avez-vous remarqué en lui d’autres qualités que vous avez admirées ?

G. Nt. : Le Cardinal était d’une simplicité extraordinaire, cela était aussi remarquable dans son manger et son boire. Un jour, je suis venu à la Cathédrale Sacré Cœur de Brazzaville, j’étais ému et flatté de sa simplicité, c’est lui qui s’était déplacé vers nous pour nous tenir une causerie spirituelle. Ce geste était marquant en moi. En tout cas, je peux le dire qu’il savait aussi écouter et savait répondre à ses interlocuteurs sans dédain. Toute personne qui était en face de lui était reçue avec respect et dignité, c’est cela que j’admirais le plus en lui.

La M.B. : Quels sont les souvenirs que vous gardez de lui ?

>G. Nt. : Les souvenirs… (Silence d’un air triste…), les souvenirs d’un homme pleinement zélé dans son ministère. Je me souviens encore de notre séjour à Maléla Bombé, du 12 juillet au 05 août 1976, le Cardinal recevait tout le monde. Il était disponible à toutes les personnes, adultes, jeunes gens, païens, chrétiens et même ceux des autres confessions religieuses ainsi que des hommes politiques de la localité de Vindza. Il était-là, du matin au soir, à l’écoute de tous. Une fois, j’ai voulu dire aux visiteurs que le Cardinal se repose, lui même de l’intérieur ayant entendu mes propos, il répondit : « non ! je ne dors pas, fais les rentrer, j’arrive ! ».

La M.B. : En dehors de tout de que vous venez d’évoquer y’a-t-il d’autres faits qui vous reviennent à l’esprit ?

G. Nt. : Je disais tantôt que le Cardinal Émile Biayenda était un homme simple. Il n’oubliait pas aussi les choses du village. A Malela bombe quand je constatais son absence, s’il n’était pas à la chapelle, je le trouvais de fois, à la pêche, de fois, là où il fait ses pièges aux oiseaux ou dans les champs cherchant les vers palmistes (nsombé).

Le Cardinal fut aussi un grand psychologue, quand j’étais au Séminaire et lorsque, j’avais des difficultés matérielles et financières, j’allais le voir. Pendant notre causerie, sans que je lui explique le but de ma visite, mais lui me disait et me racontait des paroles qui me réconfortaient, à la fin de notre entretien, il me remettait quelque chose. Ce qu’il me remettait, cadrait bien à mes attentes. Donc je repartais au Séminaire satisfait. Il m’arrivait quelquefois de me poser une question, en mon for intérieur : « comment arrivait-il à savoir ce qui me préoccupait ».

Je garde de bon souvenir, surtout quand il a dit pour moi une messe d’action de grâce, à l’occasion de l’anniversaire de ma profession religieuse. Ensuite, lorsqu’il avait répondu à l’invitation de mes parents dans mon village natal Bilolo-bis à 7km de Mpangala. Là aussi, il a dit une messe. Au cours cette messe, il me donna la parole pour remercier les miens. Ensuite, il donna aussi la parole au frère Marie-Alphonse Ndoudi (Frère de St Gabriel).

La M.B. : Pour conclure notre entretien, avez-vous un mot de la fin ?

G. Nt. : Je veux terminer en disant que le Cardinal fut vraiment un homme des béatitudes. « Suivons les pas du Cardinal pour que nous aussi posions des actes qui feront de nous hommes humbles et simples. Enfin, le bon Émile Biayenda me disait un jour : « apprécier nos frères et sœurs, c’est les tenir en haute estime, respecter leur dignité et être sensible à leurs besoins ».

Propos recueillis par François Baze Badila


 
 
 
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