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samedi 30 novembre 2024


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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Je voudrais marcher avec un ancien, un aîné Emile Biayenda »

Mgr Yves Marie MONOT

Mgr Yves Marie MONOT, nouvel évêque de Ouesso, a été solennellement reçu par la chrétienté de Brazzaville, le samedi 29 novembre 2008, à la Place Mariale de la Cathédrale. Il y a présidé sa première messe pontificale. Notre rédaction s’est rapprochée de lui pour réaliser l’interview que voici.

Voir la nouvelle version de l’interview

La Mémoire Biayenda : Excellence depuis votre ordination épiscopale comme nouvel évêque de Ouesso, le 7 septembre dernier, c’est pour la première fois que la chrétienté de Brazzaville vous a rencontré de façon particulière. Que représente pour vous cette cérémonie ?

Mgr Yves Marie MONOT : Merci à la Mémoire Biayenda. Que représente pour moi cette cérémonie ? Je dirais mieux cette célébration qui est vécue en Église. Toute sa signification se trouve que l’Église particulière de Brazzaville veut dire sa communion avec celle de Ouesso qui vient de recevoir un nouveau pasteur, un nouveau berger.

Elle veut célébrer cette communion dans la joie. Pour moi, c’est un accueil, dont je remercie en premier lieu Mgr l’Archevêque ainsi que l’Église de Brazzaville tout entière où, j’ai travaillé plus de 12 ans en tant que curé de Sainte Marie de Ouenzé et de Saint Augustin de la Tsiémé. Pour cela, je suis très heureux de venir célébrer avec elle cette eucharistie.

Donc cette invitation, je l’ai accueillie gratuitement et je pense qu’elle portera son fruit de communion, son fruit ecclésial entre nous qui sommes au service de l’Église du Congo et de l’Église universelle.

La M.B. : Père Évêque, peut-on connaître votre Parole de vie Épiscopale ?

Mgr Y.M.M. : La Parole de vie que j’ai choisie, c’est : « Vous avez reçu gratuitement et donnez gratuitement ».

La M.B. : Nous vous connaissons comme un grand dévot du Cardinal Émile Biayenda. Maintenant que vous êtes membre à part entière de l’épiscopat du Congo, quel sera votre apport dans le processus de la Cause du Cardinal Biayenda ?

Mgr Y.M.M. : Un grand dévot du Cardinal ? Je pense que, je veux plutôt être quelqu’un qui se fait accompagner par un aîné, par un ancien, dans le sens ecclésial, un ancien dans l’Église dont nous parle souvent l’apôtre Paul. Donc je voudrais marcher avec un ancien, un aîné.

Dévotion veut aussi dire, une prière continue. Si dans la dévotion dont vous parlez, on y met aussi la communion de pensée, communion de cœur, en ce moment là, nous pouvons répondre oui. En tout cas mon désir, c’est de marcher avec cet ancien pour qui j’ai toujours eu une très grande estime de son vivant, ensuite dans sa passion et dans cette vie éternelle dans laquelle il est rentré que nous pouvons comparer profondément à celle du Christ Jésus.

La M.B. : En tant que Pasteur, avez-vous un témoignage particulier sur le Cardinal que vous pouvez mettre à la portée du peuple de Dieu ?

Mgr Y.M.M. : Le témoignage particulier sur le Cardinal que je peux mettre à la portée du peuple de Dieu, c’est celui que les uns et les autres, ceux qui l’ont connu et même ceux qui sont en train de cheminer spirituellement avec ce témoin de la foi, c’est celui de l’amour qui le caractérisait. A mon avis, je crois que ce pasteur d’Église, Émile Cardinal Biayenda, est profondément un témoin aussi de ce que doit être un évêque, de ce que doit être un responsable. Sur ce point, je pense qu’il y a un grand travail à faire pour chacun là où il est.

Il se pose la question suivante : Comment Émile Biayenda a-t-il été évêque ? Comment a-t-il vécu son épiscopat ? Comment a-t-il conduit l’Église particulière de Brazzaville, l’Église locale du Congo dans son Cardinalat ? Vous savez que le Pape Paul VI l’avait choisi comme conseiller. En lui, je ne peux pas apporter un témoignage particulier mais au contraire, je voudrais imiter son accueil et son écoute. Émile Cardinal Biayenda a été comme de son vivant un pasteur du troupeau, mais comment a-t-il assumé son épiscopat ?

C’est intéressant que la Mémoire Biayenda se rende aussi attentive à cette dimension, vous voyez il y a là des approfondissements et la Mémoire Biayenda est là pour nous en faire part à partir des textes, à partir des événements de sa vie pour que chacun (évêque, prêtre, religieux, religieuse et laïc), dans sa responsabilité dans l’Église puisse trouver nourriture dans ce témoignage de notre aîné.

La M.B. : Lors de notre dernière interview (cf n°88 février 2007, vous nous avez dit que la fécondité du témoignage du Cardinal est manifeste, en beaucoup de gens. Peut-être avez-vous un ou quelques exemples ?

Mgr Y.M.M. : Je crois vous avoir répondu une fois à cette question. Oui, je connais des gens qui prient le Cardinal et vous en connaissez tout comme moi, ceux qui vivent de cette communion au quotidien avec ce témoin de la foi. J’en connais aussi d’autres qui demandent son intercession parce qu’elles le savent près du Seigneur et près de Dieu.

Dans notre foi de chrétien, je dirais qu’il y a bien des gens qui vivent cette fécondité du témoignage du Cardinal. Cette fécondité pour et dans le sens de ceux qui se mettent en route avec lui, de ceux qui se confient à lui dans le domaine de la prière, en demandant les grâces au Seigneur par son intercession, par rapport aux difficultés particulières que les gens rencontrent. Beaucoup de gens se confient au Seigneur par l’intercession de cet aîné, comme nous pouvons aussi les confier à d’autres que l’Église a déjà déclaré bienheureux ou saint.

Maintenant, concernant les miracles qui se sont déroulés ça et là, s’il y a des personnes qui peuvent les apporter à l’Église, elles sont les bienvenues. A son tour l’Église les examinera avec attention minutieuse, afin d’éviter quelques dérapages, aussi pour voir aussi les signes de la miséricorde de Dieu, de la bonté de Dieu à travers l’intercession du bon Cardinal Émile Biayenda.

La M.B. : Maintenant que vous avez pris solennellement possession de votre territoire comme évêque, pouvons-nous espérer que la prière au Cardinal et la méditation de son témoignage de vie trouveront place dans l’animation spirituelle de votre diocèse ?

Mgr Y.M.M. : Vous voyez, Ouesso est assez loin de Brazzaville, 800 kms et c’est vrai que si à Brazzaville, le témoignage de vie du Cardinal a été présenté maintes fois, ce n’est pas le cas de manière très profonde dans les départements qui sont un peu éloignés de la capitale, ceux de l’extrême nord de notre pays.

Le 30e anniversaire de la mort du Cardinal a été l’occasion justement dans cette année du Cardinal de parler de cet homme, de ce témoin qui a servi l’Église et son pays de manière très profonde. C’est une relation que nous avons commencée avec le Cardinal.

Bien, maintenant, comment elle va s’exprimer à l’avenir, je ne sais pas ! Pour l’instant, nous continuons avec la prière du mardi, dans nos différentes paroisses de Souanké, Sembé, Pokola, Mokéko, Ouesso bien sûr et ainsi de suite. Vous voyez, c’est donc cela notre manière à nous de commencer à vivre cette communion et cette relation.

Je saisi cette question que vous m’avait offerte pour dire une conviction. Il est important de dire la prière de la béatification et de la canonisation. L’Église la désire ainsi. Mais personnellement, je pense qu’il ne faudrait pas oublier la prière d’intercession du Cardinal. Pour moi, elle me semble très importante. La première prière qui dit le témoignage du Cardinal Émile Biayenda qu’il a apporté : « Seigneur Jésus Tu nous avais donné comme Pasteur de ton Église le bon Cardinal Émile Biayenda. Par ces vertus, il a été notre modèle et notre joie ».

Ici, nous situons bien l’enjeu, ce qu’il a été et ce que nous souhaitons qu’il soit pour l’Église : un modèle, une joie, parce que c’est effectivement ce qu’il a été. Donc les chrétiens ne doivent pas oublier ce témoignage, car c’est de là que tout commence. A cette première prière que je récite à volonté, je me suis permis de faire une petite modification : « Par sa foi, il était le chemin qui conduit vers le Père ». Et moi j’avais rectifié depuis longtemps avec d’autres, je pense : « Par sa foi, il nous a montré le chemin qui conduit vers le Père » où, « il nous montrait le chemin qui conduit vers le Père ». Pour nous chrétien, le chemin, c’est Jésus Christ.

Mgr Yves Marie MONOT

Lorsque nous voyons tout ce que le Cardinal a dit sur la foi de l’Église, tous les commentaires qu’il en a fait, mais c’est exactement cela. Émile Cardinal Biayenda nous a montré le chemin du Père, non seulement par l’enseignement qui est le rôle de l’évêque, mais surtout par son témoignage de vie et jusqu’au bout de l’amour en se donnant en sacrifice. Cette phrase se traduit mieux en lingala : « Ko mi pesa mobimba tee na liwa », « se donner jusqu’au bout de la mort ».

La suite de cette prière dit quoi : « Tu l’as rendu semblable à Toi, victime innocente mourant sur la croix ». Après cela, vient justement la demande de grâce particulière : « Seigneur Jésus par le sacrifice du bon Cardinal accorde-nous les grâces que nous te demandons avec confiance ». Je crois qu’il ne nous faut pas oublier cette prière. Elle nous met en condition d’accueil du témoignage afin que nous-mêmes aussi devenions des meilleurs témoins du Christ Jésus par notre propre vie. Si bien que, cette animation spirituelle je la vois ainsi dans mon diocèse, je la vois ainsi au niveau de l’Église.

Je voudrais faire une proposition à l’exemple du petit livret « Méditez et priez avec le Cardinal Émile Biayenda » de l’Abbé Adolphe Tsiakaka, que très fraternellement, je remercie personnellement pour ce travail. Vous voyez cette plaquette, c’est cela qu’il faille développer et faire en sorte que les paroles méditatives du Cardinal Biayenda, en deux, trois, quatre ou cinq lignes soient mises à la portée du peuple de Dieu. Cela s’est fait avec Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le Père Daniel Brottier et bien d’autres. Il nous faut mettre à la portée des chrétiens des paroles fortes prononcées par Tata Émile Cardinal Biayenda.

Je vais vous donner un exemple concret : à la première rencontre de rentrée scolaire à Ouesso, j’avais célébré la messe et j’avais trouvé une belle parole du Cardinal que j’ai développée au cours de mon homélie dans la Cathédrale de Ouesso : « le témoignage du chrétien dans sa foi », à la fin de la messe, les gens sont venus me voir pour me remercier de cette parole qui n’était pas pourtant de moi, mais du bon Cardinal Biayenda. Que disait cette parole : « Enfanter un homme conscient, libre, responsable, social, capable d’aimer, capable d’efficacité et de discrétion, capable dans l’exemple et le travail. Voilà l’œuvre d’éducation que nous avons tous à réaliser ensemble, Famille, État, Église dans le respect mutuel de nos droits et de nos devoirs dans la seule volonté de former des hommes ».

Voyez-vous avec des courtes phrases qui deviennent comme des paroles de vie font en quelque sorte que le Cardinal devienne un de ceux qui nous montre le chemin enraciné dans la foi en Jésus. Je sais que ces genres de paroles il y en a beaucoup. Si en dehors de la Mémoire, il y avait aussi des petits livrets qui pouvaient paraître de temps en temps, la mémoire du Cardinal sera encore plus vivante.

La M.B. : Votre aîné dans l’épiscopat, Mgr Ernest Kombo, d’heureuse mémoire, nous avait dit : « Si nous considérons que Biayenda est un martyr quelconque, comment voulez-vous que Rome avance. Mais si nous considérons que Biayenda est un modèle, un exemple à suivre, Rome marchera ». Alors Père Évêque, Biayenda est-il un martyr quelconque ou un martyr de la foi ?

Mgr Y.M.M. : Permettez que j’élargisse ou approfondisse encore votre pensée. Le Cardinal est bien mort martyr puis que c’est ainsi que l’Église locale a présenté sa cause de béatification et de canonisation. Voulant approfondir cette dimension, je dis : Biayenda est un témoin de la foi. C’est un homme de l’Évangile, qui a pris le chemin de la sainteté. A ce moment-là, nous pouvons reprendre les propos de Mgr Ernest Kombo, que vous dites d’heureuse mémoire. « Si nous disons tous ensemble que Biayenda est un martyr à cause de sa foi, alors, Rome marchera, parce que nous avons la conviction qu’il a été tout cela ». Mais, ne nous arrêtons pas au martyr, développons et montrons plutôt que la fécondité du témoignage de ce pasteur à travers ses paroles devenues prophétiques sont pour nous des repères ainsi que son exemple de vie. Voilà !

La M.B. : Que va attendre du nouvel évêque de Ouesso que vous êtes, le journal « La Mémoire-Biayenda » ?

Mgr Y.M.M. : Ce que je venais de dire plus haut résume bien ce que j’attends de la Mémoire Biayenda. Comme vous le faites c’est bien, mais, il faut que vous suscitiez plus d’intérêt pour le Cardinal en mettant à la portée du peuple de Dieu le témoignage de sa vie qui est pour nous une source spirituelle. Je vous donne un autre exemple, lorsque vous venez à l’évêché de Ouesso au parloir, vous avez une collection du journal « La Mémoire Biayenda » et chacun vient la consulter. A certains moments, j’ai remarqué que ma collection diminue au fur et à mesure, parce que je pense que tel ou tel autre article répondait à leur attente, répondait aux questionnements des uns et des autres qu’il porte au fond de son cœur. Suite à cela, le concerné est obligé d’emporter ce numéro. Sur ce, j’aimerais aussi demander de faire un effort en nous envoyant un nombre assez considérable de vos publications. Les chrétiens de l’intérieur du pays ont vraiment besoin des supports sur la vie et l’œuvre du bon Cardinal Émile Biayenda afin qu’ils bonifient et développent notre spiritualité.

La M.B. : Avez-vous un vœu à adresser au peuple de Dieu ?

Mgr Y.M.M. : Comme le Cardinal Émile Biayenda, je leur dis prenons le chemin de la sainteté. Bonne route à nous tous !

Propos recueillis par
Grégoire YENGO DIATSANA




 
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