Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« DES LIENS PARTICULIERS UNISSAIENT ÉMILE BIAYENDA AVEC ARS »

Monseigneur Pascal Roland, Évêque de Belley-Ars (France)

« Le curé d’Ars et le Cardinal Émile BIAYENDA, deux visages de la miséricorde au cœur des pauvres et des familles », a été le thème de la conférence débats animée récemment en France par Monseigneur Pascal Roland, évêque de Belley-Ars. Depuis la célébration des festivités du 40ème anniversaire de la mort de ce dernier, dont il avait eu l’honneur de présider l’eucharistie, Monseigneur Pascal Roland est devenu un grand dévot du bon Cardinal Émile Biayenda. Dans la plupart de ses interventions sur les médias, il ne manque pas de citer le nom d’Émile Biayenda, en le désignant comme le Curé d’Ars Africain.

Le lien du Cardinal Émile Biayenda avec Saint Jean-Marie Vianney Selon Mgr Pascal Roland, nous savons de notre vénéré pasteur que : tout jeune prêtre, l’abbé Émile Biayenda a été nommé comme vicaire dans la paroisse Sainte Marie de Ouenzé, un quartier de Brazzaville. Mais très rapidement, au sein de cette paroisse, il est chargé de la communauté du quartier naissant de Mouléké. On est alors en train d’y construire une église placée sous le patronage de St Jean-Marie Vianney.

Monseigneur Pascal Roland

Tout naturellement, l’abbé Émile Biayenda devient le premier curé de cette nouvelle paroisse. Cet événement est providentiel, car depuis le petit séminaire Émile Biayenda avait une très grande dévotion pour Saint Jean-Marie Vianney. « Depuis le petit séminaire, le récit du saint Curé d’Ars m’avait énormément intéressé et je portais dans mon missel de ses images au verso imprimées de ses pensées que j’aimais souvent relire pour les méditer. Rentré au grand séminaire, on nous lit au réfectoire sa grande vie écrite par Mgr Trochu, me rendant toujours plus sympathique la vie de cet homme de Dieu » (op. cité, page 79). Inutile de dire combien l’abbé Émile Biayenda est ému et tout heureux de se voir confier la charge de la toute nouvelle paroisse St Jean-Marie Vianney.

Des liens vont donc s’établir avec Ars. On lui adresse une relique et une caisse d’objets de piété. Un bienfaiteur d’Ars lui fait même parvenir une grande statue du curé d’Ars pour son église.

Cela le conduit à se rendre en pèlerinage à Ars dès septembre 1962. Il y prie ardemment pour tous ses paroissiens, qu’il confie à la protection du saint curé. Et il écrit ceci : « Puisse le Saint Curé d’Ars rayonner de plus en plus en nos vies et nous aider les uns les autres à être dociles sur les sentiers par où le Seigneur voudrait nous conduire » (op. cité, page 81).

Des liens tout particuliers unissaient donc Émile Biayenda avec Ars. Aujourd’hui nous ne pouvons que nous réjouir de voir qu’une fraternité sacerdotale a été créée et s’est placée sous le patronage du cardinal Émile Biayenda. N’oubliant pas les attaches spirituelles de leur maître, les prêtres de cette fraternité se sentent également redevables à Saint Jean-Marie Vianney.

Ils sont conscients que le Cardinal Biayenda s’est nourri de l’exemple du saint Curé d’Ars, qui lui a inspiré son zèle pastoral, sa sobriété de vie, son courage apostolique, son ardeur à annoncer la Miséricorde divine, son profond attachement à l’Eucharistie et au sacrement de confession…

Il est intéressant de noter qu’une fois évêque, Émile Biayenda conserve des contacts simples avec la population et aime notamment retourner dans sa première paroisse. Il a l’habitude d’aller confesser à Saint Jean-Marie Vianney, sa première paroisse comme curé. Et lorsqu’il opère des visites pastorales, il prend du temps au confessionnal. En cela il se montre un authentique disciple de saint Jean-Marie Vianney. Il existe donc une filiation spirituelle et il est naturel que le sanctuaire d’Ars et le diocèse de Belley-Ars, témoins de la fécondité spirituelle de ce qui a été semé dans le cœur d’Émile Biayenda aient à cœur d’encourager la jeune fraternité de prêtres, comme envie de soutenir la démarche de demande de canonisation du cardinal Émile Biayenda.

Servir la vocation commune à la sainteté

Le concile Vatican II a souligné la vocation de tous à la sainteté, c’est-à-dire à la perfection de l’amour : « Tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle-là même du Père » (Lumen Gentium n° 11).

Tout au long de son pontificat, le pape saint Jean-Paul II (et ses successeurs ont poursuivi dans le même sens) a eu à cœur de procéder à un grand nombre de béatification et de canonisations afin de manifester de manière très concrète cette vocation commune à la sainteté. Il a mis en valeur des chrétiens de toutes races, langues peuples et nations, de toute époque, de toute culture, de tout milieu social, afin que nous puissions toucher du doigt la réalité de la sainteté qui prend des visages multiples et toujours adaptés aux diverses circonstances historiques et géographiques. Nous avons besoin, en effet, de l’appui de ces frères et sœurs aînés, qui nous encouragent, nous éclairent par leur enseignement, veillent sur nous.

Comme le dit encore le concile Vatican II, « Contempler la vie des hommes qui ont suivi fidèlement le Christ, est un nouveau stimulant à rechercher la Cité à venir, et en même temps nous apprenons par-là à connaître le chemin par lequel, à travers les vicissitudes du monde et selon l’état et la condition propres à chacun, il nous sera possible de parvenir à l’union parfaite avec le Christ, c’est-à-dire à la sainteté » (Lumen Gentium n° 50).

Et à propos des martyrs, la préface eucharistique nous fait rendre grâce à Dieu en lui disant : « Nous reconnaissons un signe éclatant de ta grâce dans le martyre de saint N… En donnant sa vie comme le Christ, il a glorifié ton nom. C’est ta puissance qui qui se déploie dans la faiblesse quand tu donnes à des êtres fragiles de te rendre témoignage par le Christ, notre Seigneur ».

La réputation de sainteté du Cardinal Émile Biayenda semble assez répandue, depuis très tôt. Il y a unanimité des témoignages, semble-t-il, même s’il reste encore beaucoup à faire pour la manifester. Il faudra mettre en valeur les fruits déjà visibles aujourd’hui. Côme Kinata rapporte que « depuis le séminaire, en 1944, ses camarades d’école l’appelaient déjà le « saint Émile Biayenda », selon le témoignage de Mgr Bartelémy Batantu (Côme Kinata, Le Cardinal Émile Biayenda. L’homme et son œuvre, page 22).

Ses camarades le trouvaient trop obéissant et l’avaient surnommé « Mondélé alobi » ce qui veut dire « le Blanc a dit » parce qu’il exécutait tout ce que ses formateurs lui demandaient de faire.

Dans son premier poste de ministère, on l’appelait « Moto wa bosolo », « l’homme droit ».

Quant à Mgr Louis Portella, alors Président de la Conférence Épiscopale du Congo, il écrit ceci à propos de sa mort martyre : « Un tel engagement héroïque d’amour pour son peuple ne pouvait être une démarche improvisée dans la vie de l’illustre disparu. C’était plutôt l’aboutissement de toute une vie où l’humilité, l’abnégation, le don de soi ont été vécus et cultivés au jour le jour, avec constance et endurance » (Mgr Louis Portella Mbuyu, préface de l’ouvrage de Côme Kinata, page 8). Nous ne pouvons donc que souhaiter avec vous tous l’aboutissement favorable et rapide de la cause de béatification et de canonisation.

Mais ne perdons surtout pas de vue l’objectif d’une telle démarche. Elle vise à soutenir, non seulement chaque baptisé dans sa responsabilité propre, mais également tous les hommes de bonne volonté, appelés à servir le Bien commun : « Le message fondamental à retenir est bel et bien, pour chacun, de donner généreusement le meilleur de soi-même pour édifier au Congo, en Afrique et dans le monde, des nations où devront toujours prévaloir la paix, l’unité, la fraternité et la solidarité, pour le bien-être de tous. Le Christ, en sa croix, a tué la haine. (Eph. 2, 16). Le Cardinal, par sa mort acceptée, nous invite à vaincre toutes les divisions qui menacent la paix, la cohésion, et partant, le développement harmonieux et intégral de notre nation » (Mgr Louis Portella Mbuyu, préface de l’ouvrage de Côme Kinata, page 8).

 

+ Pascal ROLAND
Évêque de Belley-Ars (France)

 

 


 
 
 
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