Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

samedi 11 janvier 2025


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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Émile Biayenda, un cardinal humble de cœur

Bien qu’élevé à la dignité cardinalice très jeune (46 ans), Émile Biayenda n’avait jamais vanté ses mérites. Au contraire, il avait plutôt reconnu avoir bénéficié d’une faveur, d’une grâce divine par l’entremise du Pape Paul VI ; la grâce d’être appelé à témoigner la foi en Dieu jusqu’au martyre, prêt à sacrifier sa propre vie comme le Christ pour le salut des âmes. Très surpris et profondément ému par cette marque de confiance du pape à son endroit, tata Biayenda a vécu ses quatre ans de cardinalat (1973-1977) dans l’humilité et le service, en se faisant tout à tous. C’est l’humilité qui fait sa grandeur (cf. A. Tsiakaka, Émile Biayenda, grandeur d’un humble, Strasbourg, Bateliers, 22016).

Le témoignage de sa vie pastorale nous édifie beaucoup.

La dignité cardinalice d’Émile Biayenda pour le Congo

Émile Biayenda fut créé cardinal lors du consistoire du 5 mars 1973 à Rome, en même temps que vingt-neuf autres nouveaux cardinaux. Il était devenu le plus jeune cardinal du monde. Le peuple congolais, tout joyeux, au moyen des missives, lui avait exprimé ses félicitations et son soutien pour cette nouvelle mission ecclésiale. Ainsi qu’il le notait textuellement : « Les nombreuses lettres qui affluent ces jours-ci sur mon bureau nous montrent avec quel intérêt et quelle joie vous avez accueilli ce grand événement du jour, la promotion au Congo d’un Cardinal, en la personne de l’un de vos fils. Ces mêmes lettres, par la diversité de leurs expéditeurs, prouvent clairement que ce ne sont pas seulement les catholiques qui se réjouissent de cet événement, mais tout le monde. Tous comprennent donc que c’est une joie sur la terre : C’est une marque de la bienveillance du Seigneur à l’égard de notre pays et de notre Église ! » (Ibidem, p.122). C’est en fait toute la Nation congolaise qui tressaillit d’allégresse pour cette grâce accordée à tata Émile, tant apprécié pour sa bonté, sa patience et son sens du dialogue, tout comme pour son projet pastoral visant entre autres l’inculturation de l’évangile, c’est-a-dire la rencontre de l’évangile avec les cultures, tout en valorisant le mbòngi comme une communauté éducative importante. Aussi, était-il fidèle à sa mission.

La création et la mission d’un cardinal dans l’Église catholique

Un cardinal (du latin cardinalis, principal) est un haut dignitaire de l’Église catholique choisi par le pape et chargé de l’assister. Il fait partie du Collège des cardinaux ou Sacré Collège. Le titre précis est cardinal de la Sainte Église romaine (Sanctæ Romanæ Ecclesiæ cardinalis). Le Consistoire pour la création des nouveaux Cardinaux, selon le nouveau rite introduit à l’occasion du Consistoire du 18 février 2012, se déroule ainsi : -Salut liturgique, prière, lecture de l’Évangile (Mc 10, 32-45) ; -Le premier des nouveaux Cardinaux, s’adresse alors au Saint-Père au nom de ses collègues ; -Homélie papale ; -Le Pape lit la formule de création et proclame solennellement les noms des nouveaux Cardinaux, leur titre ou diaconie ; Suivent la profession de Foi et le serment ; Chaque nouveau Cardinal s’approche ensuite du Pape et s’agenouille devant lui pour recevoir la barrette, l’anneau cardinalice, son titre cardinalice ou sa diaconie : - Le Pape place la barrette sur la tête de l’impétrant, en disant notamment : Reçois cette « pourpre en signe de la dignité et de l’office de Cardinal, elle signifie que tu es prêt à l’accomplir avec force, au point de donner ton sang pour l’accroissement de la foi chrétienne, pour la paix et l’harmonie au sein du Peuple de Dieu, pour la liberté et l’extension de la Sainte Église catholique et romaine ». Le Pape lui remet l’« anneau cardinalice » signe de dignité, de sollicitude pastorale et d’une plus étroite communion avec le Siège de Pierre ».

Le Pape remet à chaque néo-Cardinal une église de Rome (titre ou diaconie) en signe de participation à la mission pastorale du Pape pour cette ville. Le rite prévoit ensuite la remise de la bulle de création des Cardinaux, l’assignation du titre ou de la diaconie et l’échange du Baiser de paix. Chaque néo-Cardinal échange le Baiser de paix avec les autres élus et tous les autres membres du Collège cardinalice.

Le rite se termine par la Prière universelle et le Notre-Père. Le jour suivant, dans la Chapelle Papale, le Saint-Père préside la Messe concélébrée par les nouveaux Cardinaux. Comme mission qui échoit aux cardinaux, le Canon 349 stipule que « Les Cardinaux de la Sainte Église Romaine constituent un Collège particulier auquel il revient de pourvoir à l’élection du Pontife Romain selon le droit particulier ; les Cardinaux assistent également le Pontife Romain en agissant collégialement quand ils sont convoqués en corps pour traiter de questions de grande importance, ou individuellement, à savoir par les divers offices qu’ils remplissent en apportant leur concours au Pontife Romain surtout dans le soin quotidien de l’Église tout entière ». C’est une noble charge, un service ecclésial que tata Biayenda assurait avec humilité.

Le fondement de l’humilité d’Émile cardinal Biayenda

De la naissance à sa mort, Émile Biayenda avait respiré l’air de l’humilité. Les témoignages de ceux et celles qui l’ont côtoyé à différentes étapes et périodes de sa vie, que nous avons consultés, restent unanimes qu’il avait vécu en homme de foi, dans la cohérence avec l’évangile. Ce qui nous amène à reconnaître que son humilité a pour racine le Christ. L’humble est quelqu’un qui cherche Dieu, non seulement pour vivre en communion avec lui, mais aussi pour atteindre l’unité et la cohérence de sa personne. L’humble sait qu’il ne peut compter seulement sur ses propres forces pour se réaliser. Il a besoin d’assises, d’un roc solide sur lequel édifier sa vie. Et ce roc ne peut être que le Seigneur.

L’humilité est la vertu qui s’oppose à l’orgueil, à la suffisance ou à l’arrogance. La personne humble est celle qui reconnaît ses limites et ses fragilités, comme en fait foi la prière de ce psalmiste : « Seigneur, je n’ai pas le cœur fier, ni le regard hautain. Je n’ai pas pris un chemin de grandeurs ni de prodiges qui me dépassent. Non, je me tiens en paix et en silence ; comme un petit enfant contre sa mère, comme un petit enfant, telle est mon âme en moi » (Ps 131,1-2)

L’humilité assure alors la fécondité de notre vie puisque la Parole de Dieu ne peut y être semée sans la transformer et lui faire porter des fruits de foi, d’espérance et d’amour, de bonté, de paix et de miséricorde. Être humble, c’est reconnaître que ce que nous sommes est l’œuvre de l’amour de Dieu et de l’accueil de l’Évangile. Notre vie est don de Dieu ; nous la tenons de Lui et c’est à Lui que nous la remettrons. C’est ce que tata Biayenda a fait. Par son sang répandu pour la paix au Congo, il a été rendu semblable au Christ, victime innocente mourant sur la croix. Bon Cardinal, doux et humble de cœur, apprends-nous à vivre, à servir Dieu et son peuple dans l’humilité ; Toi qui par tes vertus, demeure notre modèle et notre joie.

Abbe Séraphin Koualou-Kibangou

 

 




 
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