jeudi 20 mars 2025
Padre Romano Gambalunga, Postulateur de la Cause du Cardinal Émile Biayenda
Avant de venir à Brazzaville participer avec le peuple de Dieu à la célébration des 40 ans de la mort du Cardinal Émile Biayenda, le Padre Romano Gambaluna, Postulateur de ladite Cause a eu à intervenir au Colloque organisé à, Rome 18 mars 2017 sur le vénéré pasteur. Au cours de son exposé, il a du faire des observations sur le processus engagé. Voici l’intégralité de l’intervention du Postulateur de la Cause du Cardinal Émile Biayenda.
Une prémisse est nécessaire, avant de développer le thème qui m’a été assigné. Les observations que je ferai sont des déductions logiques qu’un postulateur peut faire, en lisant le calendrier du procès ouvert à Brazzaville en 1996 et parvenu à Rome en 2005.
La phase diocésaine du Procès de Béatification et Canonisation du Serviteur de Dieu Émile Biayenda ; premier cardinal de l’Église en République du Congo, portée à recueillir les preuves documentaires et des témoignages sur sa vie, la renommée du martyre et des signes, fut ouverte à Brazzaville, le 22 septembre 1996 et fut clôturée presque sept ans après, le 14 juin 2003. Sept ans, c’est une longue période de temps, considérant que les volumes de la Copie publiée remise à la Postulation, après la concession du Décret de validité, sont seulement cinq. En général, les raisons peuvent être multiples : inexpérience, manque de personnes en mesure de réaliser l’investigation, désintérêt, problèmes liés au contexte sociopolitique.
Une fois que le double de la copie des preuves documentaires et des témoignages recueillis durant l’enquête diocésaine (le Transunto, qui reste dans les archives de la Congrégation pour la Cause des Saints, la Copie publiée remise à la Postulation afin qu’elle prépare la Positio, sous la houlette d’un Modérateur) parvenu à Rome, à la Congrégation pour la Cause des Saints, le Postulateur fait une demande écrite sollicitant que les Actes judiciaires soient ouverts. La Congrégation, après deux ou trois semaines suivant cette demande, formule une réponse appelée Rescrit dans lequel elle autorise et consent donc que le Postulateur fixe une date pour l’ouverture du Procès.
Le rescrit a été délivré le 22 mars 2005 : cela signifie que la demande d’ouverture du Procès a été accordée avec un grand retard, ou bien le rescrit n’a été retiré qu’après environ deux ans !
Un mois après – le 28 avril – le Postulateur d’alors avait fait la demande officielle, de sorte que soit réalisée l’étude de validité, c’est-à-dire qu’un officiel de la Congrégation étudie les Actes judiciaires, pour vérifier que tout se soit passé selon les normes pour les procès canoniques concernant les Causes de Béatification et Canonisation, établies dans le document Sanctorum Mater de 2007, afin que les preuves recueillies soient valides, en vue de prouver la thèse que l’on veut démontrer : que le Serviteur de Dieu est un martyr, c’est-à-dire qu’il a été tué à cause de la haine envers la foi, authentiquement témoignée en Christ Sauveur, mort et ressuscité, vivant dans l’Église.
Rapidement – le 17 mai – la Congrégation avait répondu, tout en notant de nombreuses lacunes dans le travail mené par le Postulateur du Tribunal (ecclésiastique) de l’Archidiocèse de Brazzaville : pratiquement, il manquait presque tout : la documentation du et sur le Serviteur de Dieu, la demande d’ouverture du Procès faite par le Postulateur, la demande du Nihil obstat de la part de l’Archevêque à la Congrégation, la nomination de la Commission historique, etc. Je parle aussi du Postulateur, parce que, avant la Session de clôture de la phase diocésaine du Procès ; ce dernier a le droit et devoir de contrôler le travail fait par le Tribunal et la présence de tous les documents qui doivent être présentés, de façon que les preuves recueillies puissent être considérées valides, classées et organisées selon la forme juridique établie par les normes.
Le 3 avril 2015, presque dix ans après la demande d’intégration d’Actes judiciaires faite par la Congrégation, l’actuel archevêque de Brazzaville, Mgr Anatole Milandou, m’avait nommé Postulateur de la Cause ; nomination que la Congrégation approuva le 24 avril. Entretemps, les documents du et sur le Cardinal Biayenda, recueillis par la Commission historique, étaient arrivés avec le rapport y relatif. En conséquence, le 29 mai 2015, il avait été accordé le Décret de validité de l’enquête diocésaine sur la vie, la renommée du martyre et les signes du Serviteur de Dieu.
La surprise a été de recevoir – le 9 juin 2015 – une lettre de la Congrégation avec la requête de réaliser d’autres enquêtes (sur Émile Biayenda), à Lyon (en France, où il a vécu comme prêtre étudiant) ; les résultats de ces dites enquêtes ont été remis (à qui de droit) le 4 février 2016, en vue de se faire accorder l’autorisation de demander qu’il soit assigné un modérateur, c’est-à-dire un officiel de la Congrégation ayant pour devoir de suivre les travaux de clôture de la Positio, qui normalement est écrite par un collaborateur de confiance du Postulateur. Le 12 avril 2016, le P. Kijas a donc été nommé Modérateur de notre Cause.
En outre, il m’a été demandé d’éclaircir le doute, s’il faut procéder à écrire une Positio sur le martyre ou bien sur l’héroïcité des vertus. Le motif du doute émis par la Congrégation, tel que j’ai pu le comprendre successivement (à ne pas oublier que la Cause est arrivée entre mes mains depuis moins de deux ans), est dû à la complexité de la situation politique, sociale et culturelle du contexte (spatiotemporel) vécu par le Cardinal, qui requiert une grande connaissance des faits (événements) de cette période et des motivations qui avaient plausiblement porté à la mort violente du Serviteur de Dieu Cardinal Biayenda.
Il est sans doute qu’Émile Biayenda, le bon cardinal, ait été et demeure une figure fondamentale de référence dans l’histoire récente de la République du Congo, qui a encore besoin d’une tenace, patiente et confiante œuvre de pacification des différentes âmes de la société, en vue d’une unité qui reste nécessaire au bien de tous. Par ailleurs, la renommée du martyre dont qu’il bénéficie reste très considérable, et cela est un élément très important auquel les théologiens, les évêques et les cardinaux qui étudieront la Positio devront donner un juste poids, car l’expression du sensus fidei du peuple de Dieu, c’est-à-dire la voix de l’Esprit qui parle aux pasteurs unis au troupeau des fidèles dont ils sont appelés à renforcer et nourrir la foi, de manière qu’aimant le Seigneur et lui rendant témoignage, ils parviennent à la sainteté.
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