dimanche 17 novembre 2024
Si la mort est, pour l’opinion populaire, la fin de la vie de l’homme sur terre. Elle est par contre, pour le chrétien, le passage obligé d’une vie éphémère à la vie éternelle : « le monde craint la mort et s’efforce de se la dissimuler, mais c’est en vain et en pure perte. Pour le chrétien, la mort c’est l’entrée dans la demeure du Père. C’est elle qui nous délivre des biens de la chair pour nous faire pénétrer dans le royaume des cieux où nous serons revêtus de l’immortalité glorieuse ». Qu’est-ce à dire ?
Cette pensée du cardinal Émile Biayenda sur le sens de la mort pour le chrétien est d’autant plus vraie que nous voulons la scruter de fond en comble, pour une meilleure compréhension par tous. De ce fait, nous tâcherons de montrer que la mort est l’entrée dans la demeure du Père éternel dont nous soulignerons le sens
Le Cardinal Émile Biayenda enseigne que « pour le chrétien, la mort c’est l’entrée dans la demeure du Père éternel. C’est elle qui nous délivre des liens de la chair, pour nous faire pénétrer dans le royaume des cieux où nous serons revêtus de l’immortalité glorieuse ». En effet : De par notre baptême, nous espérons vivre un jour auprès de Dieu, au soir de notre mort. Notre communion au Christ par le baptême nous dispose peu ou prou à la félicité éternelle dont nous n’avons aucune notion précise, dès lors qu’elle obéit aux conditions spatio-temporelles. Même si l’âme chrétienne est tributaire d’espérance du ciel.
Le baptême nous introduit dans la vie éternelle qui, commencée dès ici-bas, se poursuit au-delà de la mort, au ciel. Au ciel, il est des beautés jamais vues par les yeux d’hommes, des harmonies jamais entendues par nos oreilles et des joies jamais goûtées par nos cœurs. Au ciel, auront lieu des amitiés indicibles par nos bouches. « Au ciel, disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, il n’y aura pas de regards indifférents » (citée par Mgr André Lecoq, « vers la vraie vie, chemins d’Éternité n° 77-février 1980,p 1).
Pour toutes fins utiles, le ciel n’est donc pas un lieu (géographique), mais un état de bonheur suprême et définitif. Ceux qui au cours de leur vie ont accueilli Dieu et se sont sincèrement ouverts à son amour, au moins au moment de la mort, pourront jouir de la pleine communion avec Dieu, qui constitue la fin ultime de l’existence humaine comme l’enseigne la catéchisme de l’Église Catholique : « cette vie parfaite avec la Très Sainte Trinité, cette communion de vie et d’amour avec elle, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est appelée le ciel. Le ciel est la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, l’état de bonheur suprême et définitif » (C.E.C. n° 1024).
Alors, passer de ce monde au ciel ce n’est pas effectuer un déplacement spatial, mais se convertir, s’ouvrir à Dieu, à sa miséricorde, à ce qu’il est, à ce qu’il veut faire en nous et par nous. En chaque homme, cette conversion est activée par l’intense besoin d’un assouvissement : connaître, aimer, être heureux. Cela va sans dire, la faculté de connaître, limitée ici-bas par les conditions de l’existence, se dévoilera de toute éternité de la vision intuitive de Dieu. Concrètement, quel est donc le sens de la mort pour le chrétien ?
C’est l’adhésion au Christ qui fait comprendre à l’homme le sens de la vie en Dieu. Cette adhésion est un sacrement, c’est-à-dire un acte du Christ unissant l’homme à lui pour l’entraîner dans son mystère de mort et de vie. C’est tout le sens du baptême qu’interprète Saint Paul :
« Baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort, que nous avons été baptisés. Car, nous avons été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivons nous aussi dans une nouveauté de vie. Car, si nous sommes devenus un même être avec le Christ par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable » (Rm 6,3-5).
Pour accéder à la vie avec Dieu et échapper au jugement qui guette tous les « fils de la colère » (Ep.2,3), il faut donc que cette existence pécheresse meure avec le Christ : « Regardez comme morts au péché et nous sommes vivants pour Dieu dans le Christ Jésus » (Rm 6,11). On voit que la plénitude de cette vie avec le Christ est réservée pour le « monde à venir », mieux pour le moment où l’efficacité de la résurrection du Christ se manifestera par la résurrection corporelle des hommes morts en lui (1co 15,20-53). Car si Dieu « n’a pas épargné son propre fils, mais l’a livré pour nous tous » (Rm 8,32) à une mort semblable à celle qui revient de droit aux pécheurs, il ne saurait nous dispenser de le suivre jusque-là. Nous aurons donc, nous aussi, à mourir corporellement. Dès maintenant, nous sentons sur nous la menace de cette mort qui guette notre corps de chair.
Dans ce sens, le Cardinal Émile Biayenda affirme que : « la mort est un fait qui nous attend, malgré les progrès médicaux qui en recule un peu l’échéance. Des milliards ont passé en ce monde et ont disparu de cette planète. L’oubli plane sur ce qui fuit leur existence d’ici-bas et nous aussi passerons ainsi, nous serons oubliés comme "eux" ».
En définitive, l’accès à la vie éternelle que nous promet Jésus-Christ ne fait acception de personne. Il est plutôt question de fructifier le don de la foi reçue de Dieu pour prétendre avoir part au Royaume. A savoir que l’incarnation du Fils de Dieu nous vaut la vie en abondance et non la perdition. La foi totale au Christ a suscité des martyrs à travers le monde, dans l’Empire Romain, en Orient, en Occident et en Afrique, comme par exemple Félicité et Perpétue, Ignace d’Antioche, les martyrs de l’Ouganda, Sœur Annuarité Nengapéta et le bon Cardinal Émile Biayenda. Dès la première annonce de la Bonne Nouvelle, en Afrique du Nord et en Égypte, des hommes et des femmes, touchés par la grâce, ont rendu témoignage au Christ Ressuscité au cours d’horribles persécutions. Toutefois, ces dures épreuves n’ont pu arrêter ni l’expression des communautés chrétiennes, ni l’enracinement de la Bonne Nouvelle de la vie et les coutumes africaines.
Abbé Sérépahin KOUALOU KIBANGOU
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