Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Séjour du Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège à Brazzaville

Arrivé à Brazzaville, le mercredi 1er février 2017, le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège est reparti le samedi 4 février dans la soirée pour Rome, après avoir célébré une messe en la Basilique Sainte Anne du Congo. Dans sa gibecière, le prince de l’Église Catholique a emporté avec lui un exemplaire de l’accord-cadre signé avec le gouvernement du Congo, des souvenirs d’un fructueux séjour passé en terre congolaise. Au nombre de ceux-ci figurent : l’audience que lui a accordé le président de la République, chef de l’État ; le tête à tête avec le premier ministre, Clément Mouamba, sans oublier la rencontre avec le ministre des affaires étrangères ; les visites du centre des polios et du Mémorial De Brazza. A cela, il faut ajouter le recueillement à la tombe du Cardinal Émile Biayenda, ainsi que la visite de son appartement qui ont été un temps fort de sa visite à la Cathédrale Sacré-Cœur.

Le cardinal Pietro Parolin qui a effectué une visite de travail de 4 jours du 1er au 4 février à Brazzaville a eu dans son agenda plusieurs entretiens avec les autorités civiles et religieuses congolaises. Dès son arrivée, l’Homme d’État du Vatican qui a été accueilli à sa descente d’avion par le premier ministre Clément Mouamba, a eu une rencontre à huis clos avec les Évêques dans la soirée à la Nonciature Apostolique.

Le premier ministre Clément Mouamba et le Cardinal Pietro Paro

Au deuxième jour de sa visite, le jeudi 2 février 2017, le Secrétaire d’État du Saint-Siège s’est entretenu en matinée d’abord avec le ministre des affaires étrangères, Jean Claude Gakosso puis avec le premier ministre Clément Mouamba.

Dans l’après-midi, il a visité tour à tour le Centre de Polio et la Fondation Cardinal Émile Biayenda au quartier 10 maisons placés sous la responsabilité de la sœur Dr Brigitte Yengo. Après l’accueil et la visite des différentes structures de la Foceb, le Cardinal Pietro Parolin a répondu à une doléance de la sœur Brigitte qui sollicitait une probable rencontre à Rome lors de l’assemblée du Renouveau charismatique. « Certainement pas à Rome, mais probablement à Brazzaville avec le Pape François » rétorque-t-il.

Ici au Mémorial De Brazza

Ensuite, le Cardinal s’était rendu au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza dont Mme Bélinda Ayessa est la directrice.

Arrivé sous escorte, la visite a débuté dans le jardin où sont érigées deux stèles. La première symbolise le livre de la rencontre des civilisations, c’est-à-dire le symbole de la fondation de la ville de Brazzaville. C’est dans ce texte que le Roi Makoko donnait la possibilité à Pierre Savorgnan de Brazza de s’établir. Avant de pénétrer la crypte du mémorial où repose l’explorateur, le cardinal s’est arrêté un moment tout juste au hall, devant une vitrine sur laquelle on peut déchiffrer le message laissé par Nicolas Hulot lors de son passage. Puis, le Cardinal et sa délégation ont poursuivi la visite.

Au terme de cette visite, le Cardinal a déclaré : « Je suis très heureux d’avoir visité ce Mémorial de Savorgnan de Brazza car, au départ, je ne connaissais pas toute l’histoire de cet explorateur. J’admire surtout l’homme et ses idées. On doit respecter et valoriser tout le monde et faire des différences qui caractérisent notre monde parce que c’était un pionnier ».

La directrice du Mémorial, Bélinda Ayessa, a offert en guise de souvenir au Cardinal Parolin, un masque Punu (département du Niari), un chasse-mouches et une canne pour le Pape François.

Signature de l’accord-cadre en présence du Chef de l’État

Au troisième jour de son séjour congolais, le vendredi 3 février 2017, dans la matinée, le Cardinal Pietro Parolin a été reçu en audience par le président de la République, Chef de l’État Denis Sassou N’Guesso. Tout juste après, s’en est suivie au Palais du Peuple, la Signature de l’accord cadre par le Premier Ministre du Congo et le Secrétaire d’État du Vatican, en présence du Président de la République.

Répondant à la question de la presse à la fin de ladite cérémonie, le Cardinal Pietro Parolin a dit : Sur la nature de l’accord passé avec le Congo : «  L’accord-cadre que nous venons de signer porte globalement sur l’encadrement juridique de la vie et de l’activité de l’Église catholique. De manière générale, partout dans le monde, l’Église agit sans des accords particuliers, c’est plutôt le Saint-Siège comme sujet du droit international et représentant de l’Église catholique qui met en œuvre un tel processus. Le cadre juridique permet notamment de fixer un certain nombre de principes : la liberté religieuse, pour s’assurer que l’Église puisse exercer sa mission de façon libre, au bénéfice de tous les groupes religieux ; la collaboration entre l’Église et l’État est un deuxième principe qui concerne divers domaines comme l’éducation, la santé, dans lesquels la conférence épiscopale peut passer des accords spécifiques avec les ministères concernés ».

À l’endroit des chrétiens, des peuples et des dirigeants des pays de la région, au regard des crises qu’ils traversent, le Cardinal a dit : « On regarde toujours avec espoir la situation de ces pays, on sait en effet qu’il y a beaucoup de difficultés. C’est ainsi que les laïcs doivent s’engager davantage pour la protection de la dignité humaine, la réalisation de sociétés justes et solidaires dans le sens de la doctrine sociale de l’Église. Nous pensons que parmi les problèmes qui touchent les pays africains, il y a la justice à travers la répartition des ressources du pays. Elles doivent servir au bien-être de tous, il faut faire en sorte que tout le monde bénéficie de ces richesses ».

À propos d’un éventuel voyage du pape François au Congo, le Cardinal Pietro Parolin a indiqué qu’il n’y a officiellement aucun calendrier sur une telle opportunité, ajoutant que le Pape visite plusieurs pays, plusieurs régions, et il n’y a pas lieu de ne pas envisager que celui-ci puisse faire partie des possibilités.

Pour lier l’utile à l’agréable, un déjeuner officiel a été offert à l’hôte de marque par le Président de la République au cours duquel les deux premiers ministres ont tour à tour pris la parole pour exprimer leur sentiment à propos des relations entre le Congo et le Vatican.

Le premier ministre congolais Clément Mouamba qui est revenu largement dans son toast sur la portée de cet accord cadre qui, selon lui, vient combler un vide. «  … on peut raisonnablement constater que l’absence d’un cadre juridique conséquent a, d’une certaine manière, limité le plein épanouissement de notre coopération bilatérale ».

Cet accord, a poursuit, le premier ministre congolais, couvre les domaines diplomatique, politique, socio-économique, scientifique, sanitaire et éducatif avant de préciser « Nous disposons désormais d’un outil précieux qui nous permet d’envisager l’avenir de nos relations avec de meilleures perspectives ».

Enfin, le premier ministre Clément Mouamba a prié le Secrétaire d’État du Vatican d’être le porte-parole du gouvernement et des fidèles catholiques congolais pour transmettre au Pape François quelques doléances portant notamment sur l’ouverture d’une représentation diplomatique congolaise auprès du Vatican avec résidence à Rome, la nomination d’un nouveau cardinal au Congo, la béatification du cardinal Émile Biayenda et la visite officielle du pape François au Congo.

Très optimiste et rassurant, le Cardinal Pietro Parolin a apprécié à sa juste valeur la signature de cet accord à sa sortie d’audience avec le président Denis Sassou N’Guesso. « L’acquis de cet accord c’est le cadre juridique à partir duquel on peut développer, d’une façon plus fructueuse les initiatives et les activités » avant de renchérir « Je pense c’est cela le point le plus important de cet accord ».

De la visite à la Cathédrale Sacré-Cœur

Dans l’après-midi, profitant du temps libre sur le programme officiel établi, l’Archevêque de Brazzaville a invité le Cardinal Pietro Parolin à visiter la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville. A son arrivée à 18h30, il est accueilli par NNSS Anatole Milandou, Archevêque de Brazzaville et Daniel Mizonzo, évêque de Nkayi et président en exercice de la Conférence épiscopale du Congo accompagné du Secrétaire Général de la CEC, l’Abbé Brice Ibombo.

Selon le programme établi par le Curé de la paroisse, l’Abbé Rhod Sakany Yzéno, le Secrétaire d’État du Saint Siège qui était accompagné de son secrétaire, du ministre accompagnateur Hellot Matson Mampouya, du Nonce Apostolique au Congo et de son chargé d’affaires, a eu droit à l’adoration du Saint Sacrement. Après la bénédiction, il a suivi attentivement la lecture de la brève biographie du Cardinal Émile Biayenda lue par le Secrétaire-Chancelier de l’Archevêque.

Le Cardinal Parolin contemplant attentivement la soutane mythique

Prenant la parole à son tour devant une foule des fidèles qui a pris d’assaut la Cathédrale Sacré-Cœur, le Cardinal leur a adressé un message d’espérance. Avant tout, il a remercié les fidèles chrétiens venus l’accueillir puis il leur a transmis les salutations du Souverain Pontife adressées au peuple congolais. Sur la figure du Cardinal Émile Biayenda, le Secrétaire d’État du Vatican s’est appesanti sur une homélie du Cardinal Émile Biayenda prononcé à Noël 1974, qu’il a qualifié d’un héritage spirituel. « Ce que le vénéré Cardinal Biayenda avait dit à cette occasion, il l’a réalisé trois ans plus tard en s’offrant en holocauste. N’est-ce pas une prophétie ? », s’est-il interrogé. « À la suite de son Maître Jésus qui avait sacrifié sa vie pour les autres, le Cardinal Biayenda lui aussi s’est donné pour sauver son Église, son clergé et particulière les siens. Comme lui, nous aussi, sommes tous appelés à donner nos vies en sacrifice pour les autres et cela dans les tous milieux de la vie », a-t-il poursuivi.

Au sujet du processus de sa cause de béatification, le premier ministre du Pape François de dire. « J’avais pris contact avec le Préfet de la Congrégation pour les causes des saints et il m’a dit que le dossier suit son cour normalement. Continuer donc à prier », a-t-il conclu.

Recueillement à la tombe du Cardinal Émile Biayenda

Puis s’en est suivi la procession vers la tombe du vénéré pasteur Émile Cardinal Biayenda, le recueillement et le dépôt de la gerbe de fleurs le tout, sous l’animation de la Chorale paroissiale. Après un moment de silence, le Cardinal Pietro devait baiser la tombe. Voulant avoir quelques précisions sur les circonstances exactes du lieu de sa mort, il a échangé avec Mgr Milandou sur la question.

Ce n’est qu’après cet échange qu’il sera conduit dans l’appartement ou vécut le bon Cardinal Émile Biayenda. Comme tout le monde voulait le saluer à la sortie. Cette effervescence n’a pas été facile aux agents de sécurité mis à sa disposition qui ont eu toutes les peines du monde pour le soustraire de la foule.

Son exemple de pasteur puisse inspirer toujours les ministres de l’Église

Dans la maison du Cardinal Biayenda, le Secrétaire d’État et la délégation qui l’accompagnait ont eu droit à la visite guidée dirigée par Émilienne Pemba. Le moment fort de cette visite a été le contact de la soutane mythique que porta Émile Cardinal Biayenda le jour de son assassinat...

Dans le livre d’or, le prince de l’Église catholique romaine a écrit ce qui suit « Je suis très touché par cette visite à la cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville et au tombeau du Cardinal Émile Biayenda. Je prie pour que son exemple de pasteur puisse inspirer toujours les ministres de l’Église et sa mort être la semence d’une récolte abondante de l’Évangile en ce beau pays.

Je remercie très vivement mon Archevêque de Brazzaville, le président de la Conférence épiscopale du Congo, tous ceux qui m’ont accompagné et aussi ceux qui sont venus m’accueillir. Un attroupement significatif avec la bénédiction du Pape. »

Ici avec les Petites sœurs des pauvres

Le point de chute a été la visite de « Notre Maison », un complexe hospitalier pour personnes de 3è âge chez les Petites Sœurs de pauvres où il est allé saluer les pensionnés qui y vivent.

Enfin, le clou de son séjour au Congo a été la célébration eucharistique du samedi 4 février 2017, à la Basilique Sainte Anne du Congo, qui a été prise d’assaut très tôt par des milliers de chrétiens venus communier avec le Secrétaire d’État, le Cardinal Pietro Parolin. Parmi eux, le président de la République et tous les membres du gouvernement, des parlementaires, des corps diplomatiques et constitués. Dans son homélie, le Cardinal a exhorté les congolais à vivre dans la paix. « A l’image de Jésus miséricordieux, soyez les bons disciples du Christ dans votre société, vivez dans la paix et le dialogue, cultivez la tendresse de Dieu, sa compassion et non les rancœurs et la haine ; le partage et non l’égoïsme, la solidarité et non l’indifférence, maladie de notre temps où chacun pense à lui-même », a-t-il insisté.

En tout cas, personne n’a voulu manquer à sa messe d’au revoir puisque le Cardinal devait s’envoler dans la soirée.

Grégoire Yengo Diatsana

 

 


 
 
 
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