Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

lundi 17 mars 2025


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Il ne suffit pas de commémorer le souvenir d’un saint homme. Il faut plutôt continuer son œuvre »

Abbé Michel Bernard Bouaye, dans le diocèse de Chartres (France)

M. l’Abbé Michel Bernard Bouaye, prêtre de l’Archidiocèse de Brazzaville, cheville ouvrière de la commission mise en place par Mgr l’Archevêque lors des festivités marquant le 30e anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda. Aujourd’hui, il est aux études à Chartres en France. Grâce à l’Internet, nous avons pu réaliser l’interview que voici.

La Mémoire Biayenda : M. l’Abbé Michel Bernard Bouaye, vous voilà aux études en Europe dans le diocèse de Chartres, surtout que vous êtes partis au moment où nous célébrions l’année cardinal Émile Biayenda. Dites-nous comment l’avez-vous terminée ?

Abbé Michel Bernard Bouaye : Merci Ya Gré, le Seigneur m’a donné une fois l’occasion de dire un mot dans les colonnes de votre journal. Oui, c’est vrai que je suis parti du Congo alors le diocèse préparait l’année du cardinal. Et je peux vous affirmer que cette décision n’était pas facile pour moi ; mais il fallait le faire. C’est donc en terre française que j’ai terminé cette année du Cardinal. J’étais invité à partager une méditation de la liturgie de la Parole avec toute la communauté congolaise de Paris. C’était le 29 mars dernier en l’Église Saint Charles à Blanc-Mesnil. Ce fut au cours d’une messe présidée par l’abbé Abraham Okoko et co-présidée par l’abbé Barthel Ganao.

Abbé Michel Bernard Bouaye

C’est avec les mots de l’Apôtre Paul que j’ai voulu commencer mon intervention : « La grâce de Jésus Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soit toujours avec vous ». En effet, depuis que je suis arrivé en France, dans le diocèse de Chartres, tous les jours, je ne cesse de prier le Seigneur, d’implorer sa grâce et sa miséricorde, pour la paix dans notre pays le Congo, tel est, je pense le vœux de chacun des fils et filles de ce pays, à l’orée de l’élection présidentielle de 2009.

Je suis parti quelques mois avant la clôture marquant la fin de l’année Émile Biayenda, décrétée dans l’archidiocèse de Brazzaville sous le thème « Comment la personne du cardinal Émile Biayenda et le témoignage de sa vie peuvent-ils devenir ferment d’unité et de réconciliation pour notre pays le Congo ? ». De manière spécifique, il s’agissait de faire de cette année, "une année du cardinal" et en tirer le maximum de bénéfice spirituel, par l’organisation des pèlerinages et des journées de réflexion sur la vie, le témoignage et l’œuvre du cardinal Émile Biayenda.

C’est donc en terre française que j’ai terminé cette année du Cardinal. J’étais invité à partager une méditation de la liturgie de la Parole avec toute la communauté congolaise de Paris, réunie sous l’égide de l’ACEB, les Textes liturgiques étaient les suivants : Actes 2,42-47 ; Psaume 117 ; 1Pierre 1, 3-9 ; Jean 20, 19-31

La M.B. : Faites-nous un peu le résumé de ce colloque tenu à Paris ?

A.M.B.B. : Le Congo notre pays a connu des moments de grande tristesse, de grande angoisse et de grande douleur. Parmi ces évènements, il y en a eu un, mieux c’était un double évènement qui a marqué à jamais la mémoire de tous les congolais. Le 18 mars 1977, alors que le peuple souffrait de la disparition tragique du Président de la république Marien Ngouabi, Le 23 mars, soit cinq jours après, la communauté chrétienne apprenait une fois de plus la mort du Cardinal Émile BIAYENDA, assassiné la veille, c’est à dire le 22 mars.

Après avoir suivi les 14 et 15 février 2008, à l’Institut Catholique de Paris, un colloque sous le thème : « Le Congo-Brazzaville à la lumière de la figure du Cardinal Émile Biayenda », co-organisé par notre Association (l’Association Cardinal Émile Biayenda -France), l’Institut de Sciences et de Théologie de Religions et le Centre d’Études Africaines de l’EHESS de Paris, dans le cadre des manifestations marquant le 30ème anniversaire de l’assassinat du Cardinal Émile Biayenda (22 mars 1977 – 22 mars 2007), nous sommes rassemblés pour rendre grâce à Dieu. Rendre grâce à Dieu parce que non seulement ce colloque a été un haut lieu pour une meilleure intelligence du contexte d’émergence de la persécution des hommes d’Église, de la vie et de l’œuvre de BIAYENDA ; mais surtout par ce que ce colloque je l’avoue a reculé au loin les frontières de l’ignorance de plusieurs d’entre nous, car il y avait là une grande connaissance de l’histoire de notre pays.

La M.B. : Pour vous, qui était le vénéré Cardinal Émile Biayenda ?

A.M.B.B. : Un Grand homme. Le Cardinal Émile BIAYENDA l’a été. Vicaire en paroisse, Curé de paroisse, vicaire épiscopal, évêque coadjuteur, archevêque et cardinal. Biayenda a marqué à jamais la vie chrétienne de notre pays, car sa vie entière a été un programme de consécration totale et plénière au service de l’Église et du prochain. J’ai dit que sa vie est un programme puisqu’en faisant une bonne herméneutique de celle-ci, il nous faut retenir trois choses essentielles et fondamentales de cette vie.

  • 1 * Son nom à sa naissance BIA-YENDA, le plaçait déjà dans un contexte parental qui le disposait à ne jamais se plaindre même quand on manque d’assistance, mais plutôt s’évertuer à vivre dignement et honnêtement, car le Seigneur pourvoira un jour : ce n’est pas la peine d’attendre ceux qui sont partis, car ayant tout reçu (la dot), ils ne s’intéressaient plus au reste ; ils, c’était la famille maternelle de Émile. C’était le début d’une vie d’espérance qui se traduira plus tard d’ailleurs dans l’épisode de ce que j’appelle « l’épreuve de Mbamou ».
  • 2 * Lorsque Le 26 mars 1970, le Pape Paul VI accède à la demande de son excellence Monseigneur Théophile Mbemba, archevêque de Brazzaville, de lui accorder un collaborateur dans la charge épiscopale, l’abbé Émile Biayenda est nommé évêque coadjuteur de Brazzaville, il choisit comme parole de vie, la réponse de Pierre à Jésus, sur le lac, selon la version de saint Luc 5,5 : « Sur ta parole, je jetterai le filet ». Ce contexte de la pêche miraculeuse va se révéler être un vrai programme de vie, car il acceptait là d’être un pêcheur d’homme, un berger du troupeau, un berger d’un peuple. Oui, Biayenda fils de la Vierge de par sa consécration sacerdotale avait lu, toujours la version de saint Luc la réponse de la Vierge Marie au projet de Dieu, dans sa réponse à l’ange Gabriel : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta volonté +(Luc 1,38). C’est la maturité de cette d’espérance.
  • 3 * Le 22 mars, comme le Christ au mont des oliviers, le cardinal dans un contexte de crise nationale et de tension sociale, recevait les membres du Conseil Œcuménique des Églises Chrétiennes du Congo, avec qui il va d’ailleurs lancer le message concernant la paix pour tous les fils et filles du Congo : « A tous nos frères croyants du Nord, du Centre et du Sud, nous demandons beaucoup de calme, de fraternité et de confiance en Dieu Père de toutes races et de toutes tributs, afin qu’aucun geste déraisonnable ne puisse compromettre un climat de paix que nous souhaitons tous » . Ce message que j’appelle souvent « le testament du cardinal Émile Biayenda », est la révélation quasi-parfaite de l’amour du prochain tel que le Christ nous l’enseigne chaque jour : « aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Oui, comme Berger du peuple, Biayenda avait ce souci de rassembler, de persuader et d’inviter à faire le Bien dans la Foi, l’Espérance et la Charité, mieux pour la plus grande gloire de Dieu. Persuadé par plusieurs personnes de quitter son palais épiscopal, et résigné à ne jamais le faire, Biayenda ne voulait pas mettre Dieu à l’épreuve sur le fait qu’on pouvait le tuer ou non ; il n’attendait pas une ‘preuve’ de la protection divine comme l’a voulu Thomas à la résurrection ; il avait simplement confiance, car il savait qu’à l’image du Christ, il avait accepté de mourir et de donner sa vie pour sauver un peuple, une nation, lui, dont le nom de ÉMILE comme Étienne ou Stéphanie, signifie "Martyr".

La M.B. : Quel vœu formulez-vous à l’endroit de nos lecteurs ?

A.M.B.B. : Pour terminer ce partage, je voudrais formuler le vœu suivant : Comme à Thomas, le Christ Jésus nous dit « La paix soit avec vous » (Jean 20, 20+26) ; que cette paix soit donc transmise à jamais à tous les facteurs de la Mémoire Biayenda, à tous les dévots ainsi qu’à tous les fils et filles de notre pays, car notre Bon Cardinal Émile Biayenda a sacrifié sa vie pour que la Paix règne dans notre pays le Congo.

Propos recueillis par
Grégoire YENGO DIATSANA




 
Haut de page