LA MÉMOIRE BIAYENDA

C’est le mois d’octobre 2016 ! Nous devrions penser et réciter le Rosaire en l’honneur de la Vierge Marie et à supplier sa maternelle intercession. Nous devrions nous lancer sur les routes de l’évangélisation selon les orientations de l’année pastorale 2016-2017. Nous devrions nous enthousiasmer de la rentrée scolaire et encourager les élèves vêtus de leurs nouvelles tenues scolaires. Nous devrions nous rompre les reins à labourer et semer nos champs sous les premières pluies d’octobre…

Hélas ! Dans le département du Pool, désormais tristement et sans cesse transformé en jungle de barbarie et de tartufferies militairo-socio-politiques, tout est à l’envers de toutes logiques sociales et religieuses.

Ici, nous aurons tout vu, entendu et enduré. Il ne nous reste plus que l’érection de l’« Abomination de la désolation » dans les villes, et les villages (1Maccabées 1,54).

Les populations civiles, les communautés chrétiennes et leurs pasteurs, les écoliers et les vieilles personnes, les malades des villages reculés, tous sont culpabilisés : parents et complices des rebelles. À leur tour, ceux-ci mettent tout le monde sur pied, jetant hommes et femmes de tout âge sur les routes, les déracinant ainsi de leurs milieux de vie habituels.

Voilà pourquoi, tous nous avons ici les pieds meurtris, les cœurs meurtris, les cerveaux en crise. Nos pieds meurtris et nos rêves en lambeaux clament une supplique de plus.

« Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, faisant luire sur nous sa face » (Ps 67,2). Notre prière reste ardente et notre foi inébranlable « pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix » (Lc 1,79).

Abbé Albert NKOUMBOU