Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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Pas de Saint sans miracle

Pas de Saint sans miracle ! Là encore, il s’agit d’une tradition constante de l’Église : comme le disait récemment le pape, « outre le fait de nous rassurer sur le fait que le serviteur de Dieu vit au ciel en communion avec Dieu, les miracles constituent la confirmation divine du jugement exprimé par l’autorité ecclésiastique sur sa vie vertueuse ».

En revanche, l’examen du miracle a beaucoup évolué au cours des siècles, et comprend aujourd’hui un volet médical important. Pour la béatification d’un serviteur de Dieu non martyr, l’Église demande un miracle. Pour la canonisation, elle en demande un second (y compris, cette fois, dans le cas d’un martyr), survenu après la béatification.

Pape Benoît XVI

L’enquête pour le miracle est menée de manière indépendante de celle sur l’héroïcité des vertus. Dans le diocèse où a eu lieu le présumé miracle, l’évêque ouvre l’instruction concernant le fait, recueille les dépositions des témoins oculaires interrogés par un tribunal constitué à cet effet, ainsi que la documentation clinique du cas. Les médecins traitants sont entendus comme témoins. Le dossier part à Rome, il est examiné par la Congrégation des Causes des Saints : d’abord l’aspect « scientifique », par une assemblée médicale qui procède à l’examen du cas. La guérison, pour être considérée comme résultant d’un miracle, doit être jugée comme rapide, complète, durable et inexplicable en l’état actuel des connaissances médico­scientifiques.

Il existe aussi – mais c’est plus rare – des cas de faits prodigieux d’ordre technique, d’événements impossibles à expliquer. Ainsi pour le sous-marin Pacocha, qui avait coulé le 26 août 1988 à une profondeur de quinze cent mètres dans les eaux péruviennes, avec une pression d’eau de 3,8 tonnes : le commandant, après avoir invoqué l’intercession de Maria Petkovic, avait réussi à ouvrir la porte du sous-marin, ce qui était normalement impossible, et à sauver l’équipage. Le fait avait été pris en compte pour la béatification de cette religieuse croate en 2003.

Enfin, Benoît XVI a rappelé « que la pratique ininterrompue de l’Église établit la nécessité d’un miracle physique, un miracle moral n’étant pas suffisant ».

Vient ensuite l’aspect théologique. Une fois établi le caractère prodigieux du fait, les théologiens font le lien entre cet événement et les prières adressées au serviteur de Dieu. C’est alors seulement que l’on déclare s’il s’agit oui ou non d’un miracle. Enfin, comme pour l’examen des vertus héroïques, le dossier est aussi examiné par les évêques et cardinaux membres de la Congrégation, avant que le décret de miracle soit soumis au Pape qui tranche en dernier recours.

Isabelle DE GAULMYN
Source Journal « La Croix »

 



 

Le nombre des dossiers en cours à la Congrégation, on en compte actuellement 2.200

Quelques mois avant qu’il ne quitte ses fonctions de Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, à cause de limite d’âge, le Cardinal Saraïva Martin, avait accordé une interview au journal « L’Osservatore Romano » au cours de laquelle il a donné les noms des quatre Saints de 2008 et fait quelques observations quand à des idées reçues, de la « fabrique des saints », à « l’argent » nécessaire au procès. Voici quelques extraits.


Pour ce qui est du « coût » d’une cause, le cardinal Saraiva Martins a précisé : « Il n’est pas possible de donner de chiffre parce que cela dépend toujours du type de cause dont il s’agit. Je veux dire que la dépense dépend de la complexité de la documentation, de la difficulté à arriver à une définition scientifique pour ce qui concerne la guérison, d’éventuelles demandes d’approfondissement.

Cause pauvre, pauvre cause

Les procès sont tous différents. Une chose est certaine : ce n’est pas la congrégation qui détermine les dépenses. Elle n’intervient que de façon indirecte. C’est le postulateur de la cause qui est le « caissier », celui qui récolte l’argent nécessaire et solde les comptes. La congrégation met seulement en lien les différents acteurs du procès, et rien de plus. Il est vrai que si, derrière, il y a une congrégation religieuse, le plus grand poids des dépenses est assumé par elle, mais je vous assure que pour reconnaître la sainteté, on n’a pas besoin ni de la plus belle statue ni de la bourse la mieux remplie. Lorsqu’il y a un vrai saint, c’est l’Église, Peuple de Dieu, qui se mobilise et le minimum nécessaire se trouve toujours. C’est si vrai que moi-même j’ai appris d’expérience qu’il n’y a pas de cause pauvre : si une cause est « pauvre » cela signifie que c’est une pauvre cause, au sens où la réputation de sainteté elle-même est pauvre ».

Combien de procès de béatification et de canonisation sont-ils en cours ?

La Congrégation a été fondée en 1588 par le Pape Sixte V. Son activité s’exerce dans deux secteurs fondamentaux : celui de l’héroïcité des vertus, et celui des miracles présentés, parvenus au Dicastère par l’intermédiaire des promoteurs des différentes causes. Que l’on se souvienne bien que la proclamation de l’héroïcité des vertus est la base indispensable, ce qui est évident, pour qu’un candidat aux autels puisse être béatifié et que, selon les normes en vigueur, on requiert un miracle pour la Béatification, et un autre pour la Canonisation.

Pour l’étude des vertus héroïques, la Congrégation se sert de la collaboration de 72 consulteurs théologiens, alors que pour les miracles présentés, et pour l’étude des miracles présentés, elle consulte 60 médecins spécialisés dans les différents secteurs de la médecine actuelle. Pour ce qui concerne le nombre des procès en cours à la Congrégation, on en compte actuellement 2.200. On ne peut distinguer entre procès en vue de la Béatification et procès en vue de la Canonisation, parce que tous les procès sont en vue de la Béatification et de la Canonisation.


 
 
 
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