Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Dieu seul nous aidera à bâtir un Congo juste et paisible, une cité où l’on est heureux de vivre »

Monseigneur Émile Biayenda

Les extraits des textes que nous nous proposons de mettre à votre portée sont ceux du 13 septembre 1970, diffusés à la Radio nationale le 4 octobre 1970, où le nouvel évêque Mgr Émile Biayenda, après avoir remercié tous ceux qui ont participé à sa première messe épiscopale, explique en quoi consiste le ministère de l’épiscopat qu’il a reçu. Tout en invitant les fidèles chrétiens et les hommes de bonne volonté à partager son désir de voir le règne de Dieu advenir, Mgr Biayenda leurs a exhorté pour que soit bâti un Congo juste et paisible. A ce texte, nous avons joint un extrait de son homélie à la messe du 25 décembre 1970, lequel donne tout le sens de l’homme et de son attachement à la fraternité. Voici ce qu’il dit :

« La tâche, mes frères, est immense : celle de rénover le monde et d’instaurer toutes choses dans le Christ ; il s’agit de promouvoir un monde juste et humain ; il s’agit de bâtir un Congo juste et paisible, une cité où l’on est heureux de vivre. Le Christ est venu nous apprendre à bâtir un monde nouveau. Voici son principe de base : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas que les autres vous fassent ». Oui, tous les chrétiens du monde crient : « Que votre règne vienne », qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que si le Christ règne vraiment et si le Christ est accepté comme Maître et Roi de notre vie, ne fut-ce que par tous les chrétiens, notre vie connaîtra la justice, notre foyer connaîtra des relations de justice familiale, nos marchés, nos bureaux, nos magasins, nos quartiers, nos villages, nos compagnes, notre pays tout entier, par vous, connaîtront la vraie justice, les vraies relations de justice, de paix et d’amour. Voilà la tâche immense qui nous incombe tous et chacun : tâche à laquelle l’évêque est appelé à présider. Tâche belle et noble qui mérite tout notre dévouement, frères chrétiens. Tous, nous conjuguerons nos efforts. Mais cette tâche, c’est Dieu qui la réalisera, car c’est lui seul qui saura susciter, en tous les milieux, les promoteurs de la justice et de la paix : païens ou chrétiens, et cela dans tous les milieux ».

La fête de Noël 1970, Monseigneur Biayenda donne la joie de la célébrer avec les chrétiens de la Cathédrale Sacré-Cœur. L’homélie qu’il donne, s’attarde sur le symbolisme de la crèche avant d’approfondir le mystère de Dieu qui se fait proche des hommes par l’Incarnation de son Fils.

Cette proximité devrait servir de modèle aux chrétiens. Il déclare entre autres : « Désormais Dieu est tout proche de nous, il est parmi nous par son Fils Jésus, devenu homme comme nous « Que le Saint exulte, nous dit le Pape Saint Léon, car sa rédemption est proche, que le pêcheur se réjouisse : le pardon lui est offert, que le gentil se console : il est appelé à la vie ».

Avec l’Incarnation du Fils de Dieu, poursuit Monseigneur Biayenda, «  nous pouvons, désormais, en esprit de foi, le voir, l’écouter et le servir. Il suffit de rendre nos cœurs plus souples, plus ouverts et toujours prêts à l’accueillir en nos frères les hommes :

- Celui qui vit avec toi : ta femme, ton mari, tes enfants ;

- Celui qui travaille avec toi : ton patron, ton employé ;

- Celui qui se distrait avec toi au bar, aux jeux, ton voisin de quartier...

- Ton camarade d’école et de classe...

aucun n’est notre ennemi ; tout le monde a droit à mon amitié et à ma prière. Tout homme est vraimeAinsi nt mon frère ».

Enfin semer la fraternité, entretenir le climat de réconciliation avec tous, Monseigneur Biayenda lui-même s’y était appliqué et il a aimé tous ceux et celles qui l’ont approché à en faire une préoccupation fondamentale de leur vie. Le combat pour la vérité et la justice sociale faisaient partie de son programme pastoral.

Il exhorte également les chrétiens à construire le temple spirituel qui est l’Archidiocèse de Brazzaville, pour en faire le lieu de rencontre et de partage des enfants de Dieu.

Après la mort de Mgr Mbemba qui a fortement ébranlé son successeur, Mgr Émile Biayenda l’avoue dans sa première lettre circulaire : « Frères, après une pareille perte, tous vous vous sentez déboussolés, désorientés, désemparés et Nous-même avec vous ».

Mgr Mbemba aura été pour les chrétiens et les citoyens congolais « plus qu’un ami, un frère, plus qu’un frère, un père ; un Pasteur bien-aimé ». De lui, je veux hériter d’« une vie lumineuse et silencieusement rayonnante, avec une âme profondément unie à Dieu ».

En travaillant avec lui et en l’assistant dans sa maladie, Monseigneur Biayenda s’inscrira à une école de foi et de don de soi pour l’Église. Il en retiendra les leçons : « Nous qui avons eu l’immense grâce de l’assister en votre nom à tous, nous savons combien il offrait ses souffrances en sacrifices d’agréable odeur pour la prospérité spirituelle et matérielle de son pays, de son Église, de son Diocèse, de son Clergé et de ses œuvres ».

En allant remercier le Président de la République pour sa contribution personnelle et celle du gouvernement aux obsèques de Mgr Théophile Mbemba, le nouvel Archevêque s’engage à continuer de travailler pour l’unité du pays et le développement moral, spirituel et matériel des congolais.

En réponse et de façon très cordiale, le Commandant Marien Ngouabi reconnaît le rayonnement du christianisme au Congo, l’engagement de Mgr Mbemba pour l’unité du pays. Il rappelle aussi que l’Archevêque défunt s’est, une fois, dérangé pour aller, lui-même, dire au Commandant Joachim Yhombi le mal que causaient aux chrétiens les émissions radiodiffusées par la chaîne nationale. Depuis 1968, constate-t-il, aucun fait ne peut être reproché à l’Église ; s’il y a eu quelques faits regrettables, ils ont été isolés, on ne saurait les généraliser. La Constitution de la République reconnaît la liberté de culte ; des religieuses exercent aussi leur compétence, ici et là, pour le bien de tous, notamment dans les lycées et les hôpitaux.

Enfin, il souhaite que Monseigneur Biayenda revoie le Commandant Yhombi pour l’église de Mpila.

À la fin de la visite, pour la première fois, un journaliste vient recueillir les impressions de l’Archevêque sur sa rencontre, ce 2 juillet 1970, avec le Président de la République.

Textes extraits du livre de
l’Abbé Albert Nkoumbou

 

 


 
 
 
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