Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

La mort est un fait qui nous attend, malgré les progrès médicaux

Le mois de Novembre nous oblige à nous arracher de la terre pour jeter un coup d’œil sur l’au-delà. La mort est un fait inéluctable. Beaucoup d’amis nous ont quittés pour l’éternité. Prêtres et médecins voient mourir comme une multitude de personnes. Il y a même pour eux un danger de ne plus beaucoup penser à l’égoïsme de la mort.

Le progrès de la médecine a reculé de quelques années la mort, mais elle vient toujours très vite, pour chacun. Il y a tant d’âmes qui meurent hélas révoltées et aigries contre Dieu. Beaucoup ont imaginé des distractions pour l’oublier ou y entrer sans y penser. La mort en fait n’est pas un accident, c’est le couronnement de toute vie humaine.

La mort est un renoncement total de notre vie de nous-mêmes que Dieu nous demande. Une âme qui a vécu dans l’observation de la loi entre dans l’éternité pleine de sérénité.

Notre vie sur la terre

Qu’est notre vie sur la terre ? Une lueur scintillante un moment avant de s’éteindre pour jamais. Nous sommes comme ces joueurs sur la scène qui disparaissons bien vite.« Menento homo quia vulcis est et pulverem reverteris ». Que nous le voulions ou non, la mort viendra pour nous effacer de ce monde.

Le monde s’est abusé d’elle et se distrait pour n’y point penser. C’est une folie, car il nous faut contempler en face ces innombrables hommes qui passent et disparaissent dans le tombeau.

Le prêtre est le plus en contact avec ces réalités, mais croyons-nous à notre propre mort, ou quand nous y pensons n’est ce pas comme une vision encore très lointaine ? Considérons ce que nous dit l’apocalypse : « Souvenez-vous donc de ce que vous avez reçu et de ce que vous avez entendu, et gardez-le ; et faites pénitence : car si vous ne veillez, je viendrai à vous comme un voleur et vous ne saurez à quelle heure je viendrai » cf. Apoc.3,3

Bienheureux celui veille. Dieu c’est Tout, l’homme c’est rien. Quand nous serons dans le tombeau nous comprendrons qu’il ne sert rien d’avoir joui de biens de la terre. Alors seulement nous comprendrons aussi combien il sera bon d’avoir consacré notre pauvre existence à la gloire du Dieu et au salut des âmes.

Don entier, sans demi-mesure, sans calcul à Jésus. Euge serne bone...

Bienheureux ceux qui savent bien mourir.

La mort est un fait qui nous attend, malgré les progrès médicaux qui en recule un peu l’échéance. Des milliards ont passé en ce monde et ont disparu de cette planète. L’oubli plane sur ce qui fuit leur existence d’ici-bas et nous aussi nous passerons ainsi, nous serons oubliés comme eux.

Le monde craint la mort et s’efforce de se la dissimuler, mais c’est en vain et en pure perte. Pour le chrétien, la mort c’est l’entrée dans la demeure du Père éternel. C’est elle qui nous délivre des liens de la chair pour nous faire pénétrer dans le royaume des cieux où nous serons revêtus de l’immortalité glorieuse.

Mais pour les méchants c’est la fin d’une vie passagère et l’entrée dans les tourments d’une vie éternelle malheureuse. Oui, aucun jugement, aucune excuse ne vaudront plus encore. Ce qui comptera, c’est notre attitude vis-à-vis du Christ. Le temps de réparer aura passé. Profitons de cette étape d’aujourd’hui pour penser à notre fin dernière. C’est l’entrée dans la vraie vie. Le début d’une extase éternelle.

Jésus, je me confie à vous et je voudrais faire tout sous l’angle de votre amour. Donnez-moi la confiance, la grâce de la grande confiance, de la sainte confiance en vous et le reste ira pour le mieux. « Ayez confiance, moi j’ai vaincu le monde ». Pardon mon Dieu des critiques et faites-moi vivre comme un mort.

Le zèle des âmes

Le zèle des âmes est essentiel dans cette vie apostolique. Il est le moteur qui ranime toutes ces qualités précitées. « Je suis venu sur la terre pour allumer le feu, afin qu’il brûle... » C’est lui qui donne au prêtre la fièvre des âmes, c’est elle la flamme, l’ardeur qui nous fait employer tous les moyens pour sauver les âmes.

Le Christ est allé jusqu’à la mort, les apôtres les saints au martyr pour racheter et sauver les âmes qui étaient en perdition de leur destinée éternelle. Celui qui veut être prêtre au désir du Maître n’aura qu’à les imiter. Saint François de Sales disait qu’on avait tort de se plaindre d’un flambeau qui se brûlait pour éclairer les autres. Ainsi jamais un prêtre ne se dépensera à outrance pour le salut des âmes.

Le monde est actuellement envahi par le matérialisme et l’athéisme. N’attendons pas du ciel les miracles, mais mettons toute notre bonne volonté au service des âmes ; c’est alors seulement que le ciel y mettra du sien.

J’ai promis devant tout le monde de ma connaissance par mon entrée au séminaire à me mettre intégralement au service de Dieu et des âmes. Tout fléchissement volontaire est une lésion et une violation contre cette confiance.

Prêtre, non pour moi, mais pour sauver les âmes.

Émile Biayenda,
Grand Séminariste, Novembre 1956


 
 
 
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