Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

jeudi 6 février 2025


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

ÉMILE BIAYENDA EST UN MYTHIQUE ?

Le mystique engagé pour le développement, Émile Biayenda est un mystique, Il trouve son accomplissement et sa joie dans la rencontre avec le Christ par la prière et la méditation de la Parole de Dieu ; il contemple l’amour de Dieu pour les hommes manifesté en Jésus qui donne sa vie sur la croix. De cette rencontre et de cette contemplation jaillit la pressante nécessité de la mission dans les orientations pastorales et la vie quotidienne. Alors là, au mystique se joignent le sociologue et l’homme d’action pour que l’annonce du salut et de la libération de de l’humanité en Jésus ne soit pas un discours éthéré, sans prise réelle sur la vie des personnes et de la société. La thèse de sociologie qu’il a écrite et soutenue à l’institut catholique de Lyon en 1968 est la preuve de la volonté de l’abbé Biayenda de ne pas dissocier la pratique religieuse de la transformation réelle de la société, l’intelligence de la foi du christianisme et du développement humain intégral.

Émile Biayenda ne se départira jamais de son regard de sociologue pour analyser l’état et les mouvements de la société congolaise qui connait une mutation chaotique mais prometteuse entre d’une part une société traditionnelle forgée au creuset de la solidarité et du respect de la hiérarchie, et d’autre part à une société moderne soucieuse d’un développement économique et d’une liberté à l’égard du carcan traditionnel qui soumettrait la personne à des valeurs surannées.

Le sociologue sait que ce passage est inéluctable, il sait qu’il prendra le temps qu’il faudra, mais le mouvement est irréversible. En pasteur avisé, Émile Biayenda ne fera pas l’éloge aveugle de la tradition ni celui de la modernité ; il voit dans l’une et l’autre des valeurs humaines à explorer et à exploiter pour le bien de chacun et de tous ; il décèle l’une et l’autre des ambiguïtés et des freins à la connaissance de la dignité et de la liberté des personnes, donc un frein au développement social et économique. Depuis 1963, au Congo, les dirigeants politiques ont choisi la voie du socialisme puis du marxisme-léninisme pour assurer le décollage économique et humain de la population. L’Église est considérée par ces dirigeants comme une force rétrograde, un frein au développement intellectuel, culturel et économique des Congolais.

Lorsqu’il accède à l’épiscopat, en 1970, Mgr Émile Biayenda sait que sa tâche ne sera pas facile en ce qui concerne les rapports entre l’Église et l’État. Durant tout son épiscopat, il ne heurte jamais de front les autorités politiques emmurées dans l’idéologie du Parti Congolais du Travail, parti unique qui dirige l’État ; ce n’est pas dans la nature d’Émile de chercher un choc frontal ; ce n’est pas sage de chercher l’affrontement ou de céder aux provocations du camp d’en face ; en tout état de cause l’archevêque métropolitain de Brazzaville est convaincu qu’il n’y a pas deux, mais un seul camp : celui des citoyens congolais.

Il usera à la fois de sa force intérieure, de sa charité fraternelle et de son autorité pastorale pour éviter le heurt qui compromettrait la sécurité des personnes et l’unité nationale. Les incidents et les moments chauds ne manquent pas, mais Émile croit que c’est dans les situations les plus tendues qu’il faut instaurer le dialogue dont les fruits sont toujours un cadeau de l’Esprit de Dieu qui fait grandir le Corps du Christ qu’est l’Église. Le dialogue n’est pas démission, trahison du trésor de la foi, il est une pastorale intelligente et patiente qui permet de faire découvrir que Dieu n’est pas contre le bonheur de ses créatures, mais qu’au contraire, il trouve sa gloire dans l’homme debout et heureux. Son respect et son estime pour le Président de la république, le commandant Marien Ngouabi qui le lui rendait bien ont jeté en terre congolaise la semence de la reconnaissance de l’Église comme un élément qui contribue au développement de la nation.

Au sujet du développement qui doit être le souci et le travail de toutes les composantes de la nation, le pasteur de l’archidiocèse de Brazzaville adresse aux chrétiens, à l’occasion d’un Noël une lettre intitulée « Noël, les chrétiens accueillent le libérateur de tous les hommes » : « Accueillons surtout dans la joie tous les appels de libération qui jaillissent aujourd’hui du sol de notre pays, du cœur de notre peuple congolais. Ensemble, nous luttons pour notre indépendance réelle, pour la libération politique, économique et culturelle de notre pays qui veut grandir dans la dignité et le respect de ses valeurs propres. Notre pays s’est engagé dans la lutte pour la construction d’une société plus juste. Il nous revient à tous de tout faire pour que le socialisme soit vraiment la volonté d’arracher tous nos frères congolais à l’irresponsabilité, pour qu’il soit une invitation à tous à prendre part à la construction nationale ; et qu’ainsi se réalisent chez nous des conditions politiques et sociales permettant à tous de participer à la gestion de notre croissance.

Quotidiennement, chaque homme et chaque femme est appelé à prendre sa vraie place, dans une totale disponibilité ; chrétiens, nous voulons assumer pleinement nos responsabilités. La lutte pour la libération est aussi quotidiennement celle contre la misère, la faim, la maladie, la malnutrition, le chômage, l’analphabétisme. C’est au sein de toutes ces réalités que nous voulons fêter la naissance du Christ. Le Christ vient au milieu de nous pour nous inviter à vivre encore plus conformément la lutte de chaque jour que nous partageons avec tous nos frères. Il veut aussi nous permettre de porter nos libérations humaines à leur perfection, à leur total accomplissement.

Nous connaissons tous les reproches que nous adressent beaucoup de nos contemporains. La religion leur apparaîtrait encore comme un obstacle à la vraie libération de l‘homme, elle encouragerait l’homme à une attente passive de l’au-delà, le dispensant ainsi de faire des efforts afin de transformer cette vallée de larmes en un monde plus humain... Pour nous chrétiens, connaître Dieu et son dessein est une invitation immédiate à participer avec tous les hommes de bonne volonté à la lutte pour la justice et pour la transformation du monde ... » M’Pelo Adolphe Tsiakaka

Abbé Olivier MassambaLoubélo

 

 




 
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