mardi 8 octobre 2024
« Au cours de ma vie deux personnes m’ont profondément marquée et demeurent des appels à mieux servir Dieu, ma première Supérieure, Sr Carreras, Fille de la Charité, et le Cardinal Biayenda »
Sœur Marguerite TIBERGHIEN, est la fondatrice de l’École Spéciale (sise quartier 10 maisons au Plateau des 15 ans). Ayant atteint l’âge de la retraite, elle est donc repartie en France. Avec elle, notre conversation réalisée grâce l’Internet a tourné autour de notre vénéré pasteur le Cardinal Émile Biayenda, qu’elle avait connu.
La Mémoire Biayenda : Ma Sœur, vous avez travaillé au Congo depuis les années 70 et vous avez connu le Cardinal Emile Biayenda, pourriez-vous nous dire dans quelle circonstance vous l’aviez rencontré et de quoi vous parliez ce jour-là ?
Sœur Marguerite TIBERGHIEN : Je suis arrivée au Congo-Brazza, le 25 Août 1972 et j’ai rencontré le Cardinal d’abord à cause de nos rapports avec la Congrégation diocésaine du Rosaire que nous avions pour mission d’encadrer et ensuite au Secrétariat de l’Archevêché ; Ce qui m’a frappée immédiatement, c’était sa simplicité et son désir de faire les choses comme il fallait qu’elles soient ; je n’ai pas souvenir particulier de la première rencontre !
La M.B. : Vous l’avez donc connu Archevêque de Brazzaville, alors qu’est-ce qui vous a le plus marqué en lui ?
Sr M.T. : C’était un Homme de bonne volonté, soucieux de bien remplir son devoir, et aussi un homme bon ; il s’inquiétait du développement rural et du sort des Veuves.
La M.B. : Que savez-vous de sa mort ?
Sr M.T. : Je l’ai apprise au sortir de la messe du matin, à Jésus Ressuscité ; la veille, j’étais passée à l’Archevêché ; le Cardinal était assis sur le balcon du vieil évêché ; il avait un petit chapelet rouge à la main ; je l’ai salué ; c’est tout ... j’aurais voulu qu’on garde son geste de bénédiction ; lorsqu’on avait retrouvé son corps : la main gauche serrait sa croix et la droite était levée en signe de bénédiction...
La M.B. : Depuis juin 2003, l’Église du Congo a introduit à la Sacrée Congrégation pour les causes des saints, son dossier sur sa Cause de Béatification et de sa Canonisation, avez-vous un mot à dire à propos ?
Sr M.T. : Non, je ne suis pas spécialiste de ces questions ...mais je serai très contente que la béatification soit officielle !
La M.B. : Ma Sœur, vous avez travaillé au Congo et vous avez aussi créé, une école spéciale pour les enfants déficients. Dites-nous quelle a été la réaction du Cardinal en apprenant votre préoccupation ?
Sr M.T. : L’école spéciale a d’abord été un simple cours d’alphabétisation pour les Mamans de la paroisse de Jésus Ressuscité ; et elle s’est agrandie rapidement ; des inquiétudes se sont élevées sur la légitimité de ce cours, car tout l’enseignement avait été nationalisé ; le Congo était alors en régime marxiste léniniste !
J’avais obtenu l’autorisation du Ministère de l’Éducation Nationale et je suis allée demander au Cardinal de venir bénir nos Mamans-étudiantes, ce qu’Il a fait très simplement, avec beaucoup de bienveillance et d’encouragement ; il avait parlé en Lari, en Lingala et en Français ; nous avons toujours considéré le Cardinal comme le vrai fondateur de l’École Spéciale et son portrait est en place d’honneur ...et de 1975 à 1977, le Cardinal s’est intéressé à l’aventure de ce cours devenu École Spéciale et recevant en plus des Adultes, des jeunes déscolarisés et des handicapés mentaux, toujours gratuitement, grâce à la générosité de nombreux donateurs...
La M.B. : Avez-vous un message particulier que vous pouvez adresser à la chrétienté du Congo-Brazzaville, qui vient de célébrer une Année en souvenir du vénéré pasteur, le bon Cardinal Émile Biayenda ?
Sr M.T. : Ayant eu le privilège de travailler un peu au Secrétariat du Cardinal, j’ai été marquée par sa bonté, son désir de bien faire (je l’ai déjà dit) et aussi par les pardons qu’Il savait accorder. Car Le Cardinal rencontrait des contradictions, quelquefois des manques d’égards.
La M.B. : Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Sr M.T. Il y a au cours de ma vie deux personnes qui m’ont profondément marquée et demeurent des appels à mieux servir Dieu, ma première Supérieure, Sr Carreras, Fille de la Charité, décédée en 1962, à l’Institut Technique de Loos, dans le Nord de la France, et le Cardinal Biayenda. Voilà !
Très cordialement, je vous remercie de m’avoir honorée dans votre journal.
Propos recueillis par
G. YENGO DIATSANA
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