jeudi 7 novembre 2024
Par l’Albert NKOUMBOU
Au sein de l’Église Catholique nous avons une multitude de mouvements d’apostolat, de confréries, de fraternités, d’instituts séculiers, de congrégations, de spiritualités, etc. Ils sont ou devraient être une chance pour l’Église, autant de branches et de fruits en abondance, qui sont attachés au Christ Jésus, la Vraie vigne du Père. (Jn 15). C’est du Christ qu’ils doivent recevoir leur sève, leur dynamise de croissance leur verdeur. Ce que chaque mouvement de l’Église vit envers le Christ devient en miniature ce que chaque membre de ce mouvement est et fait : appartenir au christ, vivre du christ, être une pierre vivante du même temple de Dieu.
Le Bon Cardinal Émile BIAYENDA, aujourd’hui reconnu « Serviteur de Dieu », a vécu dans l’Église et a partagé sa foi. Ce que nous enseigne le catéchisme sur l’appartenance à l’Église et le témoignage de vie qu’il exige a été pour lui des priorités de sa vie chrétienne et sacerdotale. Pour faire bref, notons quelques lignes d’une interview, accordée au Père Chartrier à Lyon 1973. Il déclarait : « Mes soucis ? C’est d’abord, bien sûr, cette Église du Congo que je voudrais voir se développer et s’implanter dans la fidélité au Christ et à l’Évangile. C’est la formation de la chrétienté avec un laïcat non pas assoiffé de récupérer quelque place à l’autel, mais surtout conscient qu’il lui faut occuper sa place, baptismale et sacerdotale ; je dirai : sa place pascale, dans la société des hommes ; un laïcat témoin et fier de la Parole du Christ, un laïcat responsable devant Dieu… Mais, mon souci le plus lourd c’est, évidemment, le clergé ».
Le Cardinal BIAYENDA désirait voir un clergé uni et dévoué au service de Dieu dans la société ; des missionnaires étrangers en fraternelle collaboration avec les autochtones (pas les pygmées, bien sûr !). (Cf. p, 134, de « Cardinal Émile Biayenda, martyr de la foi chrétienne au Congo, de Albert NKOUMBOU).
Ayons donc le courage de poser la question : où en sommes-nous de notre vie dans l’Église et du partage de la foi, aujourd’hui ?
Réflexion à compléter avec un texte du Cardinal Joseph Ratzinger (Pape) sur « Comprendre l’Église » - dans son livre « Voici quel est notre Dieu » p. 242 - Ed. Plon / Mame, 2001 -
« Seigneur, à qui irions ? Tu as des paroles de vie éternelle » (Jn 6, 68). C’est l’épisode de la décision de la foi des Douze, après le discours de Jésus sur le pain de vie (Jn 6).
Nous enthousiasmer pour le Seigneur est une chose ; s’engager à sa suite, avec tout ce que cela peut impliquer de don de soi et de fidélité en est une autre. Notre époque est marquée par la peur de s’engager et cette peur peut se répercuter dans notre histoire spirituelle. On a peur de s’engager, y compris pour Dieu. Un des exemples les plus concrets est le mariage religieux parmi les chrétiens catholiques, même chez les responsables des mouvements d’apostolat et autres. Les raisons et les prétextes sont ici légion et les prêtres qui en parlent agacent.
L’important, pour correspondre à la grâce prophétique, au charisme particulier de la Confrérie, est de choisir Dieu, de se décider pour lui. Ce choix n’est pas réservé aux saints et il ne s’agit pas d’un acte d’héroïcité. Il ne signe pas une force d’âme peu commune ou un courage exceptionnel. Il est possible à chacun, dans la mesure où l’Esprit l’a interpellé.
Ce choix n’est pas celui d’un instant ; il doit demeurer dans le temps, malgré les éventuelles (ou habituelles) tempêtes. Il faut une volonté affermie par la foi pour vivre une telle détermination sans laquelle le Saint Esprit, donc l’Esprit prophétique, ne peut pas vraiment prendre racine.
Le Bon Cardinal Émile BIAYENDA n’a pas attendu d’être prêtre, Évêque et Cardinal pour choisir de vivre avec le Christ de manière déterminée et définitive. Dès son jeune âge comme enfant de Chœur à Kindamba, il accueille et s’ouvre avec détermination à la grâce prophétique du sacerdoce. Avec lucidité, il précise les deux sources majeures de sa vocation (pour le sacerdoce) à laquelle il va consacrer le reste de sa vie. Il s’agit d’abord du témoignage de vie édifiant des Pères et des Frères de la mission Catholique saint Théophile de Kindamba et de la bienveillance de Dieu envers sa famille, notamment avec la naissance de l’unique fille des enfants : ta Semo et ma Biyela, Lozi Françoise en religion Sœur Solange Lozi. (Cf.p.30.)
Sa détermination de choisir le Christ est pieusement manifestée le 12 octobre 1950, jour de l’entrée au Grand séminaire. Il écrit cette prière : « Jésus, bon Maitre, Marie, ma mère, je tremble en songeant à l’acte qui s’opère, au pas que j’ose porter sur le chemin du sacerdoce. Suis-je vraiment digne de le faire ? Suis-je à même de mériter pareille grâce ? Mon Dieu et mon tout, me voici, car avec vous je peux tout ; dirigez-moi, éclairez-moi et rendez-moi de plus en plus conscient de mon acte » (Cf.p.38). Il y reviendra le jour de son ordination sacerdotale, le dimanche 26 octobre 1958. Il en parle avec des larmes aux yeux. (cf. p.51)
Ayons donc le courage de poser la question : où en sommes-nous de notre détermination de choisir le Christ dans l’Église Catholique, dans notre paroisse, dans notre foyer, dans notre lieu de travail, dans notre Confrérie Cardinal Émile BIAYENDA ?
L’adhésion à une spiritualité donnée ou à un groupe n’est pas l’apanage des saints, de ceux qui sont purs, ou des experts de la foi. Au contraire, appartenir à un groupe doit être le signe visible d’une foi qui veut sans cesse se nourrir et se sentir soutenue pour un témoignage chrétien plus fécond. Bien sûr, tous les chrétiens, membres du Corps du Christ, l’Église, ne sont pas associés à une spiritualité donnée. Pour utiliser une expression de nos paroisses congolaises, il y a plus de « non – groupés » que de « groupés » dans l’Église.
Appartenir à un groupe ou même prier ensemble avec d’autre chrétiens est voulue par Jésus lui-même : « là ou deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt. 18, 20). Parlant ainsi, Jésus n’a pas défini les qualités ou aptitudes de ceux qui se réunissent. L’important est ailleurs : dans cette réunion même et en son nom. Si l’on se rassemble, à deux ou à deux cents au nom du Christ, pour le chercher, pour se mettre à son écoute, être nourri par Lui, alors, Il est là !
Là où Jésus est présent, là également souffle le Saint-Esprit. Et c’est le Saint-Esprit qui revêt les groupes et mouvements chrétiens d’une grâce prophétique. Voilà pourquoi il faut s’interdire absolument de sous-estimer l’action que l’Esprit veut ou peut accomplir dans et par un groupe de prière.
Le bon Cardinal Émile Biayenda, comme chrétien adulte et comme prêtre a donné son adhésion à des groupes et spiritualités. Nous retenons notamment : La légion de Marie ; la Fraternité séculière Charles de Jésus. Il est légionnaire dès sa formation au Grand Séminaire de Brazzaville (cf.p.45.). Il sera plus tard, comme prêtre, aumônier diocésain et national de la Légion de Marie. Avec d’autres prêtres de l’Archidiocèse, il sera membre de la Fraternité séculière Charles de jésus (Charles de Foucault) jusqu’à sa mort. Sa dévotion au Sacré-Cœur (Cathédrale de Brazzaville) lui vaudra une invitation et une brillante intervention au Congrès international des prêtres à Paray-le-Monial (septembre 1974) - (cf.p.147).
A cela il faut ajouter d’autres dévotions majeures de sa vie :
- Saint Thérèse de l’Enfant Jésus - (Cf. p.147 ; 174 n)
- Le Saint Curé d’Ars, Jean-Marie Vianney (cf.p.62)
- Les Saints Martyrs de l’Ouganda (cf.p.116-117)...
Comme pasteur, il était très attentif et bienveillant envers les groupes de piété et d’apostolat déjà institués ou naissant dans l’Église du Congo...
A.A.NK.
Dans la même rubrique