LA MÉMOIRE BIAYENDA

Incivisme coupable

Les mois d’octobre et de novembre 2015 ont arraché des sanglots, des larmes sans mesure, des pensées troublantes, des interrogations sans réponse, des blessures intérieures qui interpellent notre foi chrétienne et notre conscience civique. Et pour cause ? La banalisation des souffrances d’autrui et les frustrations causées et orchestrées par la campagne électorale du référendum du 25 octobre 2015.

A Brazzaville et à Pointe-Noire, des Congolais, des êtres chers à d’autres Congolais sont morts. Qu’ils soient deux comme la mouvance et l’opposition ou quatre comme les quatre points cardinaux du pays, ils sont morts et ils étaient des Congolais. Des commerces nourriciers dont les propriétaires sont pour la plupart hors de l’arène pseudo-démocratique ont été impitoyablement saccagés. Il y a eu certainement des excès de la part de quelques individus : gros poissons du fleuve ou minables fretins de rivière, de même acabit et tous ivres de patriotisme délinquant.

La banalisation et le mépris (jusqu’à l’ironie) des souffrances d’autrui, l’instrumentalisation politique de la mémoire de ceux-là qui ont payé de leur vie, à tort ou à raison, donnent un haut-le-cœur et interrogent notre conscience commune. Que devient donc notre conscience sociale et nationale ? Pourquoi les acteurs politiques de notre pays nous entraînent si facilement dans leur dérive endémique ? Pourquoi nous ne savons pas résister à la haine sournoisement semée ici et là, au vandalisme permanent et toujours aux aguets, à l’incivisme cynique qui gargarise sans gêne des malheurs du voisin ?

Il faut, maintenant et encore, que les Français et tous Paris en larmes nous fassent des leçons sur l’unité nationale et sur le respect des morts et des familles éprouvées. Que les âmes des Congolais fauchés par les intérêts politiques et partisans reposent en paix. C’est le mois de novembre !

Abbé Albert NKOUMBOU