jeudi 12 décembre 2024
Durant son épiscopat, le Cardinal Émile Biayenda fait montre d’une grande sollicitude pour l’éveil et l’entretien des vocations sacerdotales et religieuses, les maisons de formation des serviteurs et servantes de Dieu. Il insiste incessamment sur la prière pour les vocations : Le premier à qui et avec qui nous devons parler des vocations, c’est le Seigneur lui-même, lui, le Maître de la moisson. C’est lui-même qui nous le demande et il nous indique comment nous y prendre. Le Seigneur le sait et nous le savons : c’est lui Dieu qui appelle qui il veut et quand il veut, bref en temps opportun. Mais lui-même Dieu nous fait comprendre qu’il ne veut pas choisir sans nous : par respect de notre liberté, Dieu a voulu avoir besoin des hommes. Jésus insiste fermement : « Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Lc 10,2).
Le Cardinal Émile Biayenda est un évêque délicat et plein de bienveillance pour les ouvriers apostoliques. Il partage avec eux les joies et les peines de la mission évangélique. Par des sessions, des prédications, des exhortations de toutes sortes, il approfondit avec eux l’identité du prêtre, l’essentiel de la vie religieuse, l’exigence de l’engagement : « Cet engagement est exigeant : il nous demande de ressembler le plus possible au Christ que nous représentons dans la communauté, et au nom de qui nous agissons… ». Ou encore : « Le secret de notre vie sacerdotale (comme doit l’être celui de la vie consacrée et de la vie chrétienne…), c’est d’avoir cru à l’amour de Jésus-Christ, et d’y avoir répondu pour en vivre toujours…Le secret de la vie de Jésus lui-même, c’est son amour pour son Père : le Père est tout pour lui. « Le Père est en moi, et je suis dans le Père. Le Père et moi, nous sommes Un ». Partout, dans la vie du Christ, depuis l’enfance jusqu’à la mort sur la croix, c’est la quête de la volonté de Dieu ».
Devenu Supérieur des deux Congrégations religieuses laissées par Mgr Théophile Mbemba, les Frères de St Joseph et les Religieuses Congolaises du Rosaire, il va se dédier, avec générosité, à leur promotion spirituelle et matérielle. Les autres familles religieuses bénéficient de la même sollicitude quand les nécessités l’exigent ; les parents des missionnaires sont accueillis ou visités avec prédilection. De nouvelles familles religieuses arrivent aussi dans l’Archidiocèse : les Pères Salésiens à la Paroisse Charles Lwanga de Makelekele, les Petites Sœurs des Pauvres à « Notre Maison » pour les personnes âgées, à la Cathédrale ; les Sœurs Carmélites, pour le Monastère Notre-Dame. Celles qui sont déjà sur place apprécient également l’esprit de franche collaboration de Mgr Émile Biayenda : « J’ai rencontré Émile Biayenda à l’occasion de chacune de mes visites aux communautés de Voka, de Mouléké, et de Ouenzé. J’ai été, chaque fois, impressionnée par son écoute intense, son humilité si sincère qu’elle paraissait toute naturelle.
Je garde aussi le souvenir de quelques mots de remerciement qui m’ont bouleversée. Je suis heureuse que sa Cause soit en bonne voie et je demande au Seigneur d’honorer son serviteur pour sa plus grande gloire et le bonheur de son peuple ».
Sœur Marie-Rénée Le Gal exprime les mêmes appréciations, quand elle confie : « Je suis arrivée à Brazzaville le 3 mars 1976, suite à la demande du Cardinal Émile Biayenda à la Supérieure Générale de la Compagnie des Filles de la Charité, à Paris, pour aider les Sœurs Congolaises de Notre-Dame du Rosaire. J’ai été très bien reçue par le Cardinal. Je puis témoigner que c’était un homme de foi, d’amour de son peuple et de tous. Toujours égal dans sa bonté sans aucune restriction. Assez longtemps avant sa mort, qu’il pressentait, son attitude a été la même. La veille de sa mort, il est venu me rendre visite comme d’ordinaire : toujours bon, calme, un véritable « Homme de Dieu », dans toute la force du terme. Notre peine a été immense : la certitude que c’était un Saint nous a aidé dans l’épreuve ».
Pour le reste, le Cardinal Biayenda a beaucoup encouragé et il a toujours participé aux sessions de formation permanente, aux retraites spirituelles des ouvriers apostoliques de son diocèse. Il a été bien récompensé par le nombre croissant des ordinations sacerdotales et épiscopales, des professions religieuses, qu’il a présidées ou concélébrées.
Les ouvriers apostoliques laïcs, en particulier les catéchistes méritent la même attention du bon pasteur. Il sait les exhorter à la formation, les réconforter dans leur deuil, ou les engager à participer à des pèlerinages ou aux travaux des Institutions de l’Église universelle.
C’est ainsi qu’il a fermement soutenu M. Paul Kaya, membre du Conseil de l’Entente, lorsqu’il est nommé membre de la Commission Pontificale « Justice et Paix », le 17 juillet 1972.
L’Évangélisation de proximité qu’il a toujours pratiquée sera appuyée au niveau de son Magistère épiscopal par des Lettres circulaires multiples, des lettres pastorales, qui l’ont rendu éducateur et ami de tous, des prédications inoubliables, profondes et prophétiques. Voici les principales Lettres pastorales :
Ces Lettres, étant diffusées et travaillées en sessions dans les paroisses et les groupes d’apostolat, vont servir à susciter le dynamisme de l’apostolat des laïcs, la naissance des Fraternités Féminines chrétiennes, la création des groupes pour l’évangélisation de l’Enfance « les Yamboté », des jeunes « Kisito » et « jeunes Témoins du Christ », etc. Il va, sans cesse, veiller à maintenir l’existence du Centre d’Études et de Recherches Chrétiennes (C.R.E.C.).
Pour enraciner le renouveau catéchétique dans les zones de campagne, le Cardinal Biayenda va faire construire un Centre catéchétique à la paroisse Ste Monique de Kinkala. Le projet ne sera fini qu’après lui, au temps de Mgr Bathélemy Batantu. A Brazzaville et dans les zones rurales, plusieurs paroisses et communautés religieuses vont également connaître leur implantation ou leur rénovation grâce au dynamisme pastoral du Bon Cardinal.
Le Cardinal Biayenda a toujours cherché à rendre visible la mission de promotion humaine de l’Eglise par :
- une attention particulière aux faibles et déshérités ;
- un engagement personnel aux côtés des Frères de St Gabriel, pour l’implantation à Brazzaville d’un Institut pour les jeunes handicapés (sourds, muets, aveugles) ;
- un Centre d’hébergement et de soins des personnes âgées, « Notre Maison », confié aux petites Sœurs des Pauvres ;
- une croissance soutenue des Centres de Polios de Bacongo et Moungali, avec des antennes paroissiales, en ville et dans les campagnes ;
- la promotion du Centre hospitalier de Linzolo, animé par les Sœurs de St Joseph de Cluny ; etc.
Dans ses rapports avec l’État congolais, il s’est continuellement investi à établir un dialogue sincère et des rapports sans compromis avec les autorités politiques, administratives, civiles et militaires. Il a défendu, avec fermeté, la liberté de culte des confessions religieuses chrétiennes, le patrimoine foncier et les moyens de communication de l’Église. Il s’est engagé, de façon personnelle, à assister et à intervenir en faveur :
- du Père Gérard Soudant, chassé de Loulombo (Des Chavannes) ;
- des Condamnés à mort du putsh du M 22 ;
- du Père Paul Sigward, jeté en prison ;
- des réfugiés Cabindais dans la zone de Dolisie (Loubomo) ; etc.
Sa Thèse de Doctorat en Sciences Sociales, sur le développement, lui permettait d’avoir des vues et des analyses assez pertinentes sur les problèmes d’autofinancement de l’Église locale et de développement du pays. La succession à Mgr Théophile Mbemba lui a fait hériter de sérieux problèmes financiers. Il a fallu vite résoudre les problèmes de déclaration des salaires du personnel et des cotisations à la caisse de Prévoyance Sociale ; la dette de l’État congolais envers l’Imprimerie St Paul, la situation financière des prêtres diocésains, etc.
Il a fallu se doter des structures d’autofinancement et ne pas renoncer à tendre la main à Missio, Misereor, Secours Catholique, Église en détresse et à certaines représentations diplomatiques présentes à Brazzaville. Ainsi :
- des villas à faire louer ont été construites ;
- deux fermes pour élevage des bœufs, porcs et poulets ont été lancées, à Comba-Miyaya (Mindouli) et à Mfilou (Brazzaville), confiées aux Frères de St Joseph ;
- une menuiserie à St Jean (Brazzaville), confiée aux Frères de St Joseph ;
- la construction du garage auto de l’Archevêché ;
- l’entretien des maisons de formation religieuse assuré ;
- des paroisses secourues.
La Conférence Épiscopale du Congo (C.E.C.)
Le Cardinal Émile Biayenda a été, durant plus d’un mandat, Président de la Conférence Épiscopale du Congo. Avec les autres membres de cette institution, il a travaillé à harmoniser la pastorale d’évangélisation selon le Concile Vatican II. A titre indicatif, des titres sont à retenir.
- Pastorale des fidèles en situation matrimoniale irrégulière ;
- Liturgie (messe, mariage, baptême et confirmation), approfondissement de l’expression de la foi chrétienne africaine ;
Vie et ministère du prêtre congolais, sa formation permanente ;
- Rôle et place des laïcs dans la vie de l’Église ;
- Accord sur le mariage mixte.
Les travaux sur l’évangélisation ont porté sur cinq lignes de force :
- L’imitation du Christ ;
- L’importance du mot vivre (en chrétien) ;
- La mission ecclésiale : Église évangélisée et évangélisatrice, signes ou témoignages visibles de l’évangélisateur...
- La mission universelle ;
- L’évangélisation est toujours un acte de foi...
La vie religieuse dans l’Église du Congo a également polarisé l’attention du Cardinal Biayenda et ses compères de la C.E.C :
- Vocation religieuse ;
- Fondation d’une « Société religieuse » ;
- Caractéristiques communes et particulières de chaque famille religieuse ;
- La vie communautaire, etc.
A partir de 1974, la proposition d’un rythme de travail de la C.E.C., dépendant des Synodes des Évêques sera en exécution, pour un travail plus efficace et harmonisé. Il en sera de même de la mise à jour de l’organigramme des structures ecclésiales catholiques des Diocèses du Congo.
Abbé Albert Nkoumbou
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