LA MÉMOIRE BIAYENDA

LES FAIBLESSES DES PHARAONS

Dans nos familles africaines, dans nos Églises locales et leurs divers mouvements, dans nos multiples institutions sociales et politiques : il se trouve quelques individus qui se comportent en « Pharaons ». Le Pharaon est le puissant roi d’Égypte, de jadis, qui était quasi- ment un être mythique, l’image même du pouvoir absolu. Celle-ci, paradoxalement, se révèle souvent pleine de faiblesse. La Sainte Bible nous en dit plus et nous instruit.

Le Pharaon d’Abraham est déjà une figure ambiguë : il accueille le patriarche à bras ouvert mais Kidnappe sa femme Sara, que ce dernier avait fait passer pour sa sœur (Gn 12, 10-20). Ce geste traduit bien l’inconstance capricieuse de l’homme de pouvoir.

Le Pharaon de Joseph est quant à lui un être inquiet : affligé de rêves mystérieux, il est tributaire de l’astuce du jeunes fils d’Isaac qui parvient à devenir le véritable maître de l’Égypte, parce que le vrai roi n’est pas du côté de la politique, mais bien de ce- lui de l’intelligence (Gn 42).

Le Pharaon de l’Exode est un être complexe. Certes, il faut le ranger par- mi les ennemis d’Israël, mais comment le blâmer tout a fait ? Le texte ne cesse de répéter que c’est Dieu qui endurcit son cœur (Ex 7,13), si bien que la terrible punition qu’il subit dans la mer de Sûph (mer rouge) à quelque chose d’un peu injuste.

Sans doute prouve-t-il ainsi que les rois et tous les Pharaons de notre vie quotidienne sont des jouets dans les mains du véritable Tout-Puissant et que le pouvoir humain à beau faire forte impression, il ne tient pas face à Celui de Dieu. Que dire de plus ? Une prière : « Seigneur, apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse » (Psaume 89,12).

Abbé Albert NKOUMBOU