Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

vendredi 13 septembre 2024


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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Les Petites sœurs des Pauvres : 40 ans de présence au Congo

Dans quelques jours nos vaillantes religieuses des Petites sœurs des pauvres venues au Congo le 28 novembre 1975, sur demande du Cardinal Émile Biayenda vont commémorer leur 40 ans de présence au Congo au service des personnes âgées. Sur les notes de l’Abbé Albert Nkoumbou et avec la sœur Dominique de la Sainte Famille, l’une des quatre premières religieuses de ladite Congrégation arrivée au Congo en novembre 1975, qui aujourd’hui âgée de 82 ans, nous faisons la genèse de leur arrivée.

Le vendredi 28 novembre, le réveil a été très matinal à la résidence épiscopale. Le Cardinal Biayenda a tenu à être présent à l’aéroport international de Maya-Maya.

Quatre Petites Sœurs des Pauvres dont Marie Madeleine de la Passion, Emmanuelle Marie de l’Annonciation, Thérèse Diosep de Marie et Dominique de la Sainte Famille doivent arriver en compagnie de leur Mère Économe Générale Sr Thérèse. L’attente se prolonge, la récitation silencieuse du chapelet apaise l’impatience du Prélat qui attendait l’atterrissage de l’avion prévu pour 5h10, mais qui atterrit finalement à 7h10. Sœur Dominique se rappelle encore de leur arrivée au Congo.

« A notre descente d’avion, nous sommes dirigées dans les bureaux de contrôle de police à l’aéroport de Maya-Maya, Son Éminence le Cardinal Biayenda nous y attendait déjà. Après les civilités d’accueil, c’est lui qui a pris nos passeports et s’est occupé personnellement de nos formalités de police.

Ensuite, il nous a conduit dans une voiture apprêtée par lui pour nous conduire jusqu’à la Cathédrale en passant par l’hôpital Général. » La joie est retrouvée et les vœux de bienvenue remis à qui de droit. Le cahier-journal s’en souvient : « Qu’elles soient les bienvenues, qu’elles soient en bonne santé et que leur dévouement et leur activité soient rayonnants ! Christ-Roi et Marie et Joseph les protègent toutes !  ».

Après leur installation dans un appartement qui abritait jadis les Sœurs de St Paul, sis derrière les cimetières de la Cathédrale, l’actuelle Maison Mère des Religieuses du Rosaire, le Cardinal Émile Biayenda les entretient à tête reposée. « Il nous montre ensuite le site qui abritera notre futur maison. C’était une brousse à l’époque. Et dans l’après midi, il nous fait visiter la Case De Gaulle, résidence de l’Ambassadeur de France » dixit sœur Dominique.

Après cet accueil chaleureux, le Cardinal Biayenda devait quitter les sœurs car, le lendemain matin, il s’envolait pour Boundji, dans la région de la Cuvette. C’est la fête religieuse de l’ancien élève de Boundji devenu prêtre, évêque et cardinal. A son arrivée à Boundji, le Cardinal est accueilli avec dignité, à 17h 00, par les Kani (sages) du la localité, qui lui offrent un cabri imposant. Le dimanche 30 novembre 1975, la fête est chrétienne parce qu’à Boundji, on est chrétien dès le sein maternel. A la messe pontificale, le Cardinal Biayenda donne l’homélie en français.

Sœur Dominique

Le texte écrit qui ne fait pas deux pages est vite oublié pour une envolée où souvenirs, histoire de l’évangélisation et exhortation à la fidélité au Christ naviguent ensemble. La traduction en langue mbochi est parfaite et commentée. Les chants et les cérémonies sont impeccables, tout comme le banquet qui est un grand et débordant de nourritures exotiques. Et lui-même le Cardinal raconte dans son cahier journal que « l’après-midi, il y a danses folkloriques. Nous faisons ensuite notre pèlerinage au vieux Boundji, au cimetière et à l’Alima. Après cela, il y a soirée récréative au cours de laquelle est mimée toute l’histoire de Boundji, de sa fondation à ce jour. Nous avons ensuite un cocktail chez les Sœurs. La magnifique journée s’achève ainsi. Pour tout, merci Seigneur ».

Le lendemain, après la bénédiction du « Calvaire », entre St Benoît et le vieux Boundji, le Cardinal est reçu à Owando. Le Vicaire Général, M. l’Abbé Émile Okoumou, s’occupe de son ancien confrère du Grand Séminaire avec humour intarissable et taquineries arrosées de vin de palme bouilli. Les eaux sombres et taciturnes de la rivière Kouyou passent leur chemin, non loin de la Cathédrale Christ-Roi.

Les chrétiens sont édifiés, leurs pasteurs sont vraiment des fils de ce pays ; merci aux Missionnaires qui ont ouvert les mystères du sacerdoce et la plénitude de l’épiscopat aux fils du Congo...

Mercredi, 4 Février 1976 : Visite de la Mère Provinciale des Petites Sœurs des Pauvres. Elle vient d’Algérie pour se rendre compte des conditions de vie de ses quatre sœurs envoyées au Congo. Avant son départ, elle est l’hôte de l’Archevêque de Brazzaville.

Lundi, 9 Février 1976 : Le soir, à 17h30, le Cardinal Biayenda préside personnellement une réunion des responsables des œuvres caritatives des paroisses avec les Petites Sœurs des Pauvres en vue de la cérémonie de la pose de la première pierre.

Lundi, 08 Mars 1976 : Le Délégué apostolique informé de l’arrivée au Congo des Petites Sœurs des pauvres vient les rendre visite et en profite de jeter un coup d’œil sur le site où sera construit le nouveau bâtiment des sœurs des Pauvres ainsi que l’imprimerie St Paul, le Noviciat et le Juvénat.

Une partielle de quelques personnes âges peu avant la prière

Le samedi 19 juin 1976, dans l’après-midi, le Cardinal Biayenda prend part à une petite cérémonie qui réunit une centaine de personnes sur le chantier destiné à accueillir « Notre Maison », un complexe hospitalier pour personnes âgées. Son Éminence le Cardinal bénit la première pierre d’une série de bâtiments à construire y compris une chapelle. « Notre Maison » pourra abriter et soigner 80 vieillards. Le Cardinal a déjà obtenu de confier cette œuvre à la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, fondée en 1839, par Jeanne Jugan.

L’infatigable Père Jean Morizur et son œuvre du « Chantier de la mission devraient assurer les constructions. Son Excellence M. Daniel Nkouka-Mbemba, Ministre de la Santé et des Affaires Sociales y avait représenté la République Populaire du Congo ; c’est lui qui a procédé à l’acte rituel de la pose de cette première pierre », déclare sœur Dominique.

Le projet à réaliser prévoit : quatre bâtiments de chambres individuelles, un bâtiment salle à manger, cuisine, buanderie, un bâtiment avec (au rez-de-chaussée) des locaux d’accueil, de loisir et service médical et (à l’étage) la résidence pour la communauté religieuse qui s’occupe de l’ensemble.

Le 4 février 1977, le premier pavillon de la maison des vieilles personnes est achevé. En retour, les Petites Sœurs des Pauvres ont du sourire et des prières à lui offrir. Elles font le tour de certains centres caritatifs pour recenser tous ceux et toutes celles qu’elles pouvaient prendre en charge.

Une vue de « Ma Maison » des Petites Sœurs des Pauvres

Le samedi 19 février 1977, avant l’ouverture officielle de « Notre Maison », les fraternités féminines catholiques qui ont déjà pris racine dans la vie de l’Archidiocèse et quelques responsables laïcs sont venues nettoyer les cours de la paroisse Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville. Du haut de la vieille résidence où il les voit travailler, le paisible regard du Cardinal Biayenda leur apporte sa bénédiction, avant qu’il descende pour leur apporter quelques mots d’encouragement.

Le mardi 22 février 1977, soit un mois avant son assassinat, la joie de l’Archevêque de Brazzaville se trouve aussi complétée par les Petites Sœurs des pauvres qui accueillent leurs premiers pensionnaires. Une œuvre du Cardinal Biayenda vient d’entrer dans les archives de l’Église du Congo. La toute première messe d’action de grâce dans cette chapelle avait été dite par le Père Morizur. C’est le Cardinal Biayenda qui le lui avait demandé à cause de son programme très chargé.

Le mercredi 2 mars 1977, le Cardinal Biayenda réconforté, se donne lui-même des motifs d’espérer un avenir plus serein pour le diocèse qu’il conduit. Il s’en va rendre visite aux Petites Sœurs des Pauvres et à leurs premiers pensionnaires. Visite considérée comme un au revoir aux sœurs.

Rappelons que, les Petites sœurs des pauvres sont une congrégation religieuse fondée à Saint-Servan-sur-Mer (Ille-et-Vilaine) par Sœur Jeanne Jugan, dont la maison mère se trouve actuellement à Saint-Pern en Bretagne et qui s’est engagée dans une action caritative internationale, pour l’accueil et le soin des personnes âgées pauvres et isolées. Elles opèrent dans de nombreux pays du monde :

Afrique : Algérie - Bénin - Congo Brazzaville - Kenya - Nigéria • Amérique du Nord : USA • Amérique du Sud : Argentine - Chili - Colombie - Pérou • Asie : Corée - Hong Kong - Inde - Malaisie - Philippines - Sri Lanka – Taiwan - Turquie • Europe : Angleterre - Belgique - Écosse - Espagne - France - Irlande - Italie - Malte - Portugal • Océanie : Australie – Nouvelle-Calédonie – Nouvelle-Zélande - Samoa Occidentales et elles sont plus de 2 500 petites sœurs des pauvres.

La congrégation est aujourd’hui établie dans trente-et-un pays, sur les cinq continents. Des personnes auxquelles les sœurs apportent leur soutien sont pour la plupart des laïcs et quelques fois des ouvriers apostoliques. La Maison est ouverte à des organisations inspirées et à des bienfaiteurs qui apportent leur aide sans distinction.

En dehors des trois vœux habituels de religion – chasteté, pauvreté et obéissance – elles ajoutent le vœu d’hospitalité envers les personnes âgées pauvres.

Abbé Albert Nkoumbou
& G. Yengo Diatsana

 

 




 
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