Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

BRÈVE PRÉSENTATION DU CARDINAL ÉMILE BIAYENDA

Cérémonie de débaptisassions de l’avenue Foch, en avenue Cardinal Émile Biayenda

La nation congolaise a rendu le 5 juin 2015, un hommage au premier Cardinal congolais, Émile Biayenda, décédé le 22 mars 1977. En effet, le Président de la République au terme de la cérémonie de débaptisassions de l’avenue Foch, qui part de la Mairie centrale à la Cathédrale Sacrée Cœur de Brazzaville, en avenue Cardinal Émile Biayenda, conformément à une délibération du Conseil départemental et municipal de Brazzaville, a déposé une gerbe de fleurs sur sa tombe, dans la Cathédrale Sacré Cœur. Signalons que la pancarte où avait été inscrit le nom du vénéré pasteur a été dévoilée par le président du Conseil départemental et municipal, le député Hugues Ngouélondélé. Voici la présentation du Cardinal Émile Biayenda faite par M. l’Abbé Yzéno Rhod Sakani, Secrétaire Chancelier de l’Archevêque de Brazzaville

 

Excellence Mr le Président de la République et Madame,
Excellences Nosseigneurs les Évêques,
Mesdames et Messieurs, Membres du Gouvernement,
Mr le Député -Maire de la ville de Brazzaville,
Mesdames et Messieurs, dans vos grades, rangs et qualités

Je viens, conformément au programme établi pour cette circonstance, vous donner lecture de la biographie d’Émile Cardinal Biayenda.

Qui est le Cardinal Émile Biayenda ?

Le Cardinal Émile Biayenda, de nationalité Congolaise, est né en 1927 à Mfinka-Bitungu (Maléla-Bombé, non loin de Vinza dans le Département du Pool au Congo-Brazzaville).

Il reçoit le Baptême le 7 mai 1938. Il est admis au sacrement de la Très Sainte Eucharistie le 8 mai de la même année. Il reçoit le sacrement de Confirmation le 19 avril 1939, à Kindamba (toujours, non loin de son village natal). Il devient sous-diacre le 6 novembre 1957 ; diacre le 23 février 1958 ; prêtre le 26 novembre 1958, à Brazzaville (capitale du Congo). Il est ordonné Évêque le 17 mai 1970 à Rome (Italie). Il est créé Cardinal le 2 février et reçoit la barrette cardinalice le 5 mars 1973.

Il est mort, après un enlèvement de sa résidence cardinalice, le 22 mars 1977.

Son corps repose depuis lors dans la cathédrale « Sacré-Cœur » de Brazzaville, à côté de celui du premier Archevêque Congolais de Brazzaville, Monseigneur Théophile Mbemba.

I. Études Faites

Comme tout jeune Congolais de son époque, Émile a fait ses études régulièrement. A la différence des conditions actuelles d’études et de transport, il a du affronter la fatigue de la route et celle du fleuve. En effet, pour ses études, il est amené à faire plusieurs dizaines de kilomètres à pied et plusieurs miles ou kilomètres en pirogue.

Parti dans une école primaire au Nord du pays (lui est originaire du Sud), il en ressort avec la vocation de devenir prêtre. Il est donc envoyé au petit Séminaire Saint Paul de Mbamou (Département du Pool), avec quelques autres jeunes sortis de la même école que lui, d’autres en provenance d’autres écoles. Pendant sa formation au petit Séminaire, il se fait remarquer par son assiduité aux cours, par son obéissance aux supérieurs du Séminaire, et par de très bons résultats scolaires. Il y est présent de 1944 à 1950.

C’est de toute évidence que l’on trouve dans les archives de la Direction du Grand Séminaire Émile BIAYENDA (Grand Séminaire qui porte son nom après sa mort), la mention : « Excellent séminariste. Modèle des auxiliaires ».

Après le Petit Séminaire, il est admis au Grand Séminaire LIBERMANN de Brazzaville de 1950 à 1958. C’est intéressant de souligner l’idée qu’il se fait de l’étape de sa vie à laquelle il accède en entrant au Grand Séminaire. C’est un extrait de son cahier-journal du jeudi 12 octobre 1950 : « Jésus, bon Maître, Marie, ma mère, je tremble en songeant à l’acte qui s’opère, au pas que j’ose porter sur le chemin du sacerdoce. Suis-je vraiment digne de le faire ? Suis-je à même de mériter pareille grâce ? Mon Dieu et mon tout, me voici, car avec vous je peux tout ; dirigez-moi ; éclairez-moi et rendez-moi de plus en plus conscient de mon acte ».

C’est dans cet esprit qu’il va se préparer à l’ordination sacerdotale qu’il recevra le dimanche 26 octobre 1958 que lui-même décrit de la manière suivante : « … C’est le Saint jour de mon ordination sacerdotale, à la Cathédrale, pendant la messe pontificale commencée à 9H30. Quand nous arrivons, la cour est déjà comble de monde. J’ai récité mon chapelet suppliant la Sainte Vierge d’être là et de bien vouloir être la gardienne indéfectible de mon Sacerdoce. Je suis plein d’émotion. Les larmes me viennent aux yeux quand je vais prendre place à la banquette et pendant l’imposition des mains de l’Évêque et plus de 30 prêtres qui sont là. Je pleure. De tout mon cœur, j’acquiesce à devenir prêtre et à le rester toute ma vie et aussitôt, une joie indicible m’est montée au cœur, en même temps qu’un généreux désir de voir tous mes autres confrères devenir un jour prêtres comme moi, ainsi plusieurs autres enfants devenirs prêtres, religieux et religieuses ». (cf. Cahier-journal, n° 4).

Émile Biayenda est docteur ès Sciences Sociales de l’Université Catholique de Lyon, le 25 février 1969.

II. Émile Biayenda : prêtre, Évêque et Cardinal

Tout le monde, presque, s’accorde à reconnaître que Émile BIAYENDA est un bon, humble et saint prêtre. Homme d’écoute et très simple, il a travaillé, dans l’obéissance et avec sagesse, là où il est envoyé.

Après avoir été Vicaire Épiscopal (21 février 1970), Chargé des Œuvres sociales, il est nommé Archevêque Coadjuteur de Brazzaville le 7 mars 1970. Il est ordonné Évêque le 1er mai 1970. C’est le 14 juin 1971 que Mgr Émile BIAYENDA devient Archevêque de Brazzaville, avec la mort de son prédécesseur, Mgr Théophile MBEMBA.

Le 2 février 1973, Mgr Biayenda est informé par le Délégué Apostolique du Congo que le Saint Père Paul VI vient de le choisir comme Cardinal de la Sainte Église Romaine.

C’est un homme de Dieu comblé tant sa montée est fulgurante. Mais, il demeure calme et égal à lui-même dans sa simplicité et dans son goût de s’en remettre toujours au Seigneur lorsque quelque chose de précieux et d’inattendu s’opère dans sa vie. Il ne se gêne pas de souligner que c’est dans la prière qu’il se réfugie lorsqu’un événement, lié à de nouveaux services pour lesquels il est sollicité, surgit.

C’est l’image et la réalité d’un prêtre, d’un Évêque et d’un Cardinal engagé pastoralement, solide spirituellement et fort intellectuellement qu’Émile BIAYENDA laisse à l’Église de Brazzaville.

III. Mort du Cardinal : contexte sociopolitique

Quatre jours avant la mort du Cardinal (le 22 mars), le Président de la République meurt, plus précisément le 18 mars 1977. Beaucoup de gens proposent au Cardinal de s’éloigner de Brazzaville, pour échapper à la mort qui devient de plus en plus certaine. La réaction du Cardinal est celle du Bon Pasteur qui ne peut abandonner ses brebis : « où laisserais-je ce peuple qui m’a été confié ? Je ne peux abandonner ce peuple. Je ne partirai jamais », répond-il à tous ceux qui lui proposent de fuir.

Émile Cardinal Biayenda, Pasteur intrépide et apôtre de la paix, ton nom reste à jamais incrusté dans les cœurs des filles et fils du Congo qui te rendent hommage en ce jour où nous procédons à la « débaptisassions » de cette avenue qui portera désormais ton nom.

Je vous remercie !

Abbé Yzéno Rhod SAKANI
Secrétaire Chancelier de l’Archevêque de Brazzaville

 

 


 
 
 
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