mardi 5 novembre 2024

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LA MÉMOIRE BIAYENDA

 
 
 
 

« Saint Paul nous a laissé de nombreux conseils dans ses lettres dont les extraits nous sont lus tous les dimanches »

Mes chers Frères,

Notre joie est grande de nous retrouver aujourd’hui dans notre Petit Séminaire de Mbamou en la fête de la Conversion de saint Paul : ce saint qui est auprès du Seigneur.

Cette date a été également choisie pour ma première visite au petit séminaire et à toute la population de la région de Mbamou. Au milieu de vous, nous allons célébrer cette messe de louange, de remerciements et d’action de grâces.

Aussi, à l’issue de cette cérémonie, nous sommes particulièrement heureux de vous transmettre à tous au nom de Notre Saint-Père le Pape Paul VI, de notre Archevêque Mgr. Théophile Mbemba, de tous les confrères dans le sacerdoce, de tous nos cadets venus de St. Jean et de tous les parents, les souhaits de paix, de sincère amour fraternel, et d’union intime de cœur dans le Christ « Mbotieno ba yaya ».

C’est pour nous un pèlerinage à Mbamou en l’honneur de Saint Paul, un pèlerinage en ce lieu privilégié et choisi par le Seigneur depuis 60 ans.

C’est en 1911 que Mgr. Augouard vint construire Mbamou après qu’il avait retiré les prêtres de Kialou (l’actuel Vinza).

Le nombre si grand de partisans venus de tous les horizons à ce culte et à la fête de ce jour rappelle les immenses foules qui jadis de partout et de très loin vinrent ici, à la recherche de la parole de vie, de la vérité et du salut.

Ici aussi les Congolais vinrent apprendre les premiers éléments de culture de la vie moderne.

Ici défilèrent les écoliers en immense bande. Des hommes, des femmes, des enfants reçurent le baptême et les autres sacrements par milliers. Ils apprirent ici à aimer, à prier Dieu et à se sanctifier.

Quand Kinkala se transporte à son site actuel, et que le chemin de la Minière qui devint le C.F.C.O. emprunta la vallée de la Madzia, le centre spirituel devint Kibouendé. Mais dès 1939, on regarda de nouveau vers Mbamou pour en faire le centre du Petit Séminaire qui deviendra définitif à partir de 1950.

Oui, mes chers frères, séminaristes, parents et paroissiens rassemblés ici, l’évocation de ces quelques faits historiques de notre maison peuvent nous aider à mieux profiter de notre séjour ici, si long, si court, si momentané soit-il.

L’envahissement où se trouve aujourd’hui notre Petit Séminaire, nous fait revenir à l’esprit ce proverbe des anciens : « Ngoma ba gadila ku sangi, tumbukila ku gata » (le tam-tam que je fabrique dans le silence des bois fera un jour danser le village). Ainsi pensaient les anciens des efforts que certains de la société déployaient pour acquérir des connaissances dont l’usage par après était utile à tout le monde et faisait la joie et le bonheur de tous.

Ainsi de vous, chers Pères, chers Frères et chers cadets qui pour l’étude de votre vocation et par amour du Christ et des âmes, avez accepté à venir vous enfermer au petit séminaire. Tout cela s’opère dans la patience et le renoncement, sans bruit. Cependant, sans vous en douter, notre regard et notre espoir, comme vers une planche de salut sont tournés ici à Mbamou, comme nous les tournons vers Saint Jean et vers le grand séminaire Libermann. Les chrétiens du diocèse de Brazzaville lorsqu’ils se penchent sur le problème religieux de notre pays se tournent instinctivement vers ces maisons.

Aussi, ce matin, notre cœur est plein d’enthousiasme et de reconnaissance envers le Seigneur qui nous réunit ainsi à l’occasion de la Saint Paul.

Puisse également la population de Mbamou comprendre l’honneur qui lui est dévolu en ayant dans la région ce sanctuaire qui est comme une nouvelle Nazareth où se forment les futurs serviteurs de Dieu.

Puisse-t-elle comme autrefois en d’autres pays où avaient été établis des couvents et des monastères profiter de ce qui se fait ici et faire prendre mieux conscience de la réalité de Dieu au nom duquel et pour qui l’Église du Congo en principe accepte d’éduquer les jeunes gens qui se présentent à elle.

Puisse-t-elle avec beaucoup de respect et de délicatesse d’âme traiter cette maison en le faisant non pas pour son compte unique mais en esprit de complémentarité au nom des parents et de toute la chrétienté de notre Diocèse.

Cela implique pour chacun le respect à porter autour du règlement que les petits séminaristes doivent suivre. Cela implique à fournir au marché du séminaire ce dont il a besoin, sans faire du chantage autour des prix.

Cela implique que l’on s’occupe de l’apostolat autour de soi et dans la région pour que le Directeur qui est en même temps le Curé soi un peu déchargé pour s’occuper au mieux de la bonne marche du séminaire. (Action pratique : la restauration de la case du catéchuménat).

Aujourd’hui, fête de la conversion de St Paul ! Il fut dur et intraitable contre les croyants en Christ. Mais le Seigneur l’aimait parce qu’il était sincère en tout ce qu’il faisait et Il se convertit sur le chemin de Damas à sa cause. Cette cause pour laquelle il valait la peine de combattre, jusqu’à l’épuisement et jusqu’à la mort sanglante du martyre.

Monseigneur Paul BIECHY qui fonda ce petit séminaire a choisi Saint Paul pour être « l’ange gardien » et le modèle à imiter. Saint Paul a pu écrire à la fin de sa vie. « J’ai gardé la foi, j’ai combattu le bon combat ». Il nous a laissé de nombreux conseils dans ses lettres dont on nous lit des extraits tous les dimanches.

• Concorde et volonté de paix : (Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si vous avez entre vous quelque sujet de plainte. Comme le Seigneur vous a pardonné, vous aussi, pardonnez (Col. 3,13)).

• Appel à la foi : (Réjouissez-vous sans cause dans le Seigneur, je le répète : réjouissez vous. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes (Phil. 4,4-5)).

• Conscience professionnelle : « Que celui qui volait ne vole plus, qu’il prenne plutôt la peine de travailler honnêtement de ses mains pour pouvoir donner à qui se trouve dans le besoin » (Eph. 4,28)).

• Contre l’intempérance : (Ne vous enivrez pas de vin : c’est une source de débauche. Au contraire, remplissez-vous de l’Esprit).

• Esprit communautaire : « Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui sont dans les pleurs » (Rom. 12,15).

Saint Paul fut l’apôtre des Gentils, des peuples païens qui étaient hors de la nation juive. Nous aussi, nous étions de ses ouailles et de son bercail.

« Wa dia fua yika dio » Que le souvenir historique de Mbamou et de l’intrépidité de ses pionniers missionnaires : prêtres et laïcs nous aide et nous pousse à nous dévouer tous les petits et grands, chacun là où nous a placés la Divine Providence.

Que la célébration solennelle de Saint Paul en cette année de grâces nous aide à oublier la nonchalance du passé pour écrire avec le Seigneur une meilleure page de l’avenir.

Mgr Émile Biayenda,
24 janvier 1971, au Petit Séminaire St Paul de Mbamou

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