mardi 5 novembre 2024
Par M. l’Abbé Olivier Massamba Loubélo
Dix-neuf ans de vie au service de l’Église comme prêtre, dont neuf comme évêque, ce n’est pas beaucoup apparemment ; mais celui dont je vais présenter ici les traits forts de la vie sacerdotale est un homme exceptionnel qui n’a pas eu besoin de nombreuses années pour livrer à l’Église qui est au Congo et à toute la nation congolaise la pleine mesure des dons que Dieu lui avait faits.
De 1958, année de son ordination presbytérale à 1977, année de sa mort, Émile BIAYENDA se révèle comme un ami du Christ et un ami des hommes qui sait compter sur la force de Dieu.
« Demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9). Cette parole de Jésus dans l’évangile de Jean que l’abbé Émile BIAYENDA avait choisie comme devise pour son ordination presbytérale est le condensé de sa conception du sacerdoce ordonné ; et comme chez lui, le penser et le vivre doivent aller de pair, il s’est efforcé de faire de cette parole un guide pour sa vie, à la manière du psalmiste : « ta parole est une lampe sur mes pas » (Ps 118, 105). Le prêtre n’est pas d’abord un homme chargé de poser des actes cultuels ou religieux, ni de donner les sacrements, ni même d’enseigner l’évangile pour faire des adeptes.
Être prêtre c’est, avant toutes choses, s’attacher à la personne de Jésus Christ comme les sarments sont reliés au tronc de vigne qui leur donne la sève vivifiante. Connaître Jésus, c’est tout pour lui ; et le connaître c’est vivre dans son intimité grâce à la prière, à lecture des saintes Écritures, à la célébration de l’Eucharistie et au sacrement du pardon.
C’est à ces sources que celui qui est appelé à être serviteur de ses frères dans l’Église doit puiser et boire s’il veut être au milieu d’eux l’image du Christ, car le prêtre est « alter Christus ». Voici ce qu’en dit Émile BIAYENDA : « Le prêtre, lui, que fait-il ? Pour moi, je ne sais pas exactement ce que dit la théologie soi-disant d’après Concile... Je m’en tiens à ce que disait la théologie d’hier, dite dépassée. Elle disait en effet : « Sacerdos alter Christus » (le prêtre est un autre Christ). C’est une expression très dense de sens et de signification ».
En effet, il apparaît clairement dans les écrits et la vie de l’abbé BIAYENDA que l’identité du prêtre est conférée par Jésus lui-même qui l’appelle à être son ami pour qu’il puisse agir en lieu et place de Celui qui est venu donner la vie en abondance : « Je ne vous appelle serviteurs... Je vous appelle mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jn 15, 15).
Cette théologie de l’identification au Christ ne saurait être dépassée ; Émile BIAYENDA, avec fermeté, appelle à ne pas la rejeter comme un modèle d’avant le concile Vatican II : l’attachement à Jésus et la fidélité à ses commandements sont le socle de la vie presbytérale. Il y a là non seulement une théologie du sacerdoce mais aussi et surtout une spiritualité du prêtre qu’il soit religieux ou diocésain. De ce point de vue, le prêtre diocésain n’a pas à être complexé devant le prêtre religieux sous le faux prétexte que ce dernier a une spiritualité qu’il tient de son ordre ou congrégation, tandis que lui, en serait dépourvu.
La préparation au sacerdoce, durant les années de séminaire est vécue par Émile BIAYENDA comme une avancée et un approfondissement dans cette connaissance de Jésus qui est union au Sauveur. Ses formateurs et condisciples depuis le petit jusqu’au grand séminaire ont toujours été frappés par son attrait à la prière ; c’est un garçon qui a une piété profonde et sans ostentation. Il a une dévotion mariale très forte ; devenu prêtre, il sera aumônier national de la Légion de Marie. Relevons quelques réflexions de l’abbé BIAYENDA lors de sa retraite d’ordination diaconale, du 19 au 23 mars 1958 :
« Notre ministère n’est pas fondé sur nos propres capacités, mais sur le Christ. C’est son programme à lui que nous devons suivre. Étude, vie intérieure, vie d’évangile sont les moyens que Dieu attend de nous pour continuer sa mission ». Au cours de cette même retraite, il écrit ceci qui illustre bien la place essentielle de son attachement à Jésus par la prière : « Seigneur Jésus, donnez-moi de vous chercher toujours toute ma vie. Pour que nous soyons forts et gardions en nos âmes la vraie joie, donnez à tous les hommes le goût de prier » (Adolphe TSIAKAKA, Emile Biayenda, grandeur d’un humble, p.64).
Voici encore d’autres réflexions d’Émile qui vont dans le même sens : « Seigneur Jésus, Vous qui m’avez guidé à Vous, Vous qui avez guidé mes pas pendant cette longue et grande montée, ce soir, plus que jamais, je viens implorer votre sainte assistance pour que, fidèle à Vous, je le reste à jamais dans ces saints engagements et solennelles prestations d’amour que je vais faire à la fin de cette retraite ».
« Que je Vous cherche, que je Vous connaisse, Vous aime et m’attache à Vous indéfectiblement jusqu’à ma mort. Mes misères, mes incapacités pourront servir, Seigneur, si je sais tout attendre de Vous... »
« Le prêtre doit être un adorateur. Il doit savoir cesser ses activités pour aller dans le désert causer avec le bon Dieu. Adorer le Christ dans le silence. Lui demander le sens de longs moments vécus à ses pieds. Prier pour les âmes, prier à leur place... »
« Jésus, vous êtes mon ami. Je vous appartiens avec tout ce que je suis et possède. Jésus, je voudrais être avec vous la main dans la main, comme deux amis » (Retraite de préparation à l’ordination sacerdotale, du 19 au 25 octobre 1958, in A.T. pp. 65-66).
L’abbé BIAYENDA est de la race des mystiques : il cherche sans cesse le Seigneur, il se prépare intérieurement sans désemparer à la rencontre de l’Ami. Il est alors disposé à répondre à l’appel du Christ qui a l’initiative d’envoyer en mission : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; c’est moi qui vous ai choisis afin que vous partiez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16).
Le même Christ qui appelle veut que les disciples qu’il envoie l’aiment à fond, comme il veut s’en assurer pour Simon-Pierre à qui, par trois fois, il demande : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15). Pour se voir confier la charge du troupeau, il faut que Pierre affirme son attachement à Jésus, attachement que celui-ci ne va pas contester malgré le triple reniement de Pierre.
Il n’y a pas de doute, Émile a compris que le prêtre n’est pas un fonctionnaire du culte qui remplirait bien ses tâches pastorales ; s’il se comporte ainsi, il court le risque de s’épuiser dans un activisme incapable de révéler aux fidèles la personne même du Christ qui est le Sauveur des hommes. La fécondité du ministère pastoral ne découle pas d’abord des aptitudes humaines du prêtre, mais de sa disponibilité à se laisser habiter par le Christ, à être avec Lui « main dans la main, comme deux amis ».
C’est la vie intérieure qui donne sens et richesse aux activités pastorales puisque dans la prière et la lecture des saintes Écritures, le prêtre entend la voix du Seigneur qui lui commande ce qu’il doit faire et enseigner aux hommes dont il lui a confié la charge. Imiter Jésus lui-même qui est venu non pas pour faire sa volonté mais celle de son Père, telle doit être la disposition intérieure de celui qui est appelé au sacerdoce pour qu’il ne soit pas un mercenaire qui abandonnerait le troupeau en cas de danger.
A la veille de son ordination sacerdotale le samedi 25 octobre 1958, Émile se confie à Jésus dans la prière, en ces termes :
« Ô Jésus, me voici à la veille de ce grand jour où du pauvre de moi, vous allez faire votre prêtre, votre instrument d’intercession entre vous-même et les hommes. Jésus, vos desseins ne sont pas ceux des humains. Vous écrivez seul droit sur des lignes brisées. Moi le néant, moi le pauvre, vous m’avez gardé sur ce chemin et demain me permettrez de franchir le seuil ! »
« Le sacerdoce, ce n’est pas pour rire. Vous me confiez une mission, une mission d’amour auprès de mes frères. Vous savez, vous, Seigneur, comme cela est dur en nos jours présents, mais ce que je vous demande, c’est cette grâce de me sentir toujours pauvre et néant pour m’appuyer sur vous et ne jamais rien risquer sans vous ».
« A vous mon sacerdoce pour que vous en soyez glorifié et pour que des âmes nombreuses par lui soient sauvées. Tout ce qui m’attend, vous le savez et comme un mendiant, que j’aie toujours mes regards sur vous. Tout à vous, tout aux âmes pour vous aimer et aller vous chanter un jour au ciel. Jésus, aidez-moi. Jésus, soutenez-moi et plutôt mourir Seigneur que devenir un infidèle et un indigne prêtre. Je me donne à vous, je me consacre à vous pour toujours jusqu’à ma mort ».
La prière de l’abbé BIAYENDA, à la veille de son ordination, est sans conteste le serment de fidélité, de confiance et d’amitié que le tout futur prêtre fait à Jésus qu’il reconnaît comme son ami et son maître. Il n’est pas encore prêtre, il le sera le lendemain par l’imposition des mains de son évêque, Mgr Michel BERNARD ; mais dans le cœur d’Émile, ce jour du dimanche 26 octobre 1958, fête du Christ-Roi, va être la consécration de cette amitié tissée avec Jésus depuis son baptême. Je me risque de dire qu’Émile, sans pour autant mépriser l’autorité de l’Église à qui le Christ a donné le pouvoir d’appeler au sacerdoce et de le conférer (qui a connu Émile savait son immense respect pour l’autorité de l’Église), pense que l’ordination sacerdotale ne transforme pas fondamentalement un homme qui ne s’est pas préparé dans la fréquentation de Jésus à consacrer sa vie au service de ses frères. Émile mesure le poids et la difficulté de la charge, car pour lui, être prêtre est plus une charge, une responsabilité qu’une promotion, un honneur ; cette conviction n’aura pas pris chez lui une ride quinze ans plus tard, lorsqu’il est nommé cardinal par le pape Paul VI :
Le prêtre peut se sentir démuni devant cette mission à cause de ses préjugés, de son histoire personnelle, de ses limites humaines, et se refuser d’aller au-delà de lui-même. Dans son ministère sacerdotal, Émile n’a pas été à l’abri de ces situations en face desquelles nos capacités humaines défaillent, notre volonté et notre liberté sont bloquées ; sa lucidité spirituelle lui faisait comprendre qu’il était pauvre et néant ; c’est alors qu’il savait s’appuyer sur la force de Dieu, à l’image de l’apôtre Paul qui écrit : « C’est lorsque je me sens faible que je suis fort » (2 Cor12, 10).
Pauvre et néant, voilà comment se décrit lui-même Émile, cet ami du Christ aux vertus humaines et chrétiennes reconnues, au zèle apostolique avéré. Voilà comment doit se décrire tout prêtre de Jésus—Christ dans la sainte Église catholique. Il sera encore plus près de Jésus dans la prière afin que sa grâce ne lui fasse jamais défaut ; il découvrira qu’il ne peut pas s’attribuer ce qu’il appelle ses réussites pastorales, mais qu’il les doit à l’Esprit de Jésus qui guide l’Église depuis le commencement.
Le sacerdoce est une responsabilité tellement vitale pour l’Église et l’humanité que celui à qui elle est confiée doit chaque jour être vigilant à entretenir et à faire fructifier le dépôt qu’il a reçu du Seigneur ; pour cela, il doit s’imposer une discipline personnelle basée sur l’intimité avec le Christ d’une part, et sur le zèle apostolique et le respect des fidèles d’autre part. Voici, à ce sujet, quelques points de la règle que se donne le tout jeune prêtre Émile BIAYENDA ; elles sont empruntes de sagesse évangélique et humaine :
« 1. Dans l’administration : ce sera au nom du Christ et comme le veut et le demande son Eglise notre mère ;
2. Horreur de tout ce qui sent la simonie ;
3. Être infatigable à prodiguer aux âmes les trésors de la grâce du Seigneur par les sacrements et sacramentaux dignement administrés ;
4. Beaucoup estimer le ministère auprès des malheureux et des malades. Leur offrir mon amitié, mais au nom du Christ ;
5. Estimer les visites des gens à domicile, mais avec toute la prudence voulue ;
6-Ma sanctification et la conversion des pécheurs tiendront de mon oraison et de ma sainte Messe, de mon chapelet, de mes lectures spirituelles ; assiéger le Christ au Tabernacle et lui dire tout ;
7. Combattre la médiocrité : étudier sans cesse, ne passer plus tard aucune journée sans avoir rien fait en ce domaine, avoir toujours un ouvrage en chantier ;
8. Préparer mes sermons dans l’amour et l’inspiration par Marie. Éviter les improvisations ;
9. Me savoir partout, en tout et pour tout, prêtre du Seigneur qui a mission de le faire connaître et aimer des autres par son message appuyé du témoignage de ma vie ;
10. Lutter contre tout complexe dans n’importe quel milieu. Croire à l’amour du Seigneur et rayonner sa joie ;
11. Aimer les âmes, chercher leur bien réel, communier sincèrement à leurs souffrances ;
12. Être excessivement prudent avec elles, particulièrement avec les enfants et les filles ;
13. Avoir en honneur mon célibat généreusement embrassé par amour pour Jésus, y voir une source d’immenses grâces que le Christ m’accordera pour la conversion des pécheurs ;
14. Parler et prier pour les vocations ;
15. Savoir obéir : me convaincre sans cesse que mes actions ne seront d’Église, utiles aux âmes et bénies de Dieu que dans la mesure où je serai uni à l’Église par mon évêque et mes supérieurs ;
16. Dans l’apostolat, ne pas bouder les trouvailles des autres. Les adopter, les faire miennes » (in A.T. pp 68-69).
Je ne voudrais pas ici examiner in extenso chacun de ces points de la règle que l’abbé BIAYENDA s’est donnée comme ligne de conduite. Tout prêtre peut les examiner et se rendre compte qu’ils sont des balises et des garde-fous précieux. Le plus important ici est de découvrir qu’Émile BIAYENDA prend au sérieux son sacerdoce et qu’il se donne les moyens d’être fidèle au don que Jésus lui a fait pour ses frères. Saint Paul se stimule en écrivant ces mots plein de zèle apostolique : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile » (1Cor 9,16) ; c’est dans le même esprit que l’abbé BIAYENDA écrit, à la veille de son ordination sacerdotale ces mots qui sont en conclusion de la règle :
« ... plutôt mourir, Seigneur, que de devenir un jour un infidèle et un indigne prêtre ». Prendre soin de sa propre âme c’est à coup sûr pour le prêtre l’un des meilleurs moyens de prendre soin du troupeau que le Seigneur lui confie, car on n’est pas prêtre pour soi-même mais pour le peuple de Dieu. » Ce n’est pas à un exercice volontariste qu’il se soumet ; c’est le regard tourné vers le Christ, le prêtre par excellence, qu’il avance et espère remporter la victoire. Devenu évêque, il redira pour les prêtres l’exigence incontournable d’une vie évangélique authentiquement centrée sur le Christ comme voie d’une vie sacerdotale fructueuse et épanouissante : « ... exigence de fidélité à la parole donnée et à l’engagement contracté, exigence de générosité capable d’aller, à l’exemple du Christ, jusqu’au sacrifice , non seulement des biens matériels, mais aussi de sa propre vie, exigence de chasteté et de pauvreté pour une charité qui urge, exigence de discipline et de hiérarchie selon la volonté du Père et de l’Esprit Saint qui assigne à chacun et selon l’ordre, une fonction pour le bien de tous, comme il est dit dans 1’épitre aux Corinthiens.
Quoi qu’on dise, la vraie liberté chrétienne ne peut s’obtenir que dans l’obéissance : comme il est écrit dans le livre des Prophètes : « Je t’écarterai de mon sacerdoce, toi qui méprises la discipline ». Et toutes les exigences du sacerdoce que semblent rejeter les théories actuelles ne peuvent être abolies au profit de certaines théories ambiguës et mal à propos. Pour empêcher que beaucoup de vocations n’aillent à la dérive, il faut sans crainte présenter une vie évangélique authentiquement centrée sur le Christ et témoigner du sérieux de la Parole de Dieu ». (in A.T. p.l 13).
Sachant qu’un engagement sans tergiversations est impossible à tout être humain même engagé sur le chemin de la sainteté, Émile, lorsqu’il est nommé évêque, choisit comme parole de vie : « Sur ta parole, Seigneur, je vais jeter les filets » (Lc 5,5). Il a longuement médité sur l’attitude de Simon-Pierre au bout d’une nuit de pêche infructueuse ; lassés, ses compagnons et lui-même rangent le matériel pour aller se reposer avec l’inquiétude que la nuit suivante ressemble à celle qui vient de s’achever. Mais voilà que Jésus de Nazareth, charpentier de métier, lui dit d’avancer au large et de jeter les filets... C’est le matin ; Pierre sait d’expérience que sur le lac, ce n’est pas le moment propice pour prendre du poisson en quantité ; mais il donne du crédit à la parole de Jésus, il obéit, et le résultat ne se fait pas attendre. Mais pourquoi donc Pierre ne demande-t-il pas à Jésus de s’associer à eux pour créer une entreprise de pêche prospère ? Au lieu de cela, il abandonne son métier pour se mettre à l’école d’un Maître auprès duquel il n’aura jamais fini d’apprendre que l’amour et la confiance en Dieu sont le secret de la réussite du pêcheur d’hommes.
Ce ne sont pas sur ses qualités personnelles qu’Émile BIAYENDA compte ; il sait qu’il doit tout au Christ qui a le pouvoir de faire en sorte que même les misères et les incapacités du prêtre servent à manifester la grandeur de Dieu. Il faut que le prêtre soit saint, c’est-à -dire qu’il s’engage résolument à mettre en pratique les conseils évangéliques qui ne sont pas l’apanage des religieux ; il faut qu’il se dépouille de ce qui l’empêche d’être libre pour accueillir l’appel toujours renouvelé à avancer au large ; il doit commencer à se dépouiller de ses certitudes et de sa propre volonté.
Ce qui affleure ici encore c’est cette conception d’identification au Christ de l’être et de l’agir du prêtre : Jésus, en entrant dans le moment suprême du don de sa vie, prie Dieu : « Père, non pas ma volonté, mais la tienne ». Commentant cette disposition de notre Seigneur, Emile BIAYENDA écrit : « Le Christ, c’est celui qui fait la volonté du Père. Et que veut le Père ? Le Père veut que ce monde soit dans l’ordre. Le Christ, c’est celui qui annonce la loi de l’ordre : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ne fais pas à l’autre ce que tu ne veux pas que lui te fasse... » Alors le prêtre, comme le Christ, sera celui qui fait et annonce la volonté du Père ; celui qui proclame par sa parole et par sa vie :» aimons-nous comme des frères « . Le prêtre, c’est celui qui unit, qui rassemble les hommes divisés par la haine. Le prêtre, c’est celui qui réconcilie ceux qui se sont brouillés. C’est en me considérant humblement, sans prétention aucune, avec toute ma faiblesse, comme « alter Christus » (un autre Christ), que moi, prêtre, je sais qui je suis et ce que je dois m’efforcer de vivre chaque jour.
En résumé, comme le Christ, je suis envoyé, apôtre, je dois annoncer la Parole de Dieu, je dois faire ce que Dieu veut, à savoir unir les hommes par la loi d’amour comme les enfants d’un même Père. Et cela, le monde en a besoin, en aura toujours besoin autant qu’il a besoin de nourriture et d’argent. Et cela, c’est du travail capable d’occuper pleinement une vie humaine, tout un prêtre, et c’est là toute sa vie » (in A.T.pp 114-115).
A suivre
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