Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Quelles leçons tirées des 38 ans de la disparition du Cardinal Émile Biayenda ?

La mort du bon Cardinal Émile Biayenda est une source intarissable de messages évangéliques. Autrement dit, son départ vers le Père n’est autre chose que l’évangélisation qui a atteint son apogée. En effet, sa mort précipitée tire son origine dans celle du Christ, qui a donné sa vie pour le salut de l’humanité. Ce qui nous donne l’occasion de dire que l’assassinat de Biayenda est une voie sans retour de salut pour l’Église et tout le peuple congolais. Ce salut dont les dérivées sont entre autres, l’obéissance, l’unité et la paix. Des leçons à tirer des 38 ans de cet événement tragique, d’autant plus que ce dernier en a fait ses vertus durant toute sa vie.

 

Le bon Cardinal Émile Biayenda était un pasteur vertueux. Il a incarné la finitude humaine. D’ailleurs la perfection en soi, c’est Dieu lui-même. En fait, dès son initiation à la vie sacerdotale, Émile Biayenda a fait preuve de maturité dans l’obéissance à son directeur de séminaire, le Père Jean Pierre Morizur d’heureuse mémoire. Après avoir cassé une dame jeanne, celui-ci sans autres formes de procès lui ordonna de trouver une autre de substitution. Ce que fit le jeune séminariste Émile Biayenda qui quitta le séminaire Saint Paul de Mbamou pour se rendre à pied chez ses parents à Kindamba, son village natal.

Fr. Roland Michel Mamba Bouesso

Outre cela, pendant le stage vacances à la paroisse Saint François d’Assise, là aussi, le Curé de la paroisse lui ordonna de vider une fosse sceptique à l’aide d’un sceau. C’est en guise d’obéissance à Dieu et à la préservation de son initiation à la vie sacerdotale qu’il va se mettre en exécution de ses supérieurs. Cette obéissance va rebondir lorsque celui-ci se rendra au commissariat central sur ordres des policiers où il fut arrêté innocemment entre le 9 février et le 24 mars 1965. Douze ans, jour pour jour, après sa sortie de prison, il en sera l’illustre Martyr, par son assassinat du 22 mars 1977. Pour préserver un climat de paix dans le pays après l’assassinat du président de la République, le Commandant Marien Ngouabi, il sacrifia sa vie. En effet, accepter de mourir pour le Christ et pour ses frères est l’obéissance à l’Évangile la plus élevée qui soit.

En tous cas, le Cardinal Émile Biayenda était toujours animé par le souci de voir tous les peuples se trouver autour du corps du Christ, l’Unificateur et Sauveur de tous les hommes. C’est ainsi que le bon Cardinal Biayenda déclare peu avant sa mort : « A tous nos frères, croyants, du Nord, du Centre et du Sud, en souvenir du Président Marien-Ngouabi, nous demandons beaucoup de calme, de fraternité et de confiance en Dieu, Père de toutes races et de toutes tribus, afin qu’aucun geste déraisonnable ne puisse compromettre un climat de paix, que nous souhaitons tous »

Dépouille mortelle du Cardinal Biayenda

Comme souligné dans ce message, il a préféré volontairement la mort, afin que la paix ne soit pas compromise.

Dans cette optique, il y a lieu de dire que le déclenchement de sa cause de béatification et de canonisation est fondé.

En définitive, l’Église et tous les hommes de bonne volonté sont appelés à mettre à profit les vertus d’obéissance, d’unité et de paix pratiquées par le bon Cardinal Émile Biayenda. Par l’obéissance, les différentes ethnies du Congo doivent impérativement mettre en pratique les orientations du bon Cardinal lorsqu’il martelait souvent au cours des ordinations sacerdotales qu’il présidait : « Qui parmi vous acceptera d’aller enseigner aux jeunes congolais que le Mbochi est frère du Kouyou, que le Kouyou est frère du Lari, que le Téké est frère du Vili, que tous les hommes doivent s’aimer comme des frères et que Dieu notre Père demandera à chacun ce qu’il aura fait aux autres. Voilà le travail qui fait défaut à la base de notre monde ».

Par l’unité, ces ethnies doivent s’inscrire dans la logique de la Sainte Trinité, former un seul peuple dans la diversité. Par la paix, celles-ci doivent s’aimer, se considérer pour transcender sans fin le tribalisme et le racisme. En agissant de la sorte nous aurons tiré des leçons des 38 ans de la mort du bon Cardinal Émile Biayenda.

Fr. Roland Michel Mamba Bouesso

 

 


 
 
 
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