Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

vendredi 21 mars 2025


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« L’Homme endormi dans cette cathédrale, avec sa barrette cardinalice est un saint ! »

30ème anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda

Le dimanche 22 mars 2015, en son 5e dimanche de Carême, l’église catholique locale ainsi que certaines paroisses à travers le monde ont célébré les 38 ans de la mort du Cardinal Émile Biayenda. En la Cathédrale Sacré-Cœur où repose le vénéré pasteur, il y avait eu dépôt de gerbes de fleurs par les célébrants. Un rite simple pleine d’émotion dirigée à toutes les messes par le Curé de la paroisse l’Abbé Alexis Tobangui. Nous publions l’intégralité de l’homélie de l’Abbé Maat Nkounkou, 2ème vicaire, prononcée à la messe de 7h30 dans ladite Cathédrale.

 

Chers frères et sœurs !

Patiemment et courageusement, nous avons marché sur le chemin du carême. Nous voici au cinquième dimanche, de l’année liturgique B. Et les textes y relatifs, dégagent déjà l’odeur de la mort de notre Seigneur Jésus-Christ. Ce n’est pas tout ! La date éminemment historique de ce 22 mars 2015, dégage aussi l’odeur de la mort de notre vénéré Cardinal Émile Biayenda. Oui, nous nous souvenons encore de ce 22 mars 1977 ; une date douloureuse et inoubliable. Tout compte fait, la liturgie de ce dimanche est lugubre, car elle est marquée de l’empreinte de la mort, mais attention : la mort dans l’amour.

Frères et sœurs !

Allons maintenant dans le sens des textes. Et regardons l’Évangile. Jean fait mention des Grecs qui veulent voir Jésus. Ces Grecs passent par Philipe et André pour le faire dire à Jésus. Cependant, nulle part dans ce texte, Jean nous dit, si oui ou non, Jésus avait acceptait de les recevoir.

Paradoxalement, contre cette doléance protocolaire posée, Jésus développe « la métaphysique de la mort » ; « la théologie de l’heure »(Jn 12, 23). En réalité, au niveau du texte : il y a une incommodité des choses. C’est une autre chose qui est demandée, c’est une autre chose est donnée. Entre la demande des Grecs et la réponse de Jésus, il y a hiatus. Ce hiatus peut être un signe d’interprétation.

Les abbés, après le dépôt de gerbes de fleurs, le recueillement

Chers frères et sœurs !

Oui ce hiatus est en réalité une fenêtre narrative qui, compte de son poids dans le texte, nous aide finalement à interpréter « la métaphysique de la mort » de Jésus. Chers frères et sœurs ! Jésus s’identifie au grain de blé qui tombe en terre. Or d’un point de vue de l’agriculture, le grain de blé qui tombe en terre, produit la céréale du Blé. « Le blé, est l’une des céréales les plus cultivées dans le monde. Ses graines sont utilisées pour faire de la farine (qui sert à la fabrication soit du pain soient des pâtes), mais également dans les distilleries (pour la fabrication soit de la bière soit de la fermentation des alcools) ». Au finish : le grain blé, est un grain de la vie. Un grain qui nourrit l’homme : le grain blé donne à manger et à boire à l’Homme.

Si donc Jésus est ce grain de blé qui tombe en terre et qui produit beaucoup de fruits, un grain qui nourrit l’Homme, c’est dire que : aux insultes, à la méchanceté, et à la barbarie ténébreuse et indécrottable des juifs sanguinaires (décidés à refuser Dieu), Jésus répond en donnant la vie et l’amour. Jésus meurt dans l’amour, au point de devenir lui même l’amour. Un amour qui aujourd’hui a produit l’Église. L’Église appelée à demeurer dans l’amour pour changer le cœur de l’Homme et le visage du monde.

Ainsi, la « métaphysique de la mort » de Jésus est donc une éthique de vie qui rembourse l’insulte, par le silence et la prière ; la haine par l’amour ; la méchanceté par la tendresse ; la guerre par la paix ; le mensonge par la vérité et la justice poétiquement patientes et irréversibles. Et si et seulement si nous pouvons dire que la prière, l’amour, la paix, la vérité et la justice sont les socles d’une vie paradisiaque, c’est dire que la mort et la Croix de Jésus sont source du salut. Comme le note si bien la deuxième lecture : « Jésus est devenu pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel » (Heb 5, 9).

Chers frères et sœurs !

Ce grand et saint Homme, le nommé : Émile Cardinal Biayenda, avait bien compris cette « métaphysique de la mort » de Jésus. Voilà pourquoi, consciemment, courageusement et librement, il est allé jusqu’à verser son sang. Il savait pertinemment que son sang, à la suite de celui du Christ, est un grain de blé qui produirait beaucoup de fruits. Ses œuvres aujourd’hui parlent à sa place (témoignage). A la violence donc des 21 et 22 mars 1977 exercée sur son corps, aujourd’hui le Cardinal nous répond dans la prière, dans l’amour et avec amour.

L’abbé Louis BADILA (à l’époque Vicaire Général de Brazzaville) commentait le passage de Lc 24, 19-21 à l’occasion des obsèques du Cardinal BIAYENDA, et il disait au peuple de Dieu larmoyant du 27 mars 1977 ce qui suit :

«  …Comprenez-vous que, par son obéissance et sa fidélité, notre Archevêque Émile BIAYENDA est devenu semblable au Christ jusque dans sa passion, sa mort et sa résurrection ?

Comprenez-vous que le chemin de la paix et de l’amour ouvert par le Christ est le fruit de son sacrifice au Calvaire ?

Comprenez-vous que le sacrifice de notre Cardinal ouvre largement le chemin de la paix et de l’amour parmi nous ? ».

Chers frères et sœurs !

Comprenez aujourd’hui que cet Homme endormi dans cette cathédrale, avec sa barrette cardinalice est un saint. A la suite du Christ, il mérite notre hommage.

Les abbés Alexis Tobangui et Madingou se recueillant à la tombe

Éminence !

Nous te savons présent ici, voilà pourquoi nous voudrions te parler en disant : Éminence ! En 50 ans de vie seulement, vous avez tout eu ! Signe de bénédiction. Vous avez été un grand témoin de l’histoire de notre Église et de notre Pays. Nous sommes donc en droit, de vous considérer ainsi comme notre intercesseur au Ciel.

Éminence !

Ton Église et notre Église souffre aujourd’hui. Le témoignage de vie des prêtres et des chrétiens laisse à désirer. Malgré les ordinateurs qui nous encombrent dans nos bureaux, et tous les moyens financiers paroissiaux, nous sommes incapables d’une vraie pastorale sur le terrain. L’argent aiguillonne nos cœurs ; le sacerdoce et la foi deviennent obliques. Il devient rare (et même quasi-impossible) de trouver encore des équipes pastorales soudées et efficaces ; des mouvements d’apostolat lumineux et exempté des conflits, des commérages et de rivalités. Nous avons oublié que la sainteté du prêtre passe par la paix, l’amour fraternel, la justice et la franchise dans la communauté. Nous avons oublié que le bonheur du Chrétien passe par l’Eucharistie et non par des fétiches ; par l’entente et le dialogue tant en paroisse que dans les familles. Intercède pour nous, Éminence et obtient nous le pardon de nos mesquineries !

Éminence !

La jeunesse congolaise (dans sa formule générale) est aux abois. Elle ne sait plus respecter les parents, grands-parents, oncles et tantes. Elle ne sait respecter le bien commun. Certains jeunes sont même déjà pourris par le chanvre et le vol. On les reconnaît aujourd’hui par des actes de vandalisme qui occasionnent beaucoup de dégâts matériels et humains. Ils ont même appris à chanter et à danser l’insanité. Aujourd’hui par exemple Éminence, à Brazzaville, les jeunes chantent et dansent une chanson du coupé-décalé intitulée « MFUMBA MUELA ». En RDC, on danse et chante « YA MADO ». Éminence ! Les jeunes ont chosifié le corps de la femme, pensant que c’est un objet de plaisir. Malheureusement, c’est pendant le mois de la femme, qu’ils choisissent de se moquer d’elle.

Éminence !

Aujourd’hui, la classe politique congolaise est divisée au sujet du changement ou non de la Constitution. Ce débat devient ostensible et sensible. Mais pourtant il est indispensable. Éminence ! Obtiens pour nos politiciens et politiciennes, la grâce du discernement, que ce débat n’aboutisse pas à la violence, car le sang a trop coulé dans notre pays.

Que 2016 ne soit pas une année ténébreuse, mais lumineuse. Qu’elle nous consacre l’Unité- l’Amour et le Progrès dans le travail.

Puisse cette Eucharistie nous faire grandir en sagesse, en âge, en force, dans l’amour et la Paix.

Ainsi soit-il !

 

 




 
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