Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

A Lisieux, le Cardinal Émile Biayenda était honoré comme un fils de la Mission

« Le monde a besoin de beaucoup de choses, mais il me semble que son besoin numéro un, c’est vraiment d’avoir des saints et des saintes. C’est vrai que seul le Seigneur est Saint, d’une sainteté absolue, parfaite. Mais une sainteté participée, cela n’est pas un privilège, c’est une obligation ».

 

Accueille de l’Éminence le Cardinal Émile Biayenda par une autorité de la place en présence des fidèles

Pour répondre à une si noble obligation, le Cardinal Émile Biayenda sait aussi se mettre en route pour un pèlerinage, une célébration religieuse solennelle, une retraite, etc. Il sait se nourrir de l’exemple et du témoignage de foi des saints que l’Église présente au peuple chrétien. Il a, pour cela, accepté l’invitation qui lui a été faite par Mgr Georges Durant, Recteur de la Basilique et Directeur du pèlerinage de Lisieux. Cette année, on y célèbre le 50ème anniversaire de la canonisation de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Il quitte Brazzaville pour la France, le 17 septembre 1975.

Avant les festivités de Lisieux, il prend un temps de contact à Poitiers et les environs. Accueilli du 20 au 24 septembre avec sa suite à la Roche d’Asnois où Mademoiselle Odette d’Allerit, leur hôte, y possède un château. Le séjour est riche en contacts, visites d’églises et lieux célèbres, comme le marais poitevin qu’on appelle La Venise verte, la Cathédrale de la verdure, etc. Le clou de ce petit séjour est la visite qu’il rend, le 21 septembre, à Usson-du-Poitou, lieu natal du Père Auzanneau. Le lendemain, le journal du coin y consacre des colonnes illustrées de photos. Il publie : « Le Cardinal archevêque de Brazzaville reçu à Usson, patrie du père Auzanneau, évangélisateur du Congo. Usson-du-Poitou a reçu, hier, la visite de Son Éminence Mgr Biayenda, cardinal – archevêque de Brazzaville au Congo. Le prélat avait, en effet, tenu à rendre visite à cette commune, terre natale du père Joseph Auzanneau qui consacra la plus large part de son sacerdoce à l’évangélisation du Congo et dont la sœur, Mlle Edith Auzanneau, vit toujours à Usson … »

Officiellement, Mgr Biayenda fut accueilli par M. le doyen Bariteau, curé de la paroisse et par M. Arnaud Lepercq, député de la Vienne et maire d’Usson-du-Poitou, entouré des membres du Conseil municipal. Il est aussi rapporté qu’en réponse aux propos du maire et à l’attention des paroissiens présents sur la place, le Cardinal Biayenda a dit « son émotion d’être dans ce pays auquel nous devons beaucoup, dans la foi, mais aussi dans bien d’autres choses qui nous permettent, par exemple, d’être parmi vous aujourd’hui ».

Du clergé autochtone et expatrié, en outre, il était connu que Mgr Biayenda se faisait un devoir personnel, quand il allait en Europe, en particulier en France et en Suisse, de visiter les familles d’où étaient partis les missionnaires pour le Congo. La reconnaissance et le devoir de gratitude sont une dette dont les évangélisés doivent toujours s’acquitter envers les évangélisateurs !

A partir du 24 septembre, le Cardinal Biayenda rejoint Lourdes, pour deux jours de pèlerinage.

Il y apporte les intentions du Congo et celles de l’Église. Il se mêle, sans distinction affectée, aux autres pèlerins et il participe sans ménagement aux différents exercices du programme. Ce ressourcement dans la foi au pied de Notre-Dame de Lourdes, le rend plus apte à rejoindre Lisieux, le 26 septembre 1975. Il y arrive à 20h 15, accueilli à la gare par Monseigneur Georges Durant.

Accueille de l’Éminence le Cardinal Émile Biayenda par une autorité de la place en présence des fidèles

Le lendemain matin, il se recueille et célèbre la messe à l’infirmerie où est morte Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Le pèlerin venu de Brazzaville est tout attentif et tout participant à cette fête. Comme d’habitude, il reste le fidèle chroniqueur de ses journées : « Dimanche, 28 sept. 1975. jour « J » à Lisieux où se célèbre solennellement le 50ème Anniversaire de la Canonisation de Sainte Thérèse de Lisieux. La Messe Pontificale est concélébrée avec Mgr Bernard, les chapelains, plusieurs autres prêtres, dont M. les abbés Nlandou et Munkembé Alfred, du Zaïre, M. les Abbés Emmanuel Vindou, Antoine Maloumby, Kokolo, Louis Portella, Bernard Nsayi, du Congo. Elle débute à 10 heures. Monseigneur Michel Bernard, au nom de Mgr Baché, absent, nous souhaite la bienvenue et je prends moi-même la parole pour l’homélie du jour. Il y a 4 à 5 mille pèlerins à la messe ».

Après la messe, nous avons un dîner groupant autorités civiles, prêtres et Congolais venus à la fête. A 15 heures, Salut du Saint Sacrement avec homélie de son Excellence Mgr Bernard, suivi de la Procession des reliques à l’intérieur de la Basilique, puisqu’il pleut dehors. Nous irons ensuite rendre visite à l’hôpital à deux pèlerins, accidentés de la route. Notre journée s’achève ainsi. Elle a été merveilleuse. « Merci Seigneur et merci Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ! »

Pendant l’homélie, la mission évangélisatrice de l’Église a été bien reconnue : « L’Église, de tout temps, se considère, se veut et se sait missionnaire. La mission est la raison même de son existence. Elle est missionnaire de par son essence et de par la volonté éternelle de son Fondateur. Et aujourd’hui, plus que jamais « signe de salut » dans un monde qui se paganise, elle ne peut être que missionnaire. Le Concile nous l’a explicitement rappelé… ».

Le lendemain, plein de ferveur et d’humilité, le Cardinal se recueille et célèbre l’Eucharistie à l’infirmerie où est morte Sainte Thérèse. Une messe sera dite à Aleçon, dans la maison natale de la Sainte. Le 1er octobre, alors qu’il revient d’une visite à Fresnes, Domfort et Passais-la-Conception, il participe à un office à 21h dans la chapelle des Carmélites. Il formule ses vœux à sainte Thérèse de Lisieux et le lendemain, Mgr Baché le ramène à Paris.

La chrétienté y est en deuil, depuis quelques jours. Ce 2 octobre 1975, a lieu à Notre-Dame de Paris, la messe des obsèques du Cardinal Maurice Feltin. Mgr Biayenda concélèbre avec trois autres cardinaux : Marty, Goujon et Guyot.

Son arrivée à l’aéroport de Rome, le 6 octobre, lui arrache quelques regrets. C’est très ennuyeux d’entrer dans une telle ville sans que personne ne vous attende. Que s’est-il passé avec le courrier annonçant son arrivée et son séjour à Rome ? Il faut se rendre à l’évidence, Rome reste une éternelle fontaine de faits inattendus. Le voyageur n’y est pas toujours reçu en odeur de sainteté, puisque c’est à Rome qu’on se choisit la manière de se sanctifier. Le cahier-journal encaisse le désagrément : « Après une demi-heure d’attente, je me confie à un taximan qui, à l’arrivée, me réclame 8.300 lires, alors que le cadran indique 3.900 lires ; il paraît qu’on doit lui payer le retour. Allez-y voir ! Chez les Sœurs, personne non plus ne m’attend. C’est un peu gênant. Heureusement qu’elles ont un lit de libre. Ni mon télégramme au Père Farrelly, ni ma lettre aux Sœurs ne sont encore arrivés ».

Le reste du séjour est plus agréable…surtout avec l’Angelus du mercredi, à la Basilique Saint Pierre et la bénédiction donnée aux pèlerins ensemble avec le Pape Paul VI. Les évêques reçus par le Saint Père se voient offrir la médaille de l’Année Sainte ; à l’effigie du Pape et aux visages des quatre Basiliques de Rome. Ensuite, le Pape leur promet célébrer, le lendemain, la messe à leurs intentions. Il les exhorte à quelques valeurs fondamentales de leur ministère : « Renouveau chrétien ; Jésus est le grand transformateur qui touche le cœur de l’homme ; justice, effort, engagement, croire à la suite du Christ. Les évêques sont appelés à la sainteté… »

Abbé Albert NKOUMBOU
Extrait de son livre : Cardinal « Émile Biayenda, martyr de la foi chrétienne au Congo »

 

 


 
 
 
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