Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

dimanche 20 octobre 2024


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

L’Évêque incarne l’Église locale

Les Évêques sont établis jusqu’aux extrémités du mon de, écrit Saint Ignace aux Éphésiens (Ephès. 3,2).

Ce que, après des siècles, Vatican II réaffirmera en précisant encore que « l’ordre des Évêques qui succède au collège apostolique pour le magistère et le gouvernement pastoral, bien mieux dans lequel se perpétue le corps apostolique constitue, lui aussi, en union avec le Pontife romain son chef et en dehors de ce chef, le sujet d’un pouvoir suprême et plénier sur l’Église universelle, pouvoir cependant qui peut s’exercer qu’avec le consentement du Pontife romain » (cf Concile Vat. const.dogm. de eccles. III)

Saint Ignace ne nous a rien dit de la hiérarchie à Rome, ni du comportement des évêques locaux, vis-à-vis de la chaire de l’Évêque de Rome, sans doute parce que les préoccupations qu’il avait en écrivant à cette communauté n’entraient pas en ligne de compte. Cependant la longue et solennelle salutation qu’il formule à l’adresse de cette communauté fait entrevoir que celle-ci avait coloration particulière pour Saint Ignace.

Ainsi, les relations des églises entre elles et Rome étant sauves, l’évêque est « l’incarnation » de son église particulière et c’est comme cela qu’Ignace a reçu toute l’église d’Éphèse en la personne de son Évêque Onésime et l’église de Trelles en celle de Polybe : « C’est notre église entière que je contemple en la personne de Polybe » (Tral. I. 1).

Et de nos jours, n’est-ce pas le sens de l’alliance de chaque évêque avec la portion du troupeau dont l’Église lui confie la charge ; n’est-ce pas également le sens des rapports qui existent entre l’évêque diocésain et ses fidèles, signe aussi que l’Église s’implante et s’assume les valeurs d’un pays et d’un peuple donné ?

En conséquence, l’évêque étant « l’incarnation » de l’Église qui est corps mystique du Christ ne peut être assisté et guidé dans son ministère que par l’Esprit de Jésus. En effet, comme Jésus-Christ est la pensée du Père ; ainsi les évêque ne sont qu’un avec l’Esprit de Jésus-Christ : « Car Jésus-Christ, l’inséparable principe de notre vie, est lui-même la pensée du Père, comme les évêques, établis jusqu’aux extrémités du monde, ne sont qu’un avec l’Esprit de Jésus-Christ ».(Éphésiens 3, 2).

Saint Ignace formule ici la doctrine sur l’infaillibilité du Pape et du Magistère ordinaire de l’Église en matière religieuse de foi et de mœurs que définira plus tard le premier Concile du Vatican.

Les prérogatives de l’Évêque.

L’Évêque jouit de prérogatives de la part du Seigneur, qui aident à accréditer son ministère dans la communauté chrétienne. Tout ce que l’évêque approuve est également agréé de Dieu : « Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même que partout où est le Christ Jésus, là est l’Église universelle. Il n’est permis ni de baptiser, ni de célébrer l’agape en dehors de l’évêque ; mais tout ce qu’il approuve est également agréé de Dieu : de telle façon tout ce qui se fera (dans l’Église) sera sûr et valide » (Éphésiens 8, 2). C’est la mission de la sanctification dans l’Église par les sacrements et que le Christ a confiée à cette dernière qui est rappelée ici et dont l’évêque est dépositaire. Plus tard Saint Cyprien demandera qu’on comprenne que « l’Évêque est dans l’Église et l’Église dans l’Évêque et que si quelqu’un n’est pas avec l’évêque, il n’est pas dans l’Église » (Epist. 66, 8). L’évêque étant ainsi, il est l’autorité visible qui forme le centre de la communauté chrétienne.

La prière de l’évêque unit à celle de l’Église entière est efficace, aussi Saint Ignace estime-t-il que ne pas venir à l’assemblée, c’est faire acte d’orgueil et s’excommunier soi-même, car il est écrit : « Dieu résiste aux superbes » ; en effet, si la prière de deux personnes réunies possède une telle efficacité, que ne pourra pas la prière de l’évêque unit à celle de l’Église entière » (Ephès. 4. 2).

3- Les responsabilités et les vertus morales de l’Évêque.

Saint Ignace, après avoir parlé de l’Évêque aux autres, sa lettre à Polycarpe, lui-même évêque de Smyre, va nous permettre de découvrir les responsabilités et les vertus morales de l’évêque.

Il ne doit rien laisser faire sans son autorisation : « Ne laisse pas les veuves dans l’abandon », dit-il à Polycarpe. « Après le Seigneur, c’est toi d’être la providence. Veille à ce que rien ne se fasse sans ton autorisation, et toi-même ne fais rien sans Dieu : c’est d’ailleurs ta ligne de conduite. Sois ferme » (Poly. 4, 1).

L’Évêque est en outre le promoteur des assemblées chrétiennes qui doivent être plus fréquentes, où tous les fidèles sont convoqués individuellement et nommèrent. Il ne doit traiter avec dédain aucun esclave, homme ou femme, continue la lettre.

A l’époque de Saint Ignace, la célébration de tout mariage est un cas, semble-t-il, d’une juridiction toute particulière à solliciter chaque fois de l’Évêque : « Il serait bon aussi que ceux qui se marient tant hommes que femmes, ne contractassent leur union qu’avec l’approbation de l’évêque : car c’est la pensée de Dieu qui doit présider aux mariages et non pas la passion » (Poly. 4,2).

Ce sont ensuite la dictée et la recommandation des vertus morales dont doit être revêtu un évêque pour s’acquitter de sa charge de Pasteur.

L’Évêque a un devoir de veiller au temporel comme au spirituel : « Je t’en prie, toujours, Polycarpe, par la grâce dont tu es revêtu, avance avec plus d’ardeur dans ta course et exhorte les autres à faire leur salut. Justifie ton élévation par ton exacte vigilance au temporel comme au spirituel » (Poly. I,2).

Il prend soin de l’unité, aide tous les autres, supporte tout le monde avec charité. Il prie sans relâche, parle à chacun en particulier, à l’exemple de Dieu. Il « porte » en athlète accompli les « infirmités » de tout.

Il n’aime non pas seulement les bons disciples, mais plutôt les méchants qu’il faut dompter par la douceur.

Prudence de serpent et simplicité de la colombe.

Que le baptême soit son bouclier, la foi son casque, la charité sa lance, la patience son armure complète. (Lett. à Poly.).

Abbé Émile BIAYENDA
Extrait de son mémoire :
« l’Évêque dans l’Église », 1965

 

 




 
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