jeudi 26 septembre 2024
Message de vœux de Son Excellence Monseigneur Anatole Milandou
« SOYEZ EN PAIX ENTRE VOUS » (1 Thess. 5, 13)
C’est par ces mots que j’emprunte à Saint Paul dans sa Première Lettre aux Thessaloniciens que j’aimerais former mes vœux à tous les membres de l’Archidiocèse de Brazzaville : clergé, religieux et religieuses, fidèles laïcs et à tous les hommes ainsi qu’à toutes les femmes de bonne volonté.
Dans la tradition de l’Église, le 31 décembre fait partie des jours qui constituent l’Octave de Noël, période durant laquelle les célébrations liturgiques revêtent pratiquement le même éclat que le Jour de Noël. C’est pourquoi je vous souhaite encore de Joyeuses Fêtes de Noël.
Le 31 décembre est aussi le jour-charnière entre une année qui finit et une autre qui débute. C’est le temps, pourquoi pas, du bilan de l’année qui s’en va, en vue de mieux envisager la nouvelle année qui arrive.
Dans notre Archidiocèse de Brazzaville, nous avons instauré une habitude qui prend de plus en plus corps et devrait devenir, avec le temps, une tradition ou une coutume : c’est le jour où l’Archevêque de Brazzaville, votre Pasteur, échange les vœux avec toutes les composantes du diocèse, ici représentées par vous qui êtes leurs délégués,
Je vous remercie tous très sincèrement pour les vœux que vous venez de m’adresser par la bouche du Vicaire Général, vœux qui me sont allés droit au cœur. Aaron, nous a laissé un bon formulaire de bénédictions dans le passage du livre des Nombres, texte biblique que vous lirez demain dans les différentes célébrations des messes de Nouvel AN. Je fais miennes ces paroles de bénédictions que Dieu lui-même a dictées à Moïse et transmises à Aaron
« Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ! Que le Seigneur fasse briller sur vous son visage, qu’il se penche vers vous ! Que le Seigneur tourne vers vous son visage, qu’il vous apporte la paix ! C’est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d’Israël, et moi je vous bénirai » (Cf Nb. 6, 22-27)
Tenant compte du contexte assez particulier marqué par des réflexions concernant l’avenir de notre pays et de notre nation, qu’il me soit permis de dire ma parole de Pasteur, parole qui s’inscrit dans la joie de Noël occasionnée par la naissance du Fils de Dieu. Cela est porteur de toute une espérance et de tout un symbole d’humilité et de paix.
En effet, le Pape François nous encourage dans cet exercice par des mots bien clairs : « Les pasteurs, en accueillant les apports des différentes sciences, ont le droit d’émettre des opinions sur tout ce qui concerne la vie des personnes, du moment que la tâche de l’évangélisation implique et exige une promotion intégrale de chaque être humain. On ne plus affirmer que la religion doit se limiter à la sphère privée et qu’elle existe seulement pour préparer les âmes pour le ciel. Nous savons que Dieu désire le bonheur de ses enfants, sur cette terre aussi, bien que ceux-ci soient appelés à la plénitude éternelle, puisqu’il a créé toutes choses ‘afin que nous en jouissions’ (1 Timothée 6, 7), pour que tous puissent en jouir » ( Pape François, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium (La Joie de l’Évangile), n° 182).
Comme nous le comprenons bien, c’est donc un droit pour moi de vous inviter, à compter de cette fin d’année 2014 et à l’orée de l’année 2015, à prier pour nous-mêmes et pour notre pays, afin que la paix retrouvée soit renforcée et maintenue. Que tous les efforts qui concourent à l’amélioration de nos conditions de vie et de travail, ne soient pas anéantis au profit des intérêts égoïstes et inavoués.
Pour cela, j’aimerais que nous soyons concrets dans cette dynamique de la paix et dans le maintien de ce chemin de bonheur que nous sommes en train d’entreprendre avec le concours et l’appui de nous tous.
L’histoire nous enseigne les différentes périodes pendant lesquelles la paix a été mise à mal, à cause de notre enfermement sur soi et à cause des choix que nous n’avons pas su assumer. Je ne voudrais pas revenir sur ce qui est mauvais, mais j’aimerais simplement inviter tout le monde à la promotion et au maintien du climat de paix. Nous sommes heureux d’en savourer les retombées, dans la mesure où les déplacements et la vie tout court témoignent merveilleusement que, avec la paix, tout est bien.
La promotion et le maintien (pour ne pas dire l’entretien) de la paix doivent être la préoccupation de tout le monde. Chacun doit se sentir responsable de la paix à semer et à entretenir. Pour nous les croyants, c’est un impératif qu’on ne peut pas négocier, comme le soulignait le Saint Pape Jean XXIII à son époque : « A tout croyant, il revient d’être, dans le monde d’aujourd’hui, comme une étincelle lumineuse, un centre d’amour et un ferment pour toute la masse. Cela, chacun le sera dans la mesure de son union à Dieu ». (Jean XXIII, Lettre Encyclique Pacem in terris, 164).
Cette promotion et ce maintien ne sont aussi possibles que lorsque l’on fait confiance à Dieu, respecté et aimé par-dessus tout. Qu’il bannisse des âmes ce qui peut mettre la paix en danger, et qu’il transforme tous les hommes en témoins de vérité, de justice et d’amour fraternel. « Qu’il éclaire ceux qui président aux destinées des peuples, afin que, tout en se préoccupant du légitime bien-être de leurs compatriotes, ils assurent le maintien de l’inestimable bienfait de la paix. Que le Christ, enfin, enflamme le cœur de tous les hommes et leur fasse renverser les barrières qui divisent, resserrer les liens de l’amour mutuel, user de compréhension à l’égard d’autrui et pardonner à ceux qui leur ont fait du tort. Et qu’ainsi, grâce à lui, tous les peuples de la terre forment entre eux une véritable communauté fraternelle, et que parmi eux ne cesse de fleurir et de régner la paix tant désirée ». (Jean XXIII, Pacem in terris, n°171). C’est à Lui qu’il faut s’en remettre dans la prière, tout en reconnaissant la nécessité et l’importance de mettre également en œuvre nos différents atouts humains : « Aide-toi, le ciel t’aidera », dit-on.
Parmi les atouts que possède l’homme, c’est cette capacité qu’a l’homme d’entrer en relation avec les autres, quand des circonstances et des situations l’exigent.
D’où la nécessité de parler avec les autres lorsqu’il est question des grandes questions d’importance nationale et objective ; c’est ce que l’on appelle le dialogue.
« Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il n’écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins... » (Matthieu 18, 15-16)
Le dialogue est une vertu que tout le monde doit cultiver. Le dialogue est manifestement différent du monologue. Le dialogue suppose deux ou plusieurs parties en présence, capables de s’écouter et d’avancer. Quelles que soient les convictions et les argumentations que l’on peut avoir, le cœur de l’homme est capable de beaucoup de bien et d’ouverture pour bien orienter les choix qui concourent au bien de tous et au bon sens.
« Êtres essentiellement sociables, les hommes ont à vivre les uns avec les autres et à promouvoir le bien les uns des autres. Aussi, l’harmonie d’un groupe réclame-t-elle la reconnaissance et l’accomplissement des droits et des devoirs. Mais en outre chacun est appelé à concourir généreusement à l’avènement d’un ordre collectif qui satisfasse toujours plus largement aux droits et aux obligations ». (Jean XXIII, Pacem in terris, n° 31).
Dans le dialogue, le respect de l’autre et de ses idées est un impératif à entretenir, pour ne pas frustrer ou bloquer l’autre qui, certainement, pourrait, par son avis ou son opinion, collaborer à l’évolution et à l’épanouissement de la société. Pour cela, les invectives et les insultes doivent être écartées laissant la place à l’écoute et à la critique objective et constructive, dans des proportions Dans le dialogue, le respect de l’autre et de ses idées est un impératif à entretenir, pour ne pas frustrer ou bloquer l’autre qui, certainement, pourrait, par son avis ou son opinion, collaborer à l’évolution et à l’épanouissement de la société. Pour cela, les invectives et les insultes doivent être écartées laissant la place à l’écoute et à la critique objective et constructive, dans des proportions bien mesurées. Ceux qui dialoguent réellement « ...comprendront plus parfaitement que l’un des devoirs primordiaux issus de leur communauté de nature, c’est de fonder les relations des hommes et des peuples sur l’amour et non sur la crainte. C’est, en effet, le propre de l’amour d’amener les hommes à une loyale collaboration, susceptible de formes multiples et porteuse d’innombrables bienfaits » (Jean XXIII, Pacem in terris, n° 129). Le Pape François abonde dans le même sens, lorsqu’il affirme : « ... Au désir d’une vie pleine... appartient une soif irrépressible de fraternité, qui pousse vers la communion avec les autres, en qui nous ne trouvons pas des ennemis ou des concurrents, mais des frères à accueillir et à embrasser » (Pape François, Message pour la Journée Mondiale pour la Paix de 2014, n° 2).
La paix et le dialogue appellent, à leur tour, une troisième dimension que toute société ne peut ignorer : le soutien qu’apporte la prière.
« La paix sur la terre, objet du profond désir de l’humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s’affermir que dans le respect absolu de l’ordre établi par Dieu ». (Jean XXIII, Pacem in terris, n° 1).
Cette affirmation du Pape révèle clairement que rien ne peut se faire sans le concours de Dieu. Or, pour nous chrétiens, le lieu ou le moment durant lequel nous faisons concrètement l’expérience de la présence divine dans notre vie, est celui de la prière.
Nous allons donc beaucoup prier, à compter de cette année 2015 pour renforcer, entretenir la paix chèrement acquise. Nous verrons concrètement les modalités pratiques de cette prière permanente à laquelle j’invite tout le Peuple de Dieu de Brazzaville. Nous allons organiser une croisade de prière pour la paix dans notre pays jusqu’en 2016.
Notre prière sera aussi dirigée pour qu’un vrai dialogue s’installe entre nos différents dirigeants, les partis politiques et les membres de la Société civile.
Que nos paroisses soient des havres de paix et non des lieux de déchirements. Que les prêtres prêchent la paix et invitent les gens au dialogue.
Que Jésus qui vient de nous rejoindre dans notre humanité nous bénisse, bénisse nos Responsables, notre société, notre pays et chacun de nous.
Joyeuses Fêtes de Noël à tous et Bonne et Sainte Année 2015 à tous !
Monseigneur Anatole Milandou, Archevêque de Brazzaville
31 décembre 2014,
en la Cathédrale Sacré-Cœur
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