Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Émile Cardinal Biayenda ou la marque des grands hommes !

Un témoignage de l’Abbé Paulin POUCCOUTA

De retour des travaux de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (ACERAC) qui se sont tenus du 1er au 7 juillet 2008 à Bangui (Centrafrique), nous avons eu un court entretien avec l’Abbé Paulin POUCCATA, au sujet du bon Cardinal Émile. Ne disposant pas d’assez de temps, celui-ci a tenu à faire son témoignage par Internet.

J’ai rencontré l’abbé Émile Biayenda, pour la première fois, en octobre 1960. Je venais de quitter l’école saint Vincent de Poto-Poto où j’ai fait le CP. Nous venions de déménager de Ouénze à Mouléké. A la rentrée scolaire 1960, j’étais inscrit à l’École catholique Saint Jean Marie Vianney de Mouléké (actuellement Saboukoulou), pour commencer le CE1. J’ai eu alors comme enseignant Monsieur Bernard Makiza, que l’abbé Badila prendra avec lui à la Semaine Africaine.

L’abbé Émile Biayenda venait d’être nommé à la nouvelle paroisse de Mouléké, qui était en train de prendre son autonomie par rapport à la paroisse sainte Marie de Ouénzé. Il aura comme vicaire le père Rameaux.

Je ferai ma première communion et ma confirmation à Mouléké, sous la préparation de l’abbé Émile Biayenda. C’est lui qui me suivra et m’enverra au petit séminaire de Mbamou, en 1964. C’est du petit séminaire que j’apprendrais les tristes nouvelles de son arrestation et de ses tortures.

Comme curé, l’abbé Émile Biayenda était un pasteur, homme de prière et dévoué. Il s’efforçait de suivre l’exemple de son modèle, Saint Jean Marie Vianney, le curé d’Ars, le saint patron de la paroisse.

Comme le bon pasteur, il allait vers tous les paroissiens, chez eux. Souvent en mobylette, parfois à pieds, il visitait quotidiennement ses brebis. Ainsi, il venait souvent chez nous, à la maison. Il connaissait très bien la famille, à laquelle il est resté très lié. Chaleureux et simple, il gardait longtemps le souvenir de tous ceux qu’il avait connus.

L’abbé Émile Biayenda avait un grand contact avec les jeunes, particulièrement ceux de l’école où j’étais élève. C’est lui qui venait nous donner les cours de catéchisme, témoignant ainsi de sa foi, de sa jovialité et de la parole de Dieu.

L’abbé Émile Biayenda avait gardé de sa formation au séminaire le sens du travail manuel. Chaque jour, il quittait sa soutane pour s’occuper de son jardin où l’on trouvait toutes sortes de légumes. Il nous faisait participer à ses travaux de jardinage. Il était heureux d’offrir le fruit de son travail à ses invités.

Lors de son séjour en Europe, nous sommes restés en contact par courrier. Il répondait régulièrement aux lettres, demandant les nouvelles de la famille. Devenu archevêque et cardinal, il a continué à répondre personnellement au courrier qu’on lui adressait. Ainsi, après sa nomination comme cardinal, un de nos anciens camarades de classe à Mouléké, devenu cheminot, lui avait adressé une lettre de félicitations. Grande fut sa surprise de recevoir une réponse inattendue du cardinal, écrite de sa main. Plus de dix ans après, le cardinal se souvenait encore de lui et de sa famille !

Ayant succédé à Monseigneur Théophile Mbemba, il a voulu continuer à occuper l’ancien presbytère de la cathédrale, où il recevait simplement et chaleureusement tout le monde, souvent sans rendez-vous.

En somme, le cardinal Émile Biayenda avait la pointure des grands hommes, les vrais ! En prenant notre condition humaine, Jésus est venu humaniser l’homme. C’est pourquoi, la sainteté, la vraie, rend plus simple, plus humain, plus fraternel, plus serviteur !

On comprend que le cardinal ait marqué tous ceux qui l’ont rencontré. On comprend aussi qu’il soit allé jusqu’au don total de sa vie, pour que germe la vie, pour tous et pour de bon. N’est-ce pas cela être un autre Christ ?

Abbé Paulin POUCOUTA


 
 
 
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