Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
Accueil > JOURNAL LA MÉMOIRE > 165 > « Le rôle de l’Église n’est pas de diviser mais d’unir dans l’amour (...)

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Le rôle de l’Église n’est pas de diviser mais d’unir dans l’amour »

L’Église, en tant que peuple de Dieu, est un peuple catholique, c’est-à-dire universel. Pour autant les chrétiens ne cessent pas de vivre en pleine solidarité avec leur communauté nationale. Ils partagent, en tout, dans les réussites comme dans les difficultés et l’effort, le sort de leurs concitoyens.

 

Frères et sœurs,

Que chaque chrétien s’engage donc généreusement aux côtés de ses autres frères Congolais dans le travail. Qu’il se signale par son sens de l’effort et sa conscience professionnelle. Que ceux qui possèdent la compétence requise s’offrent à coopérer, chacun à son niveau, avec ceux qui sont responsables pour chercher toutes les solutions, voies et moyens pour régler les problèmes de la misère du peuple.

Qu’aucun chrétien n’ait à être condamné pour manque de conscience professionnelle, pour détournement de fonds ou autres malversations commises au détriment de la communauté nationale. Il faut louer les efforts qui sont faits pour multiplier les emplois et procurer à chacun les moyens de gagner sa vie, en s’assurant la dignité que donne le travail.

Le partage de la richesse nationale

L’Église connaît la valeur du partage. Il est tout à fait conforme à son message que la société soit organisée de telle manière que les biens possédés ou produits par le pays profitent équitablement à tous les membres de la nation.

La propriété collective des moyens de production peut être une bonne manière d’organiser le partage équitable, à condition que tout soit mis en œuvre pour que cette propriété collective profite effectivement au bien-être de tout le peuple. Il faut aussi que l’organisation de la propriété collective soit démocratique. Comme le souligne Paul VI, « les groupes humains se transforment peu à peu en communauté de partage et de vie, dans la mesure où chacun a la possibilité de s’informer et de s’exprimer, tout en s’engageant dans la responsabilité commune ». (Lettre au card. Roy, n° 47).

De toute façon, les chrétiens doivent avoir le sens du partage et de la communauté ; c’est une exigence de l’Évangile et une qualité authentique de notre culture. Nos ancêtres ont eu et nous ont laissé le sens du partage familial et de l’hospitalité. Nous devons maintenant élargir cet héritage aux dimensions nouvelles de notre communauté nationale.

L’unité de la communauté nationale

Le Christ nous demande de considérer tout homme comme notre frère. Cette fraternité nous devons d’abord la vivre dans notre grande famille nationale. La justice et l’amour chrétien nous interdisent toute discrimination raciale, culturelle, professionnelle ou régionaliste. Dans une famille tous sont traités selon les mêmes droits et tous s’engagent dans l’effort commun. Or, notre famille est maintenant à l’échelle de la nation. Dans ce domaine, le chrétien doit montrer qu’il a compris l’enseignement de Jésus : « On vous reconnaîtra pour mes disciples à l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». (Jn 13, 35).

D’autre part, l’Église ne veut, d’aucune façon que les chrétiens forment une faction à l’intérieur de la nation. Son rôle n’est pas de diviser mais d’unir dans l’amour. Elle ne réclame pour elle-même, aucun traitement de faveur, mais demande seulement que lui soit appliquée, équitablement, la Constitution nationale, en ce qui concerne la liberté religieuse. Cette liberté ne se limite pas au simple droit de prier dans les édifices religieux ; elle comporte aussi le droit, pour les chrétiens, au niveau des paroisses, de recevoir l’enseignement religieux, d’organiser eux-mêmes la vie de leur communauté, se soutenant ainsi mutuellement, pour porter leur témoignage de chrétiens dans tous les actes de leur vie. Ceci est conforme à l’engagement pris par notre pays quand il a signé la Charte des Nations-Unies, où est réprouvée toute ségrégation se fondant sur la race ou la religion (Déclaration universelle des Droits de l’homme, n°s 2 et 18).

Mgr Émile Biayenda
Lettre pastorale 1972

 

 


 
 
 
Haut de page