Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

samedi 2 novembre 2024


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Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Comment articuler les mariages civil et coutumier en une seule cérémonie

10ème Assemblée Plénière de l’ACERAC

 
Du 7 au 12 juillet 2014, soit six jours durant, les évêques et les délégués des laïcs des pays membres de l’Association des Conférences Épiscopales de la Région de l’Afrique Centrale (ACERAC) se sont penchés sur la question de la famille au niveau de l’Afrique en général, mais surtout dans le contexte de la Région de l’Afrique Centrale en particulier. Face à certaines dépravations des mœurs que connaissent les familles aujourd’hui, les participants ont cerné cette réalité et approfondi et proposé certaines pistes pour l’éclosion de celles-ci à l’image de la Famille de Nazareth constituée de Jésus, Marie et Joseph. Au terme de leurs travaux, les évêques ont adopté quelques recommandations. Pour les pasteurs : « la famille est une institution sacrée, fondamentale et nécessaire. Elle est la cellule de base de toute société et le lieu par excellence de personnalisation, d’humanisation, de socialisation et d’identification. La famille est aussi l’Église domestique, lieu où l’homme fait l’expérience de Dieu, exprime sa foi et où l’amour de Dieu est reconnu, accueilli et partagé. Elle est le berceau de la vie et de l’amour où l’homme apprend à tisser les relations avec son entourage (Cf. Christifideles n° 40). C’est à partir de la famille que se construit une société d’amour et de communion avec autrui. Menacée aujourd’hui, elle mérite d’être défendue, protégée et soutenue. Voici quelques extraits des interventions des participants.

 

Mgr Louis Portella MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale du Congo

En tenant compte de la dynamique de nos dernières Assemblées Plénières, il faut reconnaitre que le thème de la famille est venu à « point nommé », comme pour réassumer dans une synthèse nouvelle et féconde les fruits de nos réflexions des 12 dernières années.

Cela doit nous amener à revisiter encore une fois les orientations pastorales issues de nos assises antérieures et de les restituer dans le cadre plus englobant d’une pastorale familiale dynamique et efficace.

L’urgence s’impose donc de mettre sur pied dès que possible la Commission ACERAC de la Famille, et en même temps de revisiter les Commissions ACERAC qui n’existent plus que de nom.

Il faudrait aussi veiller, au niveau de notre Conférence régionale, comme au niveau de chaque Conférence nationale, à instituer une structure qui, en lien avec le Forum « Foi-Culture-Développement » du SCEAM, travaillerait à une meilleure connaissance de notre culture et surtout à sa réappropriation critique et créatrice, condition sine qua non pour un vrai développement et un engagement chrétien profond et cohérent.

 


Mgr Samuel KLEDA, Archevêque de Douala, Président de la CENC, Président de l’ACERAC

Nous avons examiné un sujet très important : le mariage et la famille. Les travaux ont permis à chacun d’entre nous, surtout à nous les pasteurs, de prendre conscience de ce que les familles attendent de nous. Il revient à chaque pasteur d’organiser la pastorale familiale dans son Église particulière.

Le Conseil permanent de l’ACERAC, que j’anime désormais, restera à votre écoute, encouragera tout ce qui est nécessaire pour le suivi de ce thème important, qui pourra être notre humble contribution à la célébration du synode romain, au mois d’octobre 2014, sur le même thème, sans oublier le fonctionnement général de notre Association.

Nous, membres du Conseil Permanent, nous tendons la main à chacun d’entre vous en vue d’un meilleur accompagnement pastoral de nos familles, afin qu’elles soient une communauté de vie et d’amour pour l’épanouissement total de nos frères.

Au moment où certains pays de la sous-région, qui forment la CEMAC, connaissent des troubles sociopolitiques, nous pasteurs, nous avons à renforcer la communion fraternelle qui existe entre nous, à être prêts à venir en aide à ceux qui vivent ces troubles. Pensons en particulier à la RCA, et prions pour tous ceux qui sont victimes des ces violences.

Que le Seigneur nous accorde toujours la joie de proclamer son Évangile.

 


Mme Brigitte ESSIMBI ELANDI, déléguée du laïcat congolais

De nos jours, dans le cas de la société congolaise (pour ne prendre que cet exemple-là), on se marie dans la majorité des cultures bantous, quatre fois dans la vie pour conquérir une centaine honorabilité dans des lignages, dans l’État et dans l’Église.

Pour le congolais moyen qui est payé au SMIC, pour le petit « phaseur » du quartier qui vit d’expédients, il peut passer une grande partie de son existence sans accomplir même la moitié des 4 mariages. Il y en a qui arrive au pied de la tombe en situation monomaritale ou plurimaritale. Or, ces catégories-là, constituent les populations largement majoritaires de notre pays. Au rythme actuel des coûts des cérémonies nuptiales (avec des dots parfois qui s’élèvent à 600.000 FCFA en espèce), le mariage légal au Congo sous ces 4 formes risque de devenir un évènement exceptionnel réservé aux riches, c’est-à-dire aux minoritaires. Quand il y a une exception, il y a automatiquement une règle. La règle risque d’être l’union maritale. Or, l’union maritale, chez nous, est souvent secouée par des instabilités notoires, avec ce que nous connaissons tous et toutes comme conséquence sur la socialisation des enfants. L’union maritale est instable à cause de l’absence d’une contrainte de la légitimité coutumière civile ou religieuse.

Une réflexion s’impose encore à nous : toujours s’agissant du Congo, il a été décrété par l’État (paré de ces intentions boulimiques à la lettre, à l’esprit ou à la sauvette ? Très peu, parce que notre espace social se compose de plusieurs cultures. Entre le pygmée et le bantou quel code peut-il existé ? Si la plupart des cultures sont matrilinéaires, il existe tout de même une portion qui est patrilinéaire. Si dans certaines cultures la dot à une valeur matérielle. En plus ce code s’inspire du patriarcalisme ambiant qui continue à réserver un strapontin à la femme, ce qui pose des problèmes de succession d’héritage, de polygamie et de parité dans la responsabilité conjugale.

 


Mgr Bienvenu MANAMIKA BAFOUAKOUAHOU, Évêque de Dolisie

L’Église ne reconnaît pas le divorce, toutefois elle déclare la nullité du mariage. La question serait de savoir si une telle sentence a des effets civils. Les accords espagnol et italien ont donné leurs réponses à la question. « En Espagne, les sentences canoniques de nullité et les dispenses pour mariage non consommé n’ont d’effets civils que lorsque les motifs qui les fondent sont ceux que reconnaît le droit civil espagnol. Solution analogue dans l’accord italien, qui confie aux cours d’appel le soin de contrôler la conformité des sentences ecclésiastiques de nullité aux exigences de la loi italienne ».

En Afrique centrale, ces modèles mentionnés seraient le chemin indiqué pour un mariage unique, tenant en compte les exigences des différents droits (coutumier et civil), tout en amendant ce qui est contraire à la doctrine de l’Église catholique. En somme, un travail conjoint avec les instances coutumières et les législateurs civils pourraient aboutir à un accord Église/État en matière de mariage et ne s’appliqueront qu’aux fidèles catholiques pour un mariage « trois en un ».

En conclusion, comme nous l’avons mentionné plus haut, pour l’Église, le mariage n’est pas que contrat, il est aussi sacrement. Les 110 canons (cc. 1055-1165) du Code latin de droit canonique de 1983 témoignent de la place de choix de cette institution dans l’Église (c. 1057, §2 ; cf. G.S., n° 48, 1). L’Église catholique n’admettant pas le divorce, le mariage y est indissoluble.

Tenant compte de la spécificité du mariage chrétien, l’enjeu semble être aujourd’hui plus que jamais de l’articuler avec les mariages civil et coutumier. Afin d’agir à la racine, outre le travail qui nous incombe comme pasteurs a des titres divers et dont on doit s’acquitter, il nous faut aussi sensibiliser tous les fidèles, particulièrement les laïcs sur les différents enjeux de toutes ces questions, de façon à les encourager à prendre une part active dans les différentes structures où sont discutées et élaborées les lois qui régissent toute la société. Véritable challenge que celui-là, qui peut d’ores et déjà mobiliser différents spécialistes, notamment les juristes, sociologues, anthropologues et autres. Le débat va continuer…

 


Mot des délégués laïcs à la 10ème Assemblée Plénière de l’ACERAC

Les délégués laïcs présents à l’Assemblée Plénière tiennent à rendre un vibrant hommage à leurs pères évêques pour les résolutions et les engagements en faveur de la famille dans la Région d’Afrique centrale. Ils les encouragent à :

-* poursuivre les échanges en vue d’une participation fructueuse de l’Afrique au Synode de la famille d’octobre 2014 :

-* Mettre en place dans les différentes Conférences Épiscopales Nationales une commission pour la famille ;

-* Élaborer un directoire de la pastorale famille afin de donner une orientation et une visibilité à la pastorale familiale ;

-* Tenir compte dans la désignation des prêtres ou des laïcs devant animer cette pastorale, de leur témoignage de vie, de leurs compétences ainsi que de leur disponibilité pour une pastorale plus féconde et efficiente.

Vive la famille, vive l’ACERAC

Les participants

 


Communiqué final.

Du 06 au 13 Juillet 2014, s’est tenue à Brazzaville, République du Congo, la Xème Assemblée Plénière de l’Association des Conférences Épiscopales de la Région de l’Afrique Centrale (ACERAC) sur le thème : « la famille en Afrique aujourd’hui ».

Ont pris part à cette Plénière : Ce bijou

- La Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) ;

- La Conférence Épiscopale de la République Centrafricaine (CECA) ;

- La Conférence Épiscopale du Congo (CEC) ;

- La Conférence Épiscopale du Gabon (CEG) ;

- La Conférence Épiscopale de la Guinée Équatoriale (CEGE) ;

- La Conférence Épiscopale du Tchad (CET).

Nous saluons aussi la présence de nombreux invités :

- Son Excellence Monseigneur Vincenzo PAGLIA, Président du Conseil Pontifical pour la famille.

- Son Éminence Laurent Cardinal MOSSENGWO PASSINYA, Archevêque de Kinshasa (RDC).

- Son Excellence Monseigneur Gabriel MBILINGUI, Archevêque de Lubango (Angola) et Président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM).

- Son Excellence Monseigneur Pierre Marie Carré, Archevêque de Montpellier et Vice Président de la Conférence des Évêques de France.

- Son Excellence Monseigneur Smaragde MBONYINTEGE, Évêque de Kabgayi (Rwanda), Président de la Conférence Épiscopale du Rwanda et Président de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (ACEAC)

- Les couples venus de chaque Conférence Épiscopale

- Les experts et les délégués.

En prélude aux travaux de la Plénière, les Évêques ont célébré les messes d’ouverture dans les cinq zones pastorales de Brazzaville.

La Cérémonie solennelle d’ouverture a eu lieu au Palais des Congrès de Brazzaville en présence de Son Excellence Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo, Chef de l’État, Chef du Gouvernement ; des membres du Gouvernement Congolais ; des différents Corps constitués, de Son Éminence Christian Wiyghan Cardinal TUMI, Archevêque Émérite de Douala, de Son Excellence Monseigneur Vincenzo PAGLIA, Président du Conseil Pontifical pour la Famille, de Son Excellence Jan Roméo PALOWSKY, Nonce Apostolique au Congo et au Gabon.

Les allocutions prononcées en cette circonstance ainsi que le message d‘encouragement du Saint-Père, lu par le Nonce Apostolique ont salué l’heureuse initiative des Évêques de l’ACERAC, d’avoir choisi un thème d’actualité et urgent qu’est la famille, institution sacrée pour l’homme et pour la société, confrontée aujourd’hui à plusieurs défis. Le discours d’ouverture du Président SASSOU N’GUESSO a officiellement ouvert les travaux.

Après avoir écouté les messages de certains partenaires et certaines régions sœurs de l’Afrique, les Évêques ont suivi avec intérêt l’intervention de son Excellence Monseigneur Vincenzo PAGLIA, Président du Conseil Pontifical pour la famille.

Il ressort de tout cela et de la suite des travaux que :

La famille est une institution sacrée, fondamentale et nécessaire, voulue par le Dieu-créateur. Elle est la cellule de base de toute société et le lieu par excellence de personnalisation, d’humanisation, de socialisation et d’identification. La famille est aussi l’Église domestique, lieu où l’homme fait l’expérience de Dieu, exprime sa foi et où l’amour de Dieu est reconnu, accueilli et partagé. Elle est le berceau de la vie et de l’amour où l’homme apprend à tisser les relations avec l’entourage. C’est à partir de la famille que se construit une société d’amour et de communion avec autrui. Menacée aujourd’hui, la famille mérite d’être défendue, protégée et soutenue.

La pastorale du mariage et de la famille interpelle aujourd’hui toutes les filles et tous les fils de Dieu et de manière particulière les agents pastoraux. Cette pastorale doit inclure les dimensions suivantes : l’importance de la préparation lointaine, immédiate et post-matrimoniale, la conciliation des trois formes du mariage : coutumier, civil et chrétien, la nécessité de l’accompagnement des couples, privilégier la famille comme sujet de l’Évangélisation.

Les Évêques se sentent interpellés par le drame humanitaire qui attriste depuis quelques années de nombreuses familles au pays frère de la Centrafrique.

Les Évêques saluent et encouragent les efforts de tous ceux qui s’investissent pour la paix et la cohésion sociale dans cette région. Ils assurent toutes les familles centrafricaines de leurs prières et invitent vivement tous ceux qui sèment la mort d’arrêter de verser le sang et de travailler pour la paix, le dialogue et la réconciliation.

Les Évêques ont écouté le rapport des activités du Secrétariat Général de l’ACERAC des trois dernières années et celui du Recteur de l’Université Catholique de l’Afrique Centrale (UCAC).

Les Évêques remercient vivement la Conférence Épiscopale du Congo et Son Excellence Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville, les différentes Congrégations religieuses ainsi que tout le peuple de Dieu qui est au Congo-Brazzaville pour l’hospitalité et la générosité ; le Comité d’organisation pour le travail abattu et les nombreux bienfaiteurs qui ont contribué à la réussite de ces assises. Un merci spécial va à l’endroit de Son Excellence Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, pour sa proximité et son engagement à la réussite de cette Assemblée Plénière.

Les Évêques remercient Son Excellence Monseigneur Louis PORTELLA M’BUYU, Évêque de Kinkala et Président sortant de l’ACERAC pour le travail accompli durant son mandat et saluent l’arrivée de Son Excellence Monseigneur Samuel KLEDA, Archevêque de Douala, Président de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC), comme nouveau Président de l‘ACERAC.

Au terme des travaux, les Évêques ont envoyé un message au peuple de Dieu sur la famille et ses défis aujourd’hui en Afrique.

La prochaine Assemblée de l’ACERAC se tiendra au Cameroun en 2017.

Fait à Brazzaville, le 12 Juillet 2014.

 


 




 
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