Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Avec la mort et la résurrection du Christ, prenons conscience, de ce que nous sommes »

Mes frères, revivons l’événement que nous célébrons ce matin avec les croyants en ce mystère de tous les temps. Pâques constitue le thème essentiel de la prédication primitive de l’Église ; il est la synthèse et le résumé des discours de Pierre : « Dieu l’a ressuscité ce Jésus ; nous en sommes tous témoins » (Act. 2,32). Tout l’enseignement des apôtres dans les Actes est centré autour de ces mots.

Là-bas, à Antioche, et devant l’Aréopage d’Athènes, les discours de Paul atteignent leur apogée, en annonçant la résurrection : « Le Christ souffrirait et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait la lumière aux peuples et aux nations païennes ». (Ac. 26,2).

Le Christ ressuscité est aussi le centre de sa prédication : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1Cor.15,17) car la bonne nouvelle proclame la paternité de Dieu sur nous et notre croyance à cette vérité repose sur la divinité de celui qui a dit : « Le Père et moi, nous sommes un » (Jn. 10,30) et qui a promis cette divinité en ressuscitant par sa propre puissance.

La jeune chrétienté toute entière de l’Église naissante vit de la foi au triomphe du Christ ; elle déborde de joie dans l’attente bienheureuse que le Christ ressuscité, vivant reviendra et qu’en lui tous les hommes ressusciteront.

C’est cette foi-là, mes Frères, qui de tous temps : hier, aujourd’hui et demain a suscité des âmes généreuses, martyrisées, frappées, mises en prison, privées de leurs droits, crucifiées même, parce qu’elles n’ont pas voulu renier leur foi en Jésus-Christ. C’est cela qui a toujours suscité des missionnaires et des vocations religieuses pour quitter et aller aux plus déshérités.

C’est cela qui vous porte à vous engager là ou vous êtes à faire avancer le royaume de Dieu. C’est cela qui vous a fait accepter pendant ce Carême certaines privations non essentielles à votre vie, pour en remettre les économies à vos évêques, en vue d’aider à la formation. C’est cela qui émeut tant de personnes même incroyantes, mais imitent comme d’instinct le Christ dans le don qu’elles font d’eux-mêmes et de leur vie à leurs frères d’humanité.

Celui qui s’est incarné, qui a porté nos douleurs, inhérentes à la vie humaine (Is. 53,4) siège maintenant à la droite du Père et lui montre ses plaies glorieuses, intercédant pour nous. Ce Christ glorifié est le Christ actuel, présent dans l’Eucharistie, vivant dans les âmes en état de grâces, et dans le pauvre selon l’évangile, nous parlant, nous enseignant, nous guidant en son Église, car c’est son corps mystique dont le baptême nous a rendus membres.

« En ce Jésus, nous avons le mouvement et l’être » (Act. 7,28). « Je suis la résurrection et la vie », dit Jésus à Marthe. Il est la résurrection : en lui est la résurrection. Notre résurrection est une participation à la sienne. Notre vie est une mort et une résurrection continuelle pour parvenir à cet état déjà existant de ressuscité dans le Christ. Toute notre vie chrétienne se fonde sur cette résurrection. Pâques imprègne toutes nos journées et marque chacun de nos moments.

Oui, mes Frères, du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, songer aux choses d’en haut, car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. (Col.3, -3).

En ce matin de Pâques, notre Pasteur et notre Rédempteur vient à la rencontre de toute l’humanité. Pendant la semaine sainte nous avons compati à ses souffrances.

En face de lui nous avons compris nos propres situations humaines, le drame des vies humaines dans le monde de notre temps, notre foi en compromission avec le progrès des techniques modernes. Aujourd’hui, le Christ Jésus se tient devant nous, éclatant de lumière. Il nous fait sentir l’indulgence de toute joie puisée ailleurs qu’en lui.

En l’écoutant, en le regardant du regard de la foi, en le recevant en son Eucharistie, il nous montre ses mains percées par les clous : par elles, toutes nos plaies sont guéries. Il nous montre les cicatrices béantes de ses pieds : elles ont réparé nos faux pas. Il nous découvre son cœur, grand ouvert et le fond de son âme pleine de gloire, de joie et de bonté, d’où sont sortis l’Église et les sacrements de vie chrétienne.

Enfin, en retour pour tous ces bienfaits, prenons conscience, mes Frères, de ce que nous sommes : des chrétiens incorporés au Christ-Jésus par notre baptême, capables par lui de vivre dès maintenant la vie infinie de la Sainte Trinité. Que les qualités humaines et divines du Christ deviennent les nôtres. C’est cela la sainteté. Nous y sommes tous appelés par notre baptême.

« Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt. 5,48). Ainsi nos prières, nos messes, nos communions, notre participation à la construction d’un monde meilleur, toutes nos activités apostoliques seront pour nous les moyens qui nous permettront, lentement, mais réellement, de vivre de cette vie du Christ glorieusement ressuscité. Alléluia Amen !...

Les saintes Écritures instruisent sur ce que firent les premiers témoins de la résurrection du Christ :

- Les Saintes femmes accoururent annoncer la résurrection aux autres disciples,

- Les disciples d’Emmaüs rebroussèrent chemin jusqu’à Jérusalem,

- Les apôtres eux-mêmes, Pierre et Jean, en dépit de la défense formelle de parler du Christ ressuscité que leur intimaient les ennemis de leur divin Maître, ne s’y rallièrent guère, mais rétorquèrent : « Est-il juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu, à vous d’en juger . - Nous ne pouvons pas quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vu et entendu ». (Ac. 4,19-20).

- Nous savons qu’ils tinrent tous parole jusqu’à leur mort de martyre pour le Christ.

A nous aussi, petits et grands, qu’elle que soit notre condition sociale Notre Seigneur demande d’aller vivre de sa résurrection dans la pratique concrète de la charité en communauté, en famille, dans la maison entre époux, enfants, amis et compagnons de vie de travail et d’école....

- d’être partout vrais témoins de Notre Seigneur ressuscité par notre effort de témoignage en tout ce que nous disons ou entreprenons.

- de prendre au sérieux Notre Seigneur ressuscité qui a dit : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Et de ne jamais jouer de quelque manière que ce soit de ses paroles qui sont vie et salut et pour les quelles il a dit qu’on ne devait ni enlever, ni ajouter un seul iota.

- de nous rattacher vraiment à lui, à sa personne, à son Église, en étant assidus à notre messe du dimanche, ainsi qu’à sa Parole par le biais des cercles bibliques de nos paroisses...

Amen.

Extrait de l’homélie de Mgr Émile Biayenda,
Cathédrale Sacré-Cœur, 11 avril 1971

 

 


 
 
 
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