Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Serait-il venu au Congo, le temps dont parle St Paul, « où les gens se détourneront de la vérité » ?

Mes biens chers Frères et Sœurs.

Je suis heureux de vous adresser le salut pascal aujourd’hui et de pouvoir méditer avec vous la Parole indispensable de Dieu, selon les déclarations du Christ notre Seigneur qui affirme : « l’Homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Quoiqu’on en dise aujourd’hui il restera indispensable au monde que l’on annonce la Parole unique du Christ ressuscité. Le Christ ne nous a pas trompés lui qui nous l’a dit.

En contemplant toutes ces sociétés humaines si biens organisées et structurées, on est tenté de penser qu’il n’est plus nécessaire que des gens consacrent toute leur existence pour annoncer l’Évangile. Il semble que le monde n’en ait point besoin. Les hommes sont suffisamment forts pour bâtir leur cité. Et pourtant, malgré ces efforts, malgré ces organisations techniques qui procurent à l’humanité, le bien-être, la justice et la paix ne s’instaurent pas.

Ce monde comme celui d’hier a besoin du Christ et de sa Parole. Mais de nos jours l’Évangélisation ne sait plus comment annoncer la Parole réjouissante de la Résurrection. On n’arrive plus à atteindre les masses.

Serait-il venu au Congo, le temps dont parle St Paul, « où les gens se détourneront de la vérité pour se tourner vers les Fables ? ». Que faire alors ? Les gens ne viennent pas dans nos Églises. Et même si les Prêtres sont sortis des sacristies pour aller dans les chantiers, l’annonce de la Parole réjouissante reste mal aisée Et quand on arrive à la faire, cette Parole ne touche plus tellement les gens. On ne reçoit plus le Christ : « ça ne passe plus, ça ne mord plus » comme on dit ;

N’oublions pas comme l’a affirmé Saint Pierre, dans les Actes, n’oublions pas que jusqu’à ce qu’il revienne, Jésus restera toujours « Rejeté » : « Il est la pierre rejetée mais qui est devenu la pierre d’angle ». Jusqu’à ce qu’Il revienne, il y aura sur la terre des temps où les masses suivront Jésus et l’acclameront, et aussi des temps où ces même masses, sous l’instigation de certains de leurs maîtres, rejetteront Jésus malgré tout et choisiront Barabas. Le monde actuel semble donner ses préférences à Barabas : malgré lui, ce monde choisit le glaive et la bombe pour maintenir la Paix.

Certains aiment mieux les actions de brutalités et les menaces, pour rétablir la justice. Barabas est libéré : avec ses crimes ses violences, ses cris de haines et de divisions, ses perturbations, et ses agitations injustes, il est admiré et acclamé. La justice selon Jésus Christ qui s’appuie sur le bien et le Respect, n’a plus de défenseur. La voix est étouffée par les vociférations de Barabas. La voix du Juste est étouffée voilà l’impression que nous donne ce temps.

Et pourtant il ne faut pas se laisser troubler : Tout n’est pas perdu. En effet le Christ rejeté reste pierre d’angle de ce monde qui se construit apparemment contre lui et sans lui. Il faut s’en convaincre. C’est là un point essentiel de notre foi. Dans cette tourmente, dans cette tempête, homme de peu de foi, Jésus Christ est là. En effet Jésus-Christ lui-même nous signale deux dimensions de sa Présence au milieu des hommes. La dimension consciente symbolisée par le croyant qui fait le bien en connaissance de cause, au nom de la Parole de Jésus son Seigneur et de la Résurrection.

Et il y a la dimension inconsciente symbolisée par l’homme qui ne connaissant pas Jésus, accomplit quand-même ce que veut Jésus et qui prépare la Résurrection. Jésus dit :

« Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur Seigneur qui entrent dans le règne de Dieu, mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux ».

Aux apôtres inquiets de voir que d’autres faisaient ce qu’ils avaient eux missions de faire, Jésus précise cette dernière dimension :

« Qui n’est pas contre nous est pour nous »

La Parole de Jésus en effet veut promouvoir le monde à faire le Bien, uniquement le Bien. Cette Parole indispensable à la promotion du Bien et de la justice dans le monde est objective, visible : c’est l’Eucharistie de Jésus :

Elle est aussi et doit être subjective : c’est la voix de la conscience.

La Bible nous rassure en disant : « Cette Parole qui promeut au Bien n’est pas au-delà des mers ni au-dessus des cieux, qu’il faille te dire qui ira vous la chercher. Elle est dans ta bouche dans ta main et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique » (Deut. 30.11).

Nous devons comprendre par là que le Christ nous donne encore un moyen efficace de promouvoir le bien et la justice : ce moyen consiste à assister les bonnes volontés de la terre en les aidants à percevoir la Loi de l’Évangile qui est inscrite dans leur cœur dans leur main, « au fond de leur être », comme dit la Bible. Jésus en joint au petit groupe des apôtres de prier : « Priez donc le maître de la moisson... »

Ainsi chers frères,

C’est par notre prière que nous permettrons que l’Esprit de Dieu assiste ceux qui dans les différents milieux doivent concrètement bâtir la cité de la terre en vue de la rendre habitable.

Par notre prière nous aiderons tous les hommes à préparer la Résurrection en cherchant le chemin du Bien, de la justice et de la paix Par notre Prière nous permettrons que le Christ se tienne à la porte de chaque conscience humaine pour l’orienter vers le chemin de la paix. Car le Christ est venus pour les brebis perdues.

Cardinal Émile BIAYENDA,
homélie à MENILMONTANT FRANCE,
le 6 Mai 1973

 


 
 
 
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