Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

L’Évêque est le promoteur, la source d’énergie de vie spirituelle dans son église

L’évêque jouit des prérogatives de la part du Seigneur, qui aident à accréditer son ministère dans la communauté chrétienne.

Les prérogatives de l’Évêque.

Tout ce que l’évêque approuve est également agréé de Dieu : « Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même que partout où est le Christ Jésus, là est l’Église universelle. Il n’est permis ni de baptiser, ni de célébrer l’agape en dehors de l’évêque ; mais tout ce qu’il approuve est également agréé de Dieu : de telle façon que tout ce qui se fera (dans l’église) sera sûr et valide » (Éphès. VIII. 2). C’est la mission de la sanctification dans l’église, par les sacrements et que le Christ a confiée à cette dernière qui est rappelée ici et dont l’évêque est dépositaire. Plus tard, Saint Cyprien demandera qu’on comprenne que « l’Évêque est dans l’Église et l’Église dans l’évêque et que si quelqu’un n’est pas avec l’évêque, il n’est pas dans l’Église » (Épits. 66, 8). L’évêque étant ainsi, il est l’autorité visible qui forme le centre de la communauté chrétienne.

La prière de l’évêque unie, à celle de l’Église entière, est efficace. Aussi Saint Ignace estime-t-il que ne pas venir à l’assemblée, c’est faire acte d’orgueil et s’excommunier soi-même, car il est écrit : « " Dieu résiste aux superbes" ; en effet, si la prière de deux personnes réunies possède une telle efficacité, que ne pourra pas la prière de l’évêque unie à celle de l’Église entière ? » (Ephès. V. 2).

Les responsabilités et les vertus morales de l’Évêque.

Saint Ignace, après avoir parlé de l’Évêque aux autres, sa lettre à Polycarpe, lui-même, évêque de Smyrne, va nous permettre de découvrir les responsabilités et les vertus morales de l’évêque.

Il ne doit rien laisser faire sans son autorisation : « ne laisse pas les veuves dans l’abandon, dit-il à Polycarpe, après le Seigneur, c’est toi d’être la providence. Veille à ce que rien ne se fasse sans ton autorisation, et toi-même ne fais rien sans Dieu : c’est d’ailleurs ta ligne de conduite ». (poly. IV, 1).

L’évêque est, en outre, le promoteur des assemblées chrétiennes qui doivent être plus fréquentes, où tous les fidèles sont convoqués individuellement et collectivement. Il ne doit traiter avec dédain aucun esclave, homme ou femme, continue la lettre.

A l’époque de Saint Ignace, la célébration de tout mariage est un cas, semble-t-il, d’une juridiction toute particulière à solliciter chaque fois de l’évêque : « Il serait bon aussi que ceux qui se marient, tant hommes que femmes, ne contractassent leur union qu’avec l’approbation de l’évêque : car c’est la pensée de Dieu qui doit présider aux mariages et non pas la passion » (Poly. V,2).

Ce sont, ensuite, la dictée et la recommandation des vertus morales dont doit être revêtu un évêque pour s’acquitter de sa charge de Pasteur.

L’évêque a un devoir de veiller au temporel comme au spirituel : « Je t’en prie, toujours, Polycarpe, par la grâce dont tu es revêtu, avance avec plus d’ardeur dans ta course et exhorte les autres à faire leur salut. Justifie ton élévation par ton exacte vigilance au temporel comme au spirituel » (Poly. I,2).

Il prend soin de l’unité, aide tous les autres, supporte tout le monde avec charité. Il prie sans relâche, parle à chacun en particulier, à l’exemple de Dieu. Il « porte » en athlète accompli les « infirmités » de tous.

Il aime non pas seulement les bons disciples, mais plutôt les méchants qu’il faut dompter par la douceur.

Prudence de serpent et simplicité de la colombe.

Que le baptême soit son bouclier, la foi son casque, la charité sa lance, la patience son armure complète. (Lett. à Poly.).

En lisant cette lettre, on ne peut s’empêcher de rendre hommage à son auteur pour son assimilation de l’Écriture Sainte et l’application adéquate qu’il en fait sur des situations concrètes. A travers ces recommandations, on lit le Christ et Saint Paul à Timothée.

La hiérarchie ecclésiastique.

L’évêque, campé au centre de l’Église et de la communauté chrétienne, a, autour de lui, un corps de ministres sacrés, constituant le Presbyterium, dont l’accord et l’entente sont comparés à celle des cordes de la lyre : « Votre vénérable Presbyterium, vraiment digne de Dieu, est uni à l’évêque comme les cordes à la lyre et c’est ainsi que du parfait accord de vos sentiments et votre charité, s’élève vers Jésus-Christ un concert de louanges » (Éphès. IV,2).

Saint Ignace nous communique, dans sa correspondance, les trois ordres hiérarchiques de l’Église de son temps, en précisant bien la place et la charge, ordre au sein de cette hiérarchie : « L’Évêque tient la place de Dieu, les presbytres représentent le sénat des apôtres, les diacres sont chargés du service de Jésus-Christ » (Magnes. VI, 1). « On doit suivre l’évêque comme Jésus, son Père ; le presbyterium comme les apôtres et vénérer les diacres comme la loi de Dieu » (Smyr. VIII, 1).

Le presbyterium et les diacres ont le devoir d’encourager et de consoler leur évêque « pour la gloire du Père, de Jésus et des apôtres » (Trall. XII, 2).

Le comportement de la communauté chrétienne à l’égard de l’Évêque.

L’Évêque est le promoteur, la source d’énergie de vie spirituelle, le premier responsable de tout apostolat dans son église. Aussi à trois groupes différents de chrétiens, Saint Ignace demande de « ne rien faire sans l’évêque » (Phil. VII, 2) ;

- de ne rien faire sans l’évêque et les presbytres, s’adressant aux Magnésiens, car « de même que le Seigneur, soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père, avec lequel il n’est qu’un, ne faites rien, vous non plus, en dehors de l’Évêque et des presbytres » (Mag. VII, 2) ;

- de ne rien faire sans l’évêque, les presbytres et les diacres, recommande-t-il, enfin, à la communauté de Tralles, car « quiconque est à l’intérieur du sanctuaire, est pur, et quiconque est en dehors du sanctuaire, est impur : ce qui veut dire que quiconque agit en dehors de l’évêque, du presbyterium et des diacres, celui-là n’a pas une conscience pure » (Trall. VII, 2). « Agir à l’insu de l’évêque, c’est servir le diable », déclare-t-il aux Smyrniotes (Smyr. I, 1).

La soumission à l’évêque est une des conditions de la sanctification : « afin que, unis dans une même obéissance, soumis à l’évêque (et au presbyterium) vous soyez pleinement sanctifiés » (Éphès. II, 2) et de la soumission à Dieu : « Gardons-nous donc de résister à l’évêque, si nous voulons rester soumis à Dieu » (Éphès. V, 3).

Aux mêmes destinataires est demandé de n’avoir avec leur évêque qu’une seule et même pensée : « Vous ne devez donc avoir avec votre évêque qu’une seule et même pensée » (Éphèse. IV, 1). Le presbyterium uni à l’évêque comme les cordes à lyre et du parfait accord des sentiments et de la charité des Éphésiens s’élève vers Jésus-Christ un concert de louange...

Abbé Émile BIAYENDA
Extrait du Mémoire de Licence en Théologie : « L’Évêque dans l’Église »
Juillet 1967

 


 
 
 
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