jeudi 12 juin 2025
- Ecce mater tua -
Chers amis, la retraite, avec ses nombreux exercices, va finir. Je vais vous quitter bientôt. Mais, je ne voudrais pas que ce que nous avons essayé de voir ensemble passe comme un feu de paille. J’étais venu, laissant en chômage pas mal de questions, et quelle récompense en retirerai-je si, aussitôt parti tout entrait dans le grand oubli ? Non, à Dieu ne plaise ! Cela n’arrivera pas ! Il y a quelqu’un, une mère, la Mère de Jésus-prêtre, la Mère de futurs lévites, qui doit et que nous prenons pour continuer à veiller sur nous -Ecce mater tua-.
Le sacerdoce est fait pour la gloire de Dieu et le salut des hommes. Il a commencé à l’Incarnation. Marie a accepté en disant fiat. Oui, je veux. En Marie, Jésus s’est formé un cœur pour aimer, un sang lequel il allait répandre pour la rédemption, une nature formée tout exprès, compatissante, douce, innocente, délicate, un tempérament de miséricorde, un cœur, tout d’affection, et de passion sainte. C’est ainsi que Marie a formé tout l’être sacerdotal de Jésus.
Prêtre, vous offrirez des sacrifices. Vous serez une hostie vivante. Marie a aidé le Christ à s’offrir à son Père le jour de la Présentation. Le prophète Siméon, inspiré, dit à Marie que cette offrande est agréée : cet enfant est le salut d’Israël et des païens ; il sera la lumière des nations.
Marie fut, avec Jésus, au sacrifice du Calvaire. Là se réalisa la prophétie de Siméon : un glaive de douleurs lui perça le cœur. Jusqu’à ton autel la Vierge sera là.
Chaque matin, j’ai entendu un groupe d’élèves récitant son chapelet au pied de la grotte, il terminait par ceci : Notre-Dame de la Vocation. Oui, cette Mère, cette Dame, présente à l’éclosion de notre appel au service de Jésus, continue et continuera à être avec nous, toujours. C’est la Dame de la Vocation, c’est la Reine du clergé, c’est la Mère du sacerdoce. Comme le Messie a été donné au monde par Marie, c’est par elle aussi que le bon Dieu nous transmet toutes ses grâces. Marie est notre Mère. Agissons avec elle avec confiance, simplicité. Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es. Hantons la Sainte Vierge Marie, et tel un fruit passant entre des mains parfumées, nous deviendrons aussi comme cela. Saint Augustin appelle quelque part Marie, un moule divin, destiné à produire Dieu.
Jésus, le premier, si l’on peut dire, a été soumis à l’action, à la forme de ce moule mystique. Il en est sorti l’Homme-Dieu. Quiconque s’y jette devient Dieu suivant l’image et les traits de Jésus. Or, nous savons que nos actes, et nous-mêmes ne mériteront le ciel que dans la mesure où Dieu le Père aura retrouvé, en nous, l’image et les traces de son divin Fils.
Chers amis, qui cheminez lentement vers l’autel, vous êtes les préférés de Jésus et de la Sainte Vierge. Vous êtes destinés à devenir d’autres Christ, et sachez que nul, mieux que la Sainte Vierge ne pourra jamais former Jésus en vous. Dès maintenant et toujours, ne faites jamais rien sans la Sainte Vierge.
Dans le calme, aimez-la, priez-la, acquérez de bonnes habitudes. Dans les tempêtes, comme le marin au sein des flots, regardez l’étoile, invoquez Marie : Respice stellam, voca Mariam, nous dit Saint Bernard. Dans vos doutes, consultez Marie ; dans vos tentations, prononcez son nom tout-puissant. Dans vos faiblesses, vos insuccès, la nostalgie, prosternez-vous devant son image, implorez son secours qu’on n’a jamais demandé en vain. C’est elle qui vous conduira par la main jusqu’à l’autel, qui formera Jésus en vous, qui vous gardera prêtres pieux, saints, zélés à jamais.
Mgr Émile Biayenda,
Retraite Spirituelle aux Grands Séminaires,
en 1970.
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