Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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dimanche 1er septembre 2024


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« La sainteté n’est point héroïsme, actions d’éclat, mais conformité à la volonté de Dieu et au programme laissé par son Fils »

Extrait de l’homélie du Cardinal Émile BIAYENDA, à la messe du 50éme anniversaire de la Canonisation de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le 20 septembre 1975, à Lisieux (France)

Excellence,

Bien chers Frères dans le sacerdoce,

Et vous tous, mes bien chers Sœurs et Frères dans le Christ,

« A vous tous ! grâce et paix de la part de Dieu le Père et le Seigneur Jésus-Christ ».

Grâces soient rendues à Dieu qui nous a tous fait don de la foi ; grâces soient rendues à son humble Servante Thérèse de l’Enfant-Jésus, Patronne de bon nombre de chrétiennes de notre Diocèse et à qui nous ont été confiées par nos prédécesseurs et à nous-mêmes, de très nombreuses Communautés chrétiennes dans notre jeune Église du Congo.

Remerciements

C’est avec une grande joie que nous partageons cette Eucharistie avec vous, ce matin. Notre joie est d’autant plus grande que les organisateurs de ces journées de prières ont eu la délicatesse de nous inviter à vous adresser la parole et d’ajouter ainsi notre modeste rose, au nom de toutes les jeunes Églises d’Afrique, à la Couronne de gloire de la Petite Thérèse de Lisieux.

Notre reconnaissance s’adresse, en particulier, à Monseigneur BADRE, Évêque de Bayeux et de Lisieux, qui a été le premier intermédiaire dont s’est servi la Petite Martin pour nous convier aux Festivités du Cinquantième anniversaire de sa Canonisation.

Le Second sera Monseigneur Georges DURAND, Recteur de la Basilique et Directeur de Pèlerinage qui a tenu, depuis deux ans, à la présence d’un Évêque de pays anciennement « pays de mission » à cette assemblée.

Notre présence ici, ainsi que celle des prêtres qui nous accompagnent et des autres prêtres d’Afrique et des jeunes Églises du monde entier souligne l’importance de la mission confiée à la jeune Carmélite, Thérèse de l’Enfant-Jésus, par le Seigneur lui-même, qui nous convie tous à travailler à l’avènement du Règne de son Fils dans nos cœurs et dans le monde.

La Sainteté de Thérèse

« Et moi, je viens rassembler les nations de toutes langues. Elles viendront voir sa gloire. Je leur donnerai un signe ». (ls. 66,18-19a).

Le Seigneur lui-même a convié ici à Lisieux, sur sa « sainte Montagne », cette « foule immense, de toute nation, race, peuple et langue ». (Ap.7,9) « pour voir sa gloire » et celle de sa fille bien-aimée, Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Quel autre argument, quelle autre réponse opposer à toutes ces contestations, à tous ces négateurs du titre de « Sainte » donné à la « Petite Martin » ? Quel autre signe leur proposer sinon cette immense Assemblée que nous formons pour proclamer les bienfaits du Seigneur et lui dire notre action de grâce pour avoir agréé parmi ses élus la jeune Carmélite de Lisieux ? Grâce à elle, nous pouvons, aujourd’hui, confesser que la sainteté n’est point héroïsme, actions d’éclat, mais conformité à la volonté de Dieu et au programme laissé par son Fils : « aimer Dieu et aimer son prochain » par amour pour Dieu.

Heureuse Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui l’a si bien compris et si bien vécu dans le silence, dans le calme, dans la pauvreté et l’obéissance assumée pour le Royaume.

« Je te bénis, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, de l’avoir caché aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout petits. Oui Père, tel a été ton bon plaisir » (Mat. 11,25-26).

C’est Toi qui as fait comprendre à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dès sa plus tendre enfance et durant toute sa vie, qu’il nous faut entrer dans le Royaume des Cieux et que la charité est le lien de la perfection.

Béni sois-tu, Seigneur ! Pour Thérèse de Lisieux qui nous aide à comprendre la portée réelle de ton enseignement sur la mort prématurée de tes amis :

« Le juste, même s’il meurt avant l’âge, trouvera le repos. La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années. C’est un âge avancé qu’une vie sans tâche. Devenue parfaite en peu de temps, Thérèse de l’Enfant Jésus a fourni une longue carrière. Tu as trouvé son âme agréable, aussi l’as-tu retirée en hâte (de cette terre) ». (Sag. 4,7-14).

Thérèse patronne des missions

Excellences,

Mes bien-chers Sœurs et Frères dans le Christ,

Le thème de notre méditation de ce jour qu’illustrent si bien les textes de notre Messe : Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions et qui a pour sous-titre : « Je voudrais être missionnaire », ce thème est le second signe que le Seigneur nous donne aujourd’hui.

« J’enverrai certains vers les nations : vers les îles lointaines qui n’ont pas entendu parler de moi et n’ont pas vu ma gloire. Et ils révéleront ma gloire aux nations, Ils ramèneront tous vos frères sur ma montagne sainte. Et de certains d’entre eux je ferai des prêtres, des lévites » (lsaïe 66, 18-21).

Les païens sont admis au même héritage, « membres du Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Évangile » (Eph. 3,6).

Si hier, le titre de Patronne de Mission donné à Sainte Thérèse faisait problème parce que seul était considéré comme missionnaire celui qui quittait son pays, tel Saint François XAVIER, aujourd’hui, nous reconnaissons tous qu’on peut être missionnaire tout en restant chez soi ou en s’emmurant dans un couvent. En soulignant ce dernier aspect de la mission, nous ne saurions l’utiliser pour justifier le peu d’intérêt que nous portons actuellement aux missions et aux missionnaires ; nous ne saurions nous en servir pour couvrir notre égoïsme qui se traduit par la baisse de l’aide matérielle et humaine aux jeunes Églises.

L’Église, de tout temps, se considère, se veut et se sait missionnaire. La mission est la raison même de son existence. Elle est missionnaire de par son essence et de par la volonté éternelle de son Fondateur. Et aujourd’hui, plus que jamais « signe de salut » dans un monde qui se paganise, elle ne peut être que missionnaire.

Le Concile l’a explicitement rappelé : « Envoyés par Dieu aux peuples pour être le Sacrement universel du salut », l’Église, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité, et obéissant au commandement de Jésus : « Allez par le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc. 16,15). L’Église entière est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes.

Les Apôtres, eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Église a été fondée, ont suivi les traces du Christ, « prêché la Parole de Vérité et engendré des églises ».

Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette œuvre, afin que la « Parole de Dieu soit divulguée et glorifiée (2 Thes. 3,1), le Royaume de Dieu annoncé et instauré dans le monde entier ». (Lumen Gentium).

A ce titre, Thérèse de l’Enfant Jésus est donc Patronne de toute l‘Église, de tous les baptisés puisque nous sommes tous missionnaires, « envoyés », « témoins de Dieu » partout ou nous nous trouvons. Mais, elle est et demeure, à un degré tout particulier, Patronne des missions, de toutes ces jeunes Églises fondées par des Instituts religieux missionnaires. Que la mission garde son actualité, il n’y a qu’à relire le message des Évêques africains et malgaches au dernier Synode épiscopal international. Les Pères de ces jeunes Églises, comme ceux d’Asie et des autres continents dénoncent « comme contraire à l’Évangile et à l’Enseignement de l’Église, tout geste, parole ou écrit susceptible d’entraver la coopération entre les anciennes et les jeunes Églises »...

Il faut le reconnaitre, aujourd’hui, aussi bien dans l’esprit des missionnaires que dans celui des chrétiens des Églises d’où ils viennent, ce n’est pas tant la nature ou la nécessité de la mission.

C’est dans ce sens que le Message de Thérèse dans son couvent, retrouve son actualité, sa volonté d’enfouissement caractérisé par le silence de l’orant, le témoignage discret, l’action cachée au milieu des hommes sans appareil spécifique, sa simplicité seront les grâces particulières que nous lui demanderons au cours de cette Messe pour tous ceux qui croient et contribuent à la Mission. Puisse-t-elle obtenir, auprès de Jésus, cet « esprit nouveau », que Bernard Binet, dans Lumen Vitae appelle « Logique de l’invité » :

« Le missionnaire, disons-nous avec lui, n’est ni un simple conquérant qui va transplanter sur un territoire d’outre-mer l’Église dans laquelle il a découvert l’Évangile, ni un simple envoyé qui va exécuter des ordres dont il ne comprend ni ne discute le contenu ; il part en « invité » pour être chrétien dans une Église originale, pour « être avec » et pour “faire ensemble” ce que l’Esprit suggère aux Églises... »

Pour le futur Carmel au Congo-Brazzaville

Nous profitons de la même occasion pour vous demander de prier aussi pour les Carmels des pays anciennement dits « pays des missions » et plus particulièrement pour celui, en voie de fondation dans notre propre Diocèse, au Congo Brazzaville, où, depuis un an, avec l’induit de la Sacrée Congrégation des Religieux, deux jeunes Carmélites (une de Verdun et une seconde de Tours) vivent et expliquent leur idéal aux nombreuses filles en quête de vie de contemplation, tout en s’imprégnant de nos réalités, en vue d’une Fondation future conforme à la mentalité congolaise, s’il plaît à Dieu.

Prière finale

Que tous les Saints du Ciel, la Vierge Marie, Mère de l’Église, corédemptrice du genre humain, que les grands missionnaires de tous les temps, tous les témoins de l’Évangile du Christ, tous les Bienheureux qui ont vécu diversement la vocation de la Mission universelle de l’Église à la manière de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Patronne des Missions, intercèdent pour chacun de nous ici présents, pour nos églises particulières et pour nos pays, pour que partout, le Seigneur lui-même, suscite des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs pour l’avènement de son Règne de paix, de justice et d’amour.

Amen !

Cardinal Émile BIAYENDA

 




 
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