mardi 3 décembre 2024
Lui seul est pasteur d’âmes ; lui seul fait le lien de l’apostolat dans le diocèse. En être séparé, lui désobéir, on ne fait plus rien. Tout notre ministère dépend de lui. Tout nous vient de lui : sacerdoce et juridiction. Être coupé de lui, c’est se séparer de l’Église tant particulière qu’universelle.
Futurs prêtres diocésains, nous serons appelés à servir l’Église dans la dépendance de notre évêque.
Ici, au séminaire, l’évêque a légué son autorité à tous ceux auxquels il a confié une partie de l’ensemble de ces sciences, qui constituent votre formation et bientôt et plus tard, au supérieur de la paroisse où nous irons passer nos vacances.
Écoutons plutôt là-dessus, ce qu’en la matière écrivait Saint Pie X, le 28-7-1906 aux évêques d’Italie : Le motif qui nous pousse de nouveau... cf p. 82 n°s 87 à 90, notre modèle, c’est le Christ : « Il descendit avec eux pour retourner à Nazareth et leur était soumis » (Lc II.51), ailleurs dans Saint Jean 4,34 « ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre ».
C’est très important, dans la vie humaine et la vie du prêtre (qui doit être un homme mangé). Lucifer s’est perdu par refus d’obéissance, de même Adam et Ève ne nous ont pas perdu autrement.
L’histoire de l’Église nous conserve les cruelles leçons des ministres prévaricateurs, qui ont trahi leur mandat par défaut d’obéissance. Qui dira les ravages dans le troupeau, pour cette terre et pour l’Église éternelle d’un Arius d’un Photius, d’un Luther... tous sortis du rang de ceux que l’Église appelle à la seconder.
Car, sachons que si le divin Pasteur défend ses ministres fidèles, comme la prunelle de ses yeux et comme des amis très chers, il est terriblement menaçant pour ceux qui ont profité de leur mandat, pour livrer au loup leur part du bercail (cf Ezéchiel 34).
Or l’histoire, science du passé instruit et arme. Ces grands qui ont soulevé, qui sait si ce n’était pas parce que durant leur formation, ils n’avaient pas su obéir, ni voir dans le règlement la volonté de Dieu.
S’il y a bientôt vacances et déjà pour les études, il ne saurait y en avoir pour la prière, car c’est la loi du Seigneur de « toujours prier ».
Prier c’est parler à Dieu, comme un enfant parle à son père. C’est comme une respiration de notre âme. De par notre vocation, nous sommes appelés à devenir des hommes de Dieu. Il va sans dire qu’aucune créature n’échappe à Dieu et que tous les hommes sont à lui. « Nous sommes à toi Seigneur, nous sommes à toi » : chantons-nous. Mais le prêtre par vocation, et grâce spéciale reçue pour cet état le devient davantage.
Le prêtre a fait profession d’aimer Dieu, de servir Dieu, d’être plus explicitement aux affaires de Dieu. Beaucoup d’entre nous, l’avons déjà dit : « Dominus pars »...
Par notre esprit de prière, nous nous opposons à celui du monde qui vit de jouissance et de dissipation, car nous devons être les hérauts de toute la création, de toute l’humanité, de notre paroisse ou de notre village, à dire à Dieu sa reconnaissance.
Bien promptement, sachons ordonner notre emploi de temps et donner à Dieu la première place. « Dieu premier servi » (Ste Jeanne d’Arc). Ne renvoyons jamais aux dernières heures, nos moments privilégiés de contact avec le Seigneur.
Nous brûlerons vainement du zèle des âmes, si nous n’avons pas l’esprit de prière. Personne ne doute que la piété ne doive être la caractéristique d’un clerc : car si le sacerdoce est un reflet du sacerdoce de Jésus, les prêtres doivent en imiter les vertus. Ils doivent être les amis, les représentants et les ministres de Jésus (St Pie X - au séminaire français 23.II.1905). cf lecture sur Ngunza.
Pendant les vacances, nous aurons là l’occasion de nous former à la prière personnelle, par l’oraison ou l’adoration. Sachons au milieu de mille occupations qui souvent nous prennent notre temps, faire une place à Dieu, perdre si l’on peut parler notre temps. (Les clercs des ordres majeurs, déclare l’Église au Canon 135, sont tenus à l’obligation de réciter entièrement chaque jour les heures canoniales, conformément à leurs propres livres liturgiques dûment approuvés). Ces heures de bréviaire ont été énormément raccourcies, en fonction de notre ministère actif.
N’abandonnons pas, ne renvoyons pas la réception du sacrement de la Pénitence ; pratiquons chaque jour pendant quelques temps, l’oraison mental ; ne prétextons rien et allons avec la communauté à ses divers exercices de piété ; récitons le chapelet en l’honneur de la Vierge Marie et achevons notre journée par un examen consciencieux de l’emploi de notre journée.
Encore une fois, suivons en ce domaine de plus près possible, sinon toujours là où cela existe, le mouvement de la communauté où nous sommes, qu’elle soit diocésaine ou autre.
Mais par-dessus tout, c’est par la messe de chaque matin que nous acquérons la force surnaturelle de fidélité à toutes nos obligations, vis-à-vis de Dieu et des hommes durant cette période.
Soyez volontiers les animateurs de ces messes, notamment celles du dimanche. Ne vous y soustrayez jamais sans raison valable, car votre présence y est un témoignage.
Veillez et priez pour que vous ne tombiez pas en tentation (Mt VII,48). Demandez et il vous sera donné (Mt VII,7). Quiconque demande obtient (Lc XI,10). Soyons sûrs que nos jours de générosité et de bon travail seront ceux où nous aurons prié.
Voilà, mes frères avec pessimisme peut-être l’état de choses qui se rencontre dans notre société contemporaine africaine. Et c’est là pourtant notre champ de travail. C’est cela que doit transformer notre zèle tout en veillant de ne pas peu à peu nous y laisser gagner nous-mêmes. Souvent nos vues et conceptions contrarieront étrangement avec les leurs ; comme le Christ nous serons incompris et nos conseils délaissés. C’est normale !...
Abbé Émile BIAYENDA,
Juin 1964.
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