Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
Accueil > JOURNAL LA MÉMOIRE > 47 > L’Église ne vit pas à côté du monde. Sa mission est de transformer le monde (...)

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

L’Église ne vit pas à côté du monde. Sa mission est de transformer le monde selon le dessein de Dieu

Je retiens notre analyse sur nos communautés. Un mouvement communautaire s’est amorcé dans nos trois pays. Il entraîne plusieurs mutations de nos communautés et s’exprime, particulièrement, par la création de mouvements, de fraternités ou de mabundu, recevant leur caractère original des associations traditionnelles.

Ces mutations renouvellent les structures internes de nos communautés par l’engagement plus grand de leurs responsables et par le partage des responsabilités. Elles ouvrent plus de possibilités d’engagements et de témoignages pour les chrétiens. Les différents ministères propres à la vie de la communauté sont mieux répartis.

Par ces transformations, les chrétiens demandent une formation plus profonde de leur foi. Notre souci permanent de formation des chrétiens se porte, de plus en plus, non seulement sur les catéchistes, mais aussi sur les responsables des différents services et ministères de la communauté. La formation se centre sur l’Évangile de Jésus-Christ.

Est-il possible que l’un ou l’autre de ces responsables accède un jour à la présidence de toute une communauté ? Nous ne saurions actuellement le dire. Nous pouvons, cependant, accentuer la formation de tout adulte dans la foi pour qu’il exerce davantage et mieux un ministère d’évangélisation dans la communauté et dans le monde.

Depuis le dernier Synode, nous sommes devenus sensibles à la loi de l’Incarnation, c’est-à-dire à la Mission de l’Église appelée à incarner le mystère du Christ au cœur du monde. Cette loi d’Incarnation réveille notre attention sur les valeurs culturelles de la vie des hommes et sur notre propre identité culturelle. Elle interpelle aussi notre pastorale et ses orientations futures. C’est une prise de conscience heureuse que l’Église fait actuellement. Elle nous pousse à prendre en considération des critères nouveaux et probablement plus exigeants pour l’admission des chrétiens aux sacrements, par exemple : la conversion du cœur de l’homme et la manifestation pratique de sa foi en Jésus-Christ.

Notre attention s’est portée sur le témoignage de la communauté chrétienne dans la communauté humaine. On ne peut évangéliser sans se soucier de la promotion humaine de tout homme. L’Église exerce sa mission pour le monde. Dans la façon d’agir de la communauté chrétienne et dans les actions des chrétiens s’expriment les qualités de notre vie de foi.

L’Église ne vit pas à côté du monde. Sa mission est de transformer le monde selon le dessein de Dieu. Cette transformation se fait, jour après jour, par de multiples actions. Nous avons souligné que tout projet chrétien de développement est un projet d’Église.

Il ne dépend pas de l’action d’une seule personne mais du dynamisme de la communauté chrétienne, de l’équipe missionnaire, de la cohésion et de l’unité du presbytérat. Il faut sortir de nos individualismes et de l’incohérence de certaines réalisations non coordonnées dans un ensemble pastoral.

Relevons, enfin, que notre engagement au développement devrait se vivre selon la loi de l’Esprit de Jésus et non selon la loi des hommes. Notre puissance est en Christ et non dans l’argent. Laissons juger notre action par l’Évangile du Christ et l’améliorer, afin de ne pas donner une image de son Église qui la défigurait gravement...

Cardinal Émile Biayenda
Extrait du discours de clôture de la réunion des Évêques du Congo, du Tchad et de l’Empire Centrafricaine
le 19 février 1977

 


 
 
 
Haut de page