samedi 16 novembre 2024
Chers Frères dans le Christ,
Vous le savez déjà, l’année Sainte s’ouvrira, à Rome, en décembre prochain. Le pape Paul VI, notre pasteur, nous demande de la préparer. Toutes les Églises locales œuvreront dans ce sens, du premier dimanche de l’Avent 1973 jusqu’aux derniers jours de 1974, date de l’année Sainte.
Nous voulons, avec vous, nous joindre à cette Église Universelle. Il nous faut vivre, à la manière congolaise, ce grand événement. Nous voulons aussi le vivre en union avec toutes les autres Églises locales, dans, un esprit de vrai renouveau spirituel. Ce désir du Saint père se situe dans la ligne de Vatican II. N’est-ce pas pour nous l’occasion unique d’en approfondir l’enseignement et d’y conformer notre vie ?
Nous voulons, avec vous, d’abord, comme Pasteur et comme Père, utiliser tous les moyens dont nous disposons pour réaliser une vraie réconciliation avec Dieu notre Père. Ensuite, dans toute la mesure du possible, nous chercherons à nous réconcilier entre nous, entre Congolais, avec les hommes de toutes races, nations, religions et ceux-là mêmes qui ont des opinions différentes.
La société de consommation envahit nos vies. Nous sommes cependant héritiers de coutumes très belles, malheureusement souvent déformées. Vivant dans l’État congolais, examinons notre vie dans notre manière de penser et d’agir, au regard de notre mentalité propre et de nos habitudes religieuses. Entreprenons ce travail courageusement, à la Lumière de l’Évangile et en suivant les enseignements du Concile de Vatican II.
L’heure est à l’interpellation personnelle. Cherchons à savoir ce que le Seigneur attend de nous, aujourd’hui.
Cette œuvre est grande et belle. N’hésitons pas à demander l’aide de Marie, Notre-Dame du Congo. Supplions l’Esprit Saint de nous assister et de nous donner Lumière et Force.
Tout cela exigera de nous de grands efforts, c’est certain. Il faut du courage pour modifier certaines habitudes de vie. Ne manquons pas de répondre à cet appel de notre Père Céleste que nous transmet, en ce jour, notre Pasteur Universel, le Pape Paul VI.
Ceci nous obligera à nous regarder les uns les autres. Enfants du même Père, nous verrons mieux ce qui nous unit et nous divise. Reconnaissons les obstacles qui entravent l’unité intérieure de notre Église, l’unité entre les chrétiens, l’unité et l’harmonie entre citoyens de notre nation.
Que cette réflexion soit faite d’abord sur notre propre vie. Développons-là, ensuite, en commun, avec nos frères. Ne craignons pas de nous remettre en question, c’est-à-dire de reconnaître nos propres torts. Les divisions qui nous éloignent où nous opposent à nos frères se révéleront à nous. Ne serait-ce pas à cause de notre manque de larguer de vue, à cause de notre manque de foi ? Ne nous manque-t-il pas, surtout, un vrai désir de vivre selon l’Esprit du Christ ? A nous de répondre.
Portons également un regard lucide sur la société chrétienne et congolaise ... telle qu’elle se vit présentement. Nous serons probablement amenés à changer une bonne part de notre comportement humain et religieux. C’est une exigence de fidélité à notre foi personnelle ...
Ensuite seulement, entreprenons le dialogue avec ceux qui ne partagent pas notre conception du monde et de la Société. Soyons d’abord les Témoins d’une foi vécue.
La réconciliation et la paix commencent toujours par une conversion profonde de chacun. Cela se traduira par un changement d’esprit dans nos familles chrétiennes, dans nos œuvres, dans nos paroisses.
Si nous désirons un dialogue sincère entre les croyants et avec tous les hommes de bonne volonté, il nous faut accepter et cette conversion personnelle et cet « esprit nouveau » qui transformeront nos Communautés. Par delà les races, les mentalités, les religions, les fortunes, et les idées qui pourraient nous écarter les uns des autres, nous pourrons, alors, « rencontrer » les autres au plan de la Fraternité humaine.
Nous vous engageons, chers frères, à vous mettre tout de suite, à l’œuvre pour ce travail de longue haleine. N’oublier pas de le préciser par une réflexion sur les faits : de le sanctifier par la prière ; l’Évangile et les Documents du Concile seront vos guides. Ainsi se réalisera, dans la réconciliation, ce monde fraternel tant désiré.
C’est une tâché exaltante, à laquelle je vous convie aujourd’hui. Elle est proposée à tous et à toutes, sans exception. Aussi nous vous demandons, chers frères : prêtres, religieux, religieuses, responsables des mouvements. Nous les jeunes et vous tous. Fils et Filles de la grande famille chrétienne, unissez-vous à notre plan d’action.
Ce renouveau des esprits et des cœurs que nous vous proposons trouvera son aboutissement au cours de nombreux pèlerinages qui seront autant de manifestations solennelles de notre Foi. En réponse à tous nos efforts, pour nous réconcilier à Dieu notre Père et à nos frères les hommes, nous bénéficions, ensemble, de l’Indulgence Plénière accordée à l’occasion de l’Année jubilaire.
En ce temps de préparation à Noël, prévoyons déjà les points essentiels de ce cheminement de conversion. Prions l’Esprit Saint de nous éclairer et de nous aider.
Dès aujourd’hui, retrouvons-nous nombreux, très nombreux, pour écouter, lire, méditer les recommandations de notre Lettre pastorale. Différents documents vous seront envoyés par la suite pour guider nos réflexions. Dans l’esprit d’adhésion personnelle et de participation active à cet effort de renouveau, nous verserons, chacun, la somme minime de 5 francs. Le produit de la quête organisée au début de ce mois, à cette intention, nous sera remis pour subvenir aux frais d’organisation de cette grande opération « Année Sainte ».
En janvier et février, vous serez appelés à participer a toute une série de manifestations de Foi.
Dans les paroisses, dans les Mouvements, dans les Maisons religieuses, chacun trouvera la place et le rôle le plus approprié pour en assurer la réussite. Nous prierons tous ensemble dans nos grandes Assemblées. Nous réfléchirons aussi par petits groupes. Tous et toutes, nous nous réconcilierons avec Dieu et avec nos frères.
Nous espérons, à cette occasion, dialoguer avec nos frères des diverses Églises. A la prière commune, nous joindrons des journées d’études et de formation. Ainsi, nous pourrons approfondir, ensemble, le thème de la réconciliation qui nous est également cher.
En période de Carême, outre l’Écoute de la Parole de Dieu, nous vous proposons de participer à des « échanges-pèlerinages » entre paroisses et groupes. Ils seront précédés d’actions qui témoigneront, dans un Geste de pénitence, le regret pour nos offenses contre Dieu et nos frères.
Enfin, un effort général sur la réconciliation au sein de nos familles religieuses et de nos foyers chrétiens. Nous étudierons la question et travaillerons concrètement à la solutionner.
Pâques sera - dans la lumière de la résurrection - notre fête de réconciliation.
Les semaines, s’étendant du premier Dimanche après Pâques au dernier dimanche de juin, seront réservées aux grands pèlerinages avec l’Indulgence du jubilé qui y est attachée.
Tenant compte du Décret donné par Notre Saint Père, le Pape, à l’occasion de l’Année Sainte, nous fixons les conditions suivantes pour gagner l’indulgence du Jubilé. Ces conditions prévues pour les personnes capables de les remplir peuvent être adoucies pour les malades et les personnes empêchées.
a) Les fidèles de la ville doivent se rendre à l’Église Cathédrale et participer à une célébration communautaire solennelle.
Les fidèles de la campagne doivent se rendre à l’Église de la Mission Centrale, aux mêmes conditions.
b) Pour les groupes familiaux, scolaires, etc. Les fidèles de la ville doivent se rendre à l’Église Cathédrale, faire un temps convenable de méditations et terminer par le Notre Père, le Je crois en Dieu, et par une invocation à la Vierge Marie.
Les fidèles de la campagne doivent se rendre à l’Église de la Mission Centrale aux mêmes conditions.
c) Les malades et les personnes empêchées (prisonniers par exemple) doivent s’unir à l’une ou l’autre de ces démarches, en offrant leurs prières et leurs souffrances.
Nous espérons que notre lettre paternelle vous a apporté la joie et le désir de vivre, avec nous, ce grand événement qu’est l’Année Sainte. Nous souhaitons que chacun de vous approfondisse vraiment la prière personnelle : que chacun recherche ce qui nous sépare de Dieu et cause les divisions entre frères : que chacun, réajuste sa vie dans une conversion sincère. Ainsi, les pèlerinages seront comme le couronnement de nos efforts et l’indulgence le signe de la Miséricorde divine.
Que la Vierge Marie nous bénisse et nous soutienne tous. Que, par la grâce du Père, le secours de Jésus Christ, notre Sauveur, par la Lumière et la Force de l’Esprit Saint, l’indulgence Sainte nous soit accordée, comme gage de notre réconciliation envers Dieu et nos frères.
+ Émile Cardinal Biayenda,
Archevêque de Brazzaville,
le 6 novembre 1973
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