lundi 28 octobre 2024
Mes Chers Frères et Sœurs,
A Saint-Pierre-Claver, c’est toujours dans la joie et dans l’allégresse que nous aimons nous y rencontrer.
Mais aujourd’hui, plus particulièrement, c’est vraiment le jour du Seigneur, le jour tant attendu, préparé par des séances de prières, des concours de maquettes par les enfants de nos catéchisme. C’est le jour de grande liesse, le jour d’offrande officielle, de consécration rituelle pour toujours et pour les générations à venir, de ce lieu de culte au Seigneur, à l’usage exclusif de son seul service et avec cela nous-mêmes : nos vies, nos joies, nos épreuves, nos projets de vie d’hommes, de vie de famille, de vie d’étudiants et d’étudiantes, de vie de travailleurs, de vie de missionnaires, de vie d’apostolat, de vie de citoyens congolais croyants.
Notre joie, chers Frères et Sœurs, doit être à son paroxysme, car d’une volonté unanime, nous venons ici, avec dans notre cœur et dans nos bras comme en forme de maquette livrer ce joli temps au Seigneur, pour sa gloire, pour son honneur et son seul service. Et parce que cet édifice est tout en pierres, en matériaux durables et complètement achevé, nous le redonnons à Dieu Tout-Puissant par une prière, un acte solennel, tout particulier : celui de la Consécration. Des lieux de culte livrés par une telle liturgie au service du Seigneur, Saint-Pierre-Claver aura été le 1er et l’unique jusqu’à ce jour dans notre Diocèse.
Levons la tête, ouvrons les yeux, observons bien : tout nous parle et veut nous enseigner dans ce temple. La beauté, la splendeur, l’audace des lignes et leur finesse, témoigner de la profondeur de la foi de ceux qui ont conçu et qui ont fait réaliser une pareille entreprise. C’est dire aussi la dignité de Celui pour qui tout ceci a été fait. Celui-là, c’est Dieu, c’est le Seigneur, c’est Jésus-Christ que nous aimons et aimerons venir adorer dans la Sainte Eucharistie.
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Le clocher qui monte si haut dans le ciel est comme un doigt qui nous invite à nous élever toujours, tout en nous rassurant que le Seigneur veille sur notre ville et nos maisons. Nous louons, nous admirons le sens pédagogique des architectes, car en entrant dans cette Église, tout nous porte et nous centrer sur l’essentiel : l’Autel et le Saint Sacrement. La forme triangulaire donnée à ce temple nous rappelle le mystère de la Très-Sainte Trinité.
Permettez-nous de citer le Frère Bonaventure et le Frère Jean-Marc de la CHAUME avec leurs 85 ouvriers qui effectuèrent ici le 13 Août 1963, la 1ère coulée de béton des fondations de cet édifice. Le Frère Jean-Marc devait ensuite regagner le Canada pour raison de santé. Mais une fois guéri, il continua à susciter des bienfaiteurs en faveur du chantier de Saint-Pierre-Claver. Et ce sera le cher Frère Jean-Louis qui mettra la main à la finition de cette construction.
Aujourd’hui le Frère Jean-Marc est avec nous. Il représente la chrétienté du Canada qui a aidé à cette construction. Il entend et enregistre les échos sonores de nos cris de joie, de remerciements et de reconnaissances, il ira ensuite les répercuter auprès des parents, des amis et des bienfaiteurs de cette paroisse.
Mes chers frères et sœurs, merci d’être venus si nombreux prendre part à la cérémonie de la consécration de ce temple, de cette Église de Saint-Pierre-Claver.
- Notre merci s’adresse à Dieu qui nous a donné cette Église, ce lieu de sa présence.
- Merci à Dieu d’avoir donné aux hommes la générosité et le courage pour bâtir un si beau lieu de culte.
- Merci à Dieu de ce que toute cette construction se soit accomplie sans qu’on ait à déplorer un seul accident.
- Merci aux Prêtres et Religieux du Très Saint-Sacrement qui se sont dépensés sans compter pour élever cette Église.
- Merci à la chrétienté du Canada qui a aidé à cette construction.
- Merci à vous tous chrétiens qui aviez donné quelque chose de votre argent, de votre sueur : très longtemps l’on se souviendra de « Mâ Lubienga » que ce geste de donner vous demeure toujours.
- Merci à tous les hommes de toutes langues, de toutes races et de tous continents qui, de loin ou de près, vivants ou morts, connus ou inconnus, ont fait quelque chose pour la construction de ce lieu de culte pour la plus grande gloire de Dieu.
Tous, mes frères, remercions Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Gloire et paix aux hommes de bonne volonté », (Nzambi ku zulu sangu zandi ga nsi dzunu kue bantu be na m’tima wu zololo bubote).
Frères bien-aimés,
Ceux qui ont perdu la foi au mystère de l’homme, à leur propre mystère, ceux pour qui l’homme n’est rien d’autre qu’un animal tout comme le chien ou comme le poulet, ceux là se diront pourquoi gaspiller tout cet argent pour un monument ? Pourquoi cette maison, pourquoi cette Église ?
Le mystère de l’Église est grand, mes chers frères, c’est notre mystère à nous autres hommes. C’est le mystère de notre création. C’est le mystère de la grandeur inestimable de l’homme. Tous les peuples ont vécu ce mystère du temple de Dieu. C’est un mystère naturel à l’homme, parce qu’il est de la nature même de cet instinct de reconnaissance qui nous fait honorer les parents qui nous ont donné la vie. Tous les temples du monde et de tous les temps sont signe de la reconnaissance instinctive des hommes à l’égard de cet être vivant invisible qui leur fait tant de bien.
Pour nous croyants, pour nous surtout chrétiens, nous savons avec précision que le mystère du temple de Dieu, c’est le mystère même de notre foi. C’est le mystère de Dieu au milieu de nous. « Le Verbe s’est fait chair et Il habité parmi nous », Il a dressé sa tente parmi nous. Oui, le plus grand souhait des hommes c’est d’habiter avec Dieu comme le dit si bien le Psaume 27, 4 : « Une seule chose que je demande, c’est d’habiter dans la maison de celui qui est, c’est-à-dire de YAHWEH ».
Tous les peuples ont montré cette soif. Et jusque dans nos contrées, les hommes sont très sensibles au mystère du Temple, de la maison des esprits qu’on appelait « NzôBansita ».
Notre Foi chrétienne se base sur ce mystère de la maison de Dieu. Notre Foi chrétienne attend que se réalise ce mystère que Dieu lui-même a promis de réaliser. Le peuple de Dieu a été éduqué à accueillir ce mystère de l’habitation de Dieu parmi les hommes.
Après avoir reçu dans son cœur la parole, les commandements de Dieu, Moïse devint lumineux et rayonnant. La gloire de Dieu habitait en lui.
Quand il eut écrit cette parole sur de tables de pierre, ces pierres devinrent signes de la gloire de Yahweh.
Quand ces pierres furent gardées dans une Arche, l’Arche fut couverte de la gloire de Yahweh.
Quand cette Arche fut dans une tente, c’est la tente qui fut couverte du nuage de la gloire de Yahweh.
Mgr Émile Biayenda,
Homélie à la Consécration de l’Église de Saint-Pierre-Claver de Bacongo,
dimanche, 23 Avril 1972/p>
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