Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Nous devons toujours apprendre, aux Congolais, que suivre Jésus, appelle à un changement radical de vie »

Mes frères et sœurs dans le Christ, nous ne saurions verser dans de telles erreurs. Noël est la fête de l’événement qui consacre la divinisation de la nature humaine. Il signifie, à la fois, pour nous, naissance terrestre du Fils de Dieu, renaissance de l’homme dans le baptême et dans la vie chrétienne et renaissance du monde avec le nouvel Adam.

L’appartenance au « vieil homme » prend fin ; l’Enfant-Dieu inaugure l’appartenance à « l’homme nouveau », par le don de sa grâce et de l’Esprit. Ainsi la naissance de Jésus, à Bethléem, ouvre la voie de la régénération de l’homme et du monde.

En effet, Noël doit nous rappeler non seulement la naissance du Christ, mais l’œuvre divine entière restaurée par un nouveau dynamisme qui nous achemine à la manifestation totale du Seigneur, à la parousie.

Le Salut de tous

Les différents textes de cette fête nous orientent dans ce sens : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent, en hommes raisonnables, justes, religieux (rattachés à Dieu), pour attendre le bonheur que nous espérons avoir, quand se manifestera la gloire en Jésus-Christ, notre grand Dieu et sauveur » (It.2,11-12).

Tout comme les Bergers et les Mages, nous devons apprendre, à nos frères Congolais la Bonne Nouvelle : un Sauveur nous est né. C’est le verbe de Dieu, la vraie lumière qui éclaire tous les hommes, en venant en ce monde. Par lui et pour lui, le monde a été fait. Malheureusement, en venant chez les siens, tous ne l’ont pas reçu. Mais, à ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. (Jn.1,9-12(.

Notre mission : porter Jésus à nos frères

Si Hérode, les grands prêtres, les scribes et docteurs de la loi ignoraient, par manque d’information, la naissance du Christ, la plupart de nos contemporains, tout en connaissant le fait, se refusent à la grâce. Certains d’entre eux se sont donné mission d’assassiner, de tuer Dieu, Jésus dans leur cœur et dans celui des autres. Ils travaillent avec acharnement à enrayer les richesses du salut apporté à Noël.

Ainsi, tous les jours, entendons-nous dire par certains, comme à la Vierge Marie et à Saint Joseph : « Il n’y a pas de place pour vous, dans l’hôtellerie ». Pour ceux-là, il n’y a pas de place pour Dieu, pour la religion, pour l’Église dans de multiples milieux : la famille, l’école, le travail, la justice et tous les organismes nationaux et internationaux.

Nous nous retrouvons continuellement dans l’attitude de refus, d’inimitié qui a suivi le péché d’Adam et Ève : grand nombre de nos frères, « enfants de Dieu », nous les chrétiens, que se réalise, pour eux, la prophétie d’Isaïe : « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi... Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : Conseiller-Merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». (Is.62,1-5).

Aujourd’hui, plus que jamais, apparaît notre mission de « Lumière du monde » et de « Sel de la terre ». Le Christ est né pour nous racheter tous de toutes nos fautes et pour nous purifier, afin de faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. (Tt.2,14)

Le devoir d’Évangélisation

En cette nuit de Noël, nous vous invitons à revenir sur certains aspects de notre récent Message d’Owando (24.11.76). L’Évangélisation, l’annonce du Christ-Sauveur suppose, de notre part, un engagement de foi réel, dans tous nos milieux de vie. « Les uns et les autres, Baptisés, Religieux, Religieuses, Prêtres et Évêques, nous sommes invités à mieux témoigner du lien intime qui existe entre l’Évangélisation et l’Unification des hommes, dans les communautés chrétiennes et humaines. Pour nous, annoncer la Parole de Dieu signifie : nous engager réellement à vivre les vérités de notre foi en Jésus-Christ, à travailler à l’édification de l’unité Ecclésiale et Nationale ».

Noël instaure une nouvelle ère : « l’ère de la libération ». Dieu lui-même prend soin de préciser le genre de libération que nous apporte l’Enfant né de la Vierge Marie. « Tu lui donneras le nom de Jésus, dit-il à Saint Joseph, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». (Mth.1,21)

Beaucoup continuent à se méprendre sur la royauté de Jésus. Tout comme Hérode qui s’inquiétait pour son pouvoir et les Juifs qui cherchaient à se libérer du joug romain, ils ignorent le sens de la venue du Christ.

Voilà pourquoi, mes frères et sœurs en Christ, nous devons toujours nous rappeler et apprendre aux Congolais, que suivre le Christ, annoncer l’Évangile appelle à un «  changement radical de vie, à une conversion permanente  » de notre personne pour que naissent et vivent des « structures sociales plus humaines et plus justes, plus respectueuses des droits des individus, des structures moins oppressives et moins asservissantes ». (M.O.6).

Paix aux hommes de bonne volonté

Ce n’est qu’à ce prix que l’Église du Congo pourra dire comme les anges dans la nuit de Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». (Lc.2,14)

Nous devons, toujours et partout, être ces « hommes de bonne volonté », porteurs en eux de la paix de Dieu et faiseurs de cette paix dans les divers milieux de vie et d’apostolat où nous nous trouvons. Cette paix indispensable, pour que nous soyons à l’abri de tout esprit de parti et de division, dans l’Église et dans la nation.

Dans nos familles, aussi bien les familles restreintes composées par les parents et leurs enfants que dans les familles élargies, conformes aux normes ancestrales, dans nos paroisses, nos milieux de travail et autres, nous avons la mission d’apporter cette Paix de Noël, cette joie des retrouvailles avec le Créateur dont nous étions coupés par le péché.

Les diverses réunions pieuses que nous formons, les fraternités, confréries, archiconfréries, mouvements d’apostolat, Légion de Marie, chorales et autres structures où nous nous efforçons de cultiver notre foi, doivent devenir de foyers de charité, de regain de zèle apostolique, des écoles de partage de foi pour le bien de l’Église et de notre pays.

« Dans cette pensée, nous prions, nous aussi pour vous (L’Enfant Dieu) que nous célébrons cette nuit, afin qu’il vous rende dignes de son appel, qu’il mène à bonne fin, par sa puissance, toutes vos intentions de faire le bien et l’activité de votre foi ; de la sorte, son nom soit glorifié en vous, et vous en lui pour les siècles des siècles ». (2Thes.1,11-12).

Amen.

Cardinal Émile BIAYENDA
Message de Noël 1976

 


 
 
 
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