Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

vendredi 29 novembre 2024


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Je vous recommande notre apostolat, nos missionnaires, nos œuvres de séminaires et de Catéchistes, à votre prière, à votre générosité »

Monsieur le Curé,

Mes biens chers Frères et Sœurs,

Au nom de l’Église du Congo que je représente devant vous, au nom aussi de notre Saint Père le Pape Paul VI qui me l’a demandé, lors de notre audience, je vous adresse, le salut pascal du Christ : « Que la Paix du Seigneur soit toujours avec vous ! ».

Oui mes chers Frères,

Comme vous devez le sentir ou le deviner, je suis très heureux d’offrir, avec vous, au Père du ciel, le sacrifice du Christ qui sauve le monde et aussi de méditer avec vous, en ce dimanche de carême, le grand mystère de la foi de notre Baptême en Jésus Christ !

Au hasard des conversations, il m’est arrivé, souvent, d’entendre les gens me demander avec surprise : « Vous devez aimer beaucoup l’Alsace et la France, n’est ce pas ?... »

Et à Lyon, on me demandera pourquoi je m’attachais ainsi à la France !

Eh bien, oui, mes Frères, j’aime bien ce pays. Je m’y sens attaché. Et le contraire eût étonné le monde !

Oui, j’aime bien ce pays, non pas tant parce qu’il est beau, mais en communion fraternelle avec leur pays, avec leurs parents, avec leurs amis, avec leurs paroisses. Ça fait plaisir. Ils sont nombreux, les Missionnaires partis d’Alsace, pour apporter la Parole de Jésus jusque chez nous, au Congo : Je peux citer, entre autres :

- Mgr Paul Biéchy ;

- Le Révérend Père Flotat, qui repose à Neuf Granges et que j’ai visité hier ;

- Le Révérend Père Hartz Hules.

Parmi les vivants :

- Les Révérends Frères Laurent ; Séraphin ; Grossheny ; Bohn.

- Les Révérends Pères Gur ; Schaub ; Stoerkel Gross, Loos ; Zippert, etc.

- Les Révérendes Sœurs de Ribeauvillé qui se dévouent inlassablement à Ouenzé, à Mouléké, à Voka, à Madibou...

Tous ces fils et filles d’Alsace ont donné et donnent encore leur vie pour la Parole de Dieu, au Congo. Ils ont donné de leur vie pour enseigner la Foi et aussi l’écriture, la maçonnerie, le jardinage, l’élevage. Parce que c’est d’abord humain d’aimer un pays comme celui-ci, ensuite parce que c’est surtout chrétien de rester attaché à ce pays.

Je reste attaché à ce pays parce que c’est humain, dis-je. C’est normal, c’est bien d’entretenir des liens d’amitié avec la France, avec cette Alsace. En effet, d’ici sont partis ceux qui, hier et aujourd’hui, sont les porte-parole du Christ et de la Foi chrétienne que j’ai reçue. C’est un geste de reconnaissance, pour nous, de garder des liens d’amitié. Je crois que ces missionnaires se sentent heureux de voir que les natifs des pays qu’ils ont évangélisés restent attachés aux Fils et Filles du Congo comme le Père Charles Stoenkel. C’est donc normal qu’existent, entre le Congo et l’Alsace, des liens solides et profonds. (C’est normal et c’est humain à mon avis). Cela pourrait suffire que, de temps en temps, un fils du Congo passe ici et se sente chez lui ici : c’est normal, aux yeux de nous autres africains. La communion des Saints nous de mande, nous dicte cela, ainsi que la catholicité de notre Église. Mais, il y a encore autre chose de plus important qui doive nous lier : c’est la foi chrétienne. Oui, ce mystère si grand de la foi en Jésus. Ces missionnaires ont apporté la foi en Jésus, chez nous. (Je dis bien la Foi en Jésus, car nous avions la Foi en Dieu, de façon ferme, quoi qu’on en pense, nous croyons en Dieu, créateur et Père des hommes, de façon très sûre !). Les missionnaires venus de France nous ont donc apporté la Foi précise en Jésus Christ. Cette foi qu’ils avaient, eux-mêmes reçue de Lyon, de Palestine, cette Foi qui continue de se transmettre de pays en pays, de génération en génération.

Et cette Foi, qui est la vôtre, et qui est la nôtre, elle dit et proclame que tous les hommes doivent vivre en Frères, parce que tous (ils) n’ont qu’un seul Père, Dieu, notre créateur. Le fond de la Révélation chrétienne proclame que tous les hommes sont Frères, non pas en parole. Ils sont Frères de sang, peut on dire. Et cette foi donc que les Fils d’Alsace et de France sont venus proclamer chez nous, me donne et me demande de me sentir chez moi, au milieu des croyants que vous êtes et que je connais. Et chaque fois qu’elle m’est donnée de la faire, je crois que je dois me sentir au milieu de mes propres Frères chrétiens d’Alsace. Et c’est en nous considérant réellement « Frères » que le monde croira que nous sommes de Dieu. Oui, cette Fraternité chrétienne, c’est le signe que nous sommes du Christ. C’est cela cette Paix que Jésus nous a donnée et nous a laissée, c’est cela cette Paix que le monde ne peut pas donner. La paix du Christ, la plus ferme, la vraie, c’est celle qui est basée sur l’acceptation de cette Fraternité chrétienne. C’est cela la grande mission des chrétiens : enseigner à tous les Peuples à être vraiment Frères pour qu’en Jésus et par Jésus tous les peuples soient bénis.

Souhaits : que rien ne nous détourne de notre Foi en Jésus-Christ et de notre fierté d’être croyants.

- Les familles gardent l’esprit chrétien. En foyer, à Fréland, je partageais la vie d’une famille chrétienne.

- Que les jeunes, tout en se mettant à la hauteur des exigences de la vie moderne, respectent leurs parents et les traditions chrétiennes dont ils sont témoins à la maison fraternelle.

- La rencontre liturgique de ce soir se fait au cours de mon retour de Rome, pour mon Église d’Afrique du Diocèse de Brazzaville :

- Vous êtes les premiers à recevoir ma bénédiction de Cardinal.

- Je vous recommande notre apostolat, nos missionnaires, nos œuvres de séminaires et de catéchistes, à votre prière, à votre générosité et à toutes sortes d’assistantes que l’Esprit Saint peut susciter dans le cœur bon et généreux.

Nous aussi, en chrétienté, nous vous garderons cette même dette de reconnaissance.

Nous sommes en carême et demain c’est le dimanche laetare de la joie.

Puisse cette rencontre et cette présence parmi vous, responsable d’une Église d’Afrique, associé désormais, par la grâce de Dieu, à certains moments de grandes décisions de notre Saint Père le Pape, sur toute l’Église, nous faire prendre conscience de cette réalité qui est l’Église du Christ et garder notre Foi très ferme en l’Église du Christ confiée à Pierre, et nous dire aussi notre joie, à la pensée que la moisson semée, à la sueur de nos fronts et peu à peu levé.

- Apôtre de cœur comme Sainte Thérèse ;

- Apôtre d’action, même si l’on ne va pas au loin ;

- Apôtre là où le Seigneur nous a placés, dans la fonction que nous trouvons, je vous souhaite cela de tout cœur.

Émile Cardinal BIAYENDA,
Homélie du 4ème Dimanche de Carême (B)
à Strasbourg, le 31 Mars 1973

 




 
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