vendredi 1er novembre 2024
L’évêque campé au centre de l’Église et de la communauté chrétienne a autour de lui un corps de ministres sacrés, constituant le Presbytérium, dont l’accord et l’entente sont comparés à ceux des cordes de la lyre : « Votre vénérable Presbytèrium vraiment digne de Dieu est uni à l’évêque comme les cordes à la lyre et c’est ainsi que du parfait accord de vos sentiments et votre charité, s’élève vers Jésus-Christ un concert de louanges » (Ephès. IV,2).
Saint Ignace nous communique dans sa correspondance les trois ordres hiérarchiques de l’Église de son temps en précisant bien la place et la charge de chaque ordre au sein de cette hiérarchie : « L’Évêque tient la place de Dieu, les presbytres représentent le sénat des apôtres, les diacres sont chargés du service de Jésus-Christ » (Magnes. VI, 1). « On doit suivre l’évêque comme Jésus, son Père ; le presbyterium comme les apôtres et vénérer les diacres comme la loi de Dieu » (Smyr. VIII, 1).
Le presbyterium et les diacres ont le devoir d’encourager et de consoler leur évêque « pour la gloire du Père, de Jésus et des apôtres » (Trall. XII, 2).
L’Évêque est le promoteur, la source d’énergie de vie spirituelle, le premier responsable de tout apostolat dans son Église. Aussi à trois groupes différents de chrétiens, Saint Ignace demande de ne rien faire sans l’évêque » (Phil. VII, 2)
- de ne rien faire sans l’évêque et les presbytres, s’adressant aux Magnésiens, car « de même que le Seigneur, soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père, avec lequel il n’est qu’un, ne faites rien, vous non plus, en dehors de l’Évêque et des presbytres » (Mag. VII, 2)
- de ne rien faire sans l’évêque, les presbytres et les diacres, recommande-t-il enfin à la communauté de Tralles, car « quiconque est à l’intérieur du sanctuaire, est pur, et quiconque est en dehors du sanctuaire, est impur : ce qui veut dire que quiconque agit en dehors de l’évêque, du présbyterium et des diacres, celui-là n’a pas une conscience pure » (Trall. VII, 2). « Agir à l’insu de l’évêque, c’est servir le diable », déclare-t-il aux Smyrniotes (Smyr. I, 1).
La soumission à l’évêque est une des conditions de la sanctification : « afin que, unis dans une même obéissance, soumis à l’évêque (et au presbyterium) vous soyez pleinement sanctifiés » (Ephès. II, 2) et de la soumission à Dieu : « Gardons-nous donc de résister à l’évêque, si nous voulons rester soumis à Dieu » (Ephès. V, 3).
Aux mêmes destinataires est demandé de n’avoir avec leur évêque qu’une seule et même pensée : « Vous ne devez donc avoir avec votre évêque qu’une seule et même pensée » (Ephès. IV, 1). Le presbyterium uni à l’évêque comme les cordes à la lyre et du parfait accord des sentiments et de la charité des Éphésiens s’élève vers Jésus-Christ un concert de louange.
Pratiquement les rapports du chrétien avec Dieu doivent tenir toujours compte de l’évêque : « Une excellente maxime, c’est d’avoir toujours en vue Dieu et l’évêque » (Smyr. IX, 1). Tromper l’évêque, c’est tenter de mentir à Dieu : « car en trompant l’évêque visible, c’est à l’évêque invisible qu’on tente de mentir ; dans ce cas-là, ce n’est pas à la chair qu’on tente de mentir ; dans ce cas-là, ce n’est pas à la chair qu’on a affaire, mais à Dieu qui connaît les choses cachées » (Magnes. III, 2). En écrivant ceci, Saint Ignace devait se rappeler l’apôtre Pierre disant à Ananie contre son mensonge : « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu mentes à l’Esprit-Saint » (Act. V, 3 ).
Enfin, cet ensemble de comportements et d’attitudes doit reposer sur des motifs non plus humains, mais surnaturels de foi : « La jeunesse de votre évêque ne doit pas être pour vous le prétexte d’une trop grande familiarité ; c’est la puissance même de Dieu le Père que vous devez pleinement révérer en lui » (Magnes. III, 1).
Il faut craindre l’évêque et le regarder comme le Seigneur lui-même, car « tout intendant envoyé par le Maître pour gouverner sa maison, doit être accueilli comme celui-là qui l’a envoyé » (Ephès. VI, 1)....?
Extrait du texte : « L’Évêque dans l’Église »
de l’Abbé Émile BIAYENDA,
Lyon 1967
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